mercredi 4 décembre 2019

"Car la nuit s'approche"

Anna Enquist, poète et romancière, a suivi une formation de psychothérapeute et aussi de pianiste concertiste. Ses romans portent des traces de son identité professionnelle. Dans le précédent roman, "Quatuor" dont "Car la nuit s'approche" est la suite, le lecteur(trice) retrouve les quatre musiciens de ce quatuor exquis. Mais, ils ont subi une agression violente à bord d'une péniche par un prisonnier évadé. Les quatre amis intimes, fous de musique classique, se sont dispersés après cet événement dramatique. Leurs liens amicaux se sont distendus et rompus. Chacun essaie de trouver un remède à leur traumatisme, provoqué par l'agression. Caroline, médecin ne se remet pas de cette crise et tente de surmonter sa dépression. Elle a perdu l'usage de son pouce, ce qui l'empêche de jouer du violon. Son mari, Jochem, victime collatérale du quatuor amical, ne pense plus qu'à se protéger et ses préoccupations sécuritaires amplifient la mésentente au sein du couple. Hugo a choisi de s'exiler en Chine pour organiser des festivals culturels afin de créer des échanges artistiques entre Orient et Occident. Caroline n'a plus de nouvelles des autres comparses. Le roman se focalise sur ce personnage. Elle part en Chine pour rejoindre Hugo dans son travail et rencontre Max, un médecin américain, pédiatre et humanitaire, qui mène une enquête sur les orphelinats du pays. Celui-ci l'entraîne dans sa mission et Caroline prend conscience de son impuissance face à la situation de ces enfants maltraités. Elle noue une relation amoureuse avec cet homme paradoxal, généreux avec les autres et mesquin avec sa famille. Il fuit son propre fils handicapé. Caroline se rend compte de son erreur et retourne chez elle pour affronter le procès concernant leur agresseur. Sa reconstruction va ainsi pouvoir vraiment démarrer : va-t-elle reprendre son travail de médecin ? Renouer des liens avec ses anciens amis ? Quitter son mari ? Devant les choix qui s'offrent à elle, Caroline dénouera enfin les nœuds de son mal-être… Ce beau et profond roman peut se lire même si on ne connait pas "Quatuor" mais il est préférable de le lire.  Anna Enquist, cette écrivaine néerlandaise, ne déçoit jamais ses lecteurs(trices). Preuve à l'appui, j'ai lu et aimé tous ses romans...