lundi 13 novembre 2017

Atelier Lectures, 4 : Milan Kundera

Pour résumer en quelques lignes certains aspects de l'univers de Milan Kundera, il vaut mieux lire les critiques littéraires et universitaires qui ont analysé, décrypté, décortiqué les œuvres de l'écrivain. A mon échelle plus que modeste, la "fiction pensive" de Milan Kundera n'est pas toujours facile à présenter. Je préfère donc m'appuyer sur quelques citations, soulignées dans mes lectures. L'auteur, immense lecteur lui-même,  a  théorisé dans "L'art du roman",  la puissance de la fiction, une invention libératrice, symbole du monde européen. "Le roman n'est pas une confession de l'auteur, mais une exploration de ce qui est la vie humaine dans le piège qu'est devenu le monde", écrit-il dans "L'insoutenable légèreté de l'être". En marge de ses idées plus générales, il dénonce par exemple, le bruit, cette "laideur acoustique", "un processus planétaire" quand la musique de divertissement règne partout dans les restaurants comme dans les magasins sans parler du bruissement continue de nos véhicules à deux roues, à quatre roues et compagnie. Un concept m'a beaucoup éclairée sur les illusions de la politique : la notion de kitsch. L'écrivain a montré, voire démontré dans ses premiers ouvrages des années 70, les dégâts du totalitarisme sur l'individu, en relatant avec un humour corrosif, ses propres errements dans la pensée communiste. "Le kitsch, par essence, est la négation absolue de la merde ; au sens littéral comme au sens figuré. Le kitsch exclut de son champ de vision tout ce que l'existence humaine a d'essentiellement inacceptable." Ce phénomène social et politique concerne toutes les idéologies mortifères qui génèrent l'intolérance et le fanatisme. Et ce kitsch, on peut aussi le trouver dans les sectaires de tous genres qui ne voient que leur propre vérité ou dans l'amour romantique faussé qu'il baptise "idylle"... L'écrivain se méfie des enthousiastes, des lyriques, des excessifs, des béats. Dans l'œuvre kunderienne, prévalent la lucidité, l'esprit critique, le sens de la liberté, l'humour grinçant, l'ironie distante, voire un pessimisme jouissif. J'avoue que, avec les années cumulées, j'apprécie davantage ses digressions philosophiques alors que je m'attachais davantage aux personnages et à leurs aventures avortées dans le maelstrom de l'Histoire. J'attends encore sa consécration quand il obtiendra le Prix Nobel de Littérature... Ces Suédois n'ont pas beaucoup d'imagination... Pour me consoler de cette injustice, j'ai "mon" Milan Kundera dans la collection de la Pléiade...