mardi 1 octobre 2013

Rubrique cinéma

Evidemment, j'attendais avec gourmandise le dernier film de Woody Allen, "Blue Jasmine", qui est sorti mercredi dernier. Comme souvent avec Woody Allen, le charme opère et je suis sortie de la séance avec des questions et des interrogations existentielles. J'ai lu des critiques positives unanimes. Servie par une actrice mythique, venue d'Australie, Cate Blanchett, le film raconte l'histoire d'une femme riche, très riche, d'une insupportable vacuité et vanité, possédant un sentiment de classe, snob et détestable. Mais sa vie de femme idéale, d'une beauté froide bascule dans le dénuement le plus complet. Elle se refugie chez sa sœur, adoptée comme elle. Le film est construit entre présent et passé. L'humour grinçant de Woody Allen repose sur la confrontation des milieux sociaux, celui de Jasmine, un monde à part, doré et distingué, futile et vain, méprisant et insolent, un univers d'imposteurs et de parvenus. Royale et mondaine, cette femme ne voit rien venir, ne peut même pas imaginer les turpitudes de son mari, ni l'origine de sa richesse à la "Madof". Cette naïveté semble confondante, stupéfiante. Elle vit dans sa bulle confortable et douillette, un univers parallèle, virtuel. Dans son présent de femme déclassée, elle traverse avec angoisse l'univers de sa sœur, populaire, prolétaire, loin du confort matériel et social. Peut-être pour le cinéaste, une vie authentique, simple et moins superficielle que celle de Jasmine. Notre héroïne va tenter de se reconstruire, loin du milieu "vulgaire et brutal" de sa sœur. Elle accepte à contrecœur un travail dans un cabinet dentaire et entreprend une formation en informatique. Une collègue l'invite dans une soirée où elle rencontre un homme raffiné, riche et disponible. Jasmine se lie à cet homme sans lui dévoiler son passé désastreux. Va-t-elle enfin reconquérir sa place dans sa classe supérieure ? Pile ou face, allez voir ce film troublant, sérieux et ironique, et surtout émouvant. Cette femme perdue, infantile et immature reste digne dans sa nouvelle vie de misère. Sa dérive et sa défaite en font une victime touchante et quand Woody Allen la film dans son délire verbal, sa solitude la rend poignante d'humanité...