vendredi 10 avril 2015

Littérature au féminin, 2

La troisième séance était consacrée à Colette (1873-1954). Elle s'est mariée trois fois : à 20 ans, à 32 ans  (elle a une fille, Gazou) et à 62 ans... Daniel s'est appuyé sur la biographie très bien écrite d'Hortense Dufour et nous a conseillé deux ouvrages de Colette : "Le blé en herbe" et "La naissance du jour". J'avoue que je n'ai pas eu le temps de relire les deux titres car j'ai préféré relire Yourcenar et Sarraute... J'ai pourtant hérité des Pléiades de ma mère qui adorait cette femme audacieuse dans sa façon de vivre (danseuse de cabaret, nombreux amants et amantes). Colette représente une conception "naturaliste" de la littérature. Elle a décrit à merveille la nature, la campagne, les chats, les fleurs, les arbres : tout un univers naturel, plus près du XIXe siècle que du XXe. Dans le dossier documentaire sur Colette, Daniel la décrit comme une "écolière espiègle, à l'imagination aussi fantasque que fertile, un écrivain au style savoureux et poétique, une danseuse impudique et scandaleuse." Femme terrienne, attachée à sa Bourgogne natale, elle est toujours restée fidèle à sa famille et surtout à sa mère, Sido. Ce cours m'a redonné envie de lire quelques pages de "La naissance du jour", un récit autobiographique "à l'automne de sa vie" où elle avoue qu'il "va falloir vivre sans que ma vie et ma mort dépendent de l'amour. J'y arrive, c'est prodigieux." Ce livre bilan mérite le détour, même si on considère son œuvre, vieillotte, archaïque, dépassée, démodée comme un sous-Mauriac féminin sans les affres de la religion ou comme un sous-Giono paysan sans le tellurisme stylistique. Colette fait partie, à juste titre, de notre patrimoine littéraire français et les femmes écrivains sont tellement minoritaires dans ce monde des lettres, dominé par les hommes, qu'il ne faut pas les oublier. Notre professeur a donc réussi à "réhabiliter" Colette, un auteur classique accessible à tous, proche, familière, intimiste dont la vie et l'œuvre se télescopent sans cesse. Daniel nous a rappelé qu'à sa mort, en 1954, la République lui fait des funérailles officielles et l'entrée de l'église lui fut interdite...