mardi 21 septembre 2021

Escapade sicilienne, Masseria sul Mare

 Quand j'ai quitté Syracuse pour rejoindre la Sicile baroque du Sud, j'ai pris la route d'Avola et en apercevant un cimetière isolée de la petite ville côtière, je me suis arrêtée pour le visiter. J'avais remarqué la coutume des affichettes sur les maisons ou sur des panneaux municipaux concernant les défunts. Ce rite collectif était l'apanage du garde champêtre mais l'imprimerie a remplacé la voix et cette forme d'avis se nomme "il manifesto di lutto". Tout le monde ne lit pas la nécrologie dans les journaux. L'annonce des décès concerne aussi les remerciements de la famille. Ce souci des disparus montre la cohésion d'une société souvent rurale car les villageois se connaissent et se rencontrent sur les places et entretiennent des relations de voisinage. L'image des morts se retrouvent aussi sur les tombeaux souvent somptueux que j'ai remarqué à Avola. Des temples accueillent les plus riches et même les familles modestes soignent avec amour leurs disparus. Des générations se retrouvent sur les médaillons installés sur les parois des tombes et ces familles entières avec des photos anciennes forment des généalogies très émouvantes. La religion catholique conserve encore en Italie une grande influence. Après cet arrêt non prévu, je suis arrivée à Masseria sul Mare. Intégrée dans un parc naturel protégé, la ferme ancienne appartient au phénomène de l'agriturismo, un hébergement plus authentique que les hôtels de bord de mer, souvent bruyants. J'avais réservé une maisonnette sans télévision, ni internet mais vue sur la mer et cet îlot de silence ressemblait à un petit paradis. La mer ionienne était située à 300 mètres et j'ai profité de cette pause avec une véritable délectation. Le matin, je me suis baladée sur la falaise face à la mer et j'avais la sensation de me retrouver sur une autre planète. Les mouettes se posaient sur un rocher et une aigrette solitaire a rejoint la petite colonie des volatiles siciliens. De Masseria où je suis restée deux jours, j'ai visité Noto, un bijou d'architecture baroque. En 1693, un terrible tremblement de terre a secoué la Sicile orientale, anéantissant des villes, reconstruites au XVIIIe. J'ai donc arpenté cette ville "nouvelle" avec sa Cathédrale San Nicolo, le Palazzo Ducezio, le Museo Civico, le théâtre municipal et des églises d'un baroque éclatant. Noto ressemble à un immense théâtre à ciel ouvert et  la lumière du jour diffusait des reflets dorés grâce à la pierre blonde. En retournant à Masseria sul Mare, j'ai retrouvé mon espace naturel avec bonheur, tellement j'aimais le silence de ce lieu. J'ai pris ma baignade de l'année sur la plage sauvage de la propriété... Un moment inoubliable !