jeudi 28 juin 2018

Hommage à Philip Roth

J'étais à Copenhague quand j'ai appris la mort de Philip Roth (il avait 85 ans) en regardant les alertes sur mon téléphone. J'ai ressenti une grande tristesse car les écrivains qui meurent, ce sont des mondes qui meurent. Le monde de Philip Roth, je l'ai donc habité pendant de longues années depuis la parution de ses premiers romans dans les années 70. J'avoue que je préfère ses œuvres écrites dans les années 90, en particulier la trilogie américaine : "Pastorale américaine" en 1997 sur la guerre du Vietnam, "J'ai épousé un communiste" sur le maccarthisme et "La Tâche" sur le racisme. Ce portrait de l'Amérique lui a valu une immense consécration de la part des lecteurs admiratifs jusqu'à la publication de ses romans dans la prestigieuse collection de la Pléiade. Dans la revue "Le Un" qui a publié un numéro spécial sur l'écrivain, Eric Fottorino évoque les thèmes de son œuvre : "Philip Roth est-il un "complot contre l'Amérique" ? Oui, assurément, si on accepte que la littérature soit ce cocktail explosif de mots qui vous saute à la figure et fait trembler tout un pays et ses élites bien-pensantes. La bêtise à front bas, les hypocrisies sociales, le politiquement correct, le rêve américain qu'il retournait comme un gant pour en révéler chaque déchirure". Sa biographie semble rythmée par l'écriture : des nouvelles, vingt-six romans et des essais. Il a enseigné la littérature dans diverses universités et a dirigé une collection littéraire chez un éditeur. Il a en fait vécu une vie d'écrivain et François Busnel précise qu'il fuyait les mondanités et les interviews. Pour lui, l'œuvre seule comptait. Pour la communauté juive américaine, il était considéré comme un enfant terrible. Les femmes parfois décrites sans concession dans ses livres lui ont valu une réputation de misogyne. Il semble même que le prix Nobel ne l'ait pas nommé pour ces raisons. Au fond, Philip Roth cultivait la liberté de penser avec une ironie piquante, une impertinence ravageuse, un humour cinglant.  Il rejoignait la belle communauté littéraire des écrivains majeurs comme Kafka, Flaubert, Milan Kundera. Pour découvrir Philip Roth, il faut lire la trilogie américaine, le très beau et émouvant "Patrimoine", un portrait de son père vieillissant, "Un homme" sur l'intrusion de la maladie, et surtout "Némésis", son dernier roman, la tragédie humaine. Je pense à la phrase de Proust : 'La vraie vie (…) la seule vie réellement vécue, c'est la littérature". Philip Roth ou la littérature incarnée… 

mercredi 27 juin 2018

"Faire mouche"

 Le roman de Vincent Almendros, "Faire mouche" se lit d'une traite. Edité chez Minuit en janvier, il a déjà fait l'objet d'un article élogieux dans le Monde des Livres. Ce troisième roman consacre le quadragénaire d'Avignon, professeur de français dans le civil. Le personnage central s'appelle Laurent. Il retourne dans son village pour assister au mariage de sa cousine et son épouse Constance l'accompagne. Sauf que pour lui, c'est Claire, sa colocataire. Constance a disparu, l'a quitté ou s'est disputée avec lui. Sa mère l'accueille fraîchement pour des raisons non expliquées. Elle manifeste une curiosité quelque peu rustique pour cette Constance qu'elle n'avait jamais rencontrée. La rupture avec ce fils ingrat semble irrémédiable. Les silences de cette famille alourdissent le roman avec des dialogues d'une banalité récurrente. L'écrivain compose le récit avec un effet minimaliste amplifiant les incompréhensions entre les membres de cette famille décomposée. L'écrivain dépose les petits cailloux de la révélation finale au fil des pages. La mère aurait peut-être empoisonnée son mari pour vivre avec le frère de celui-ci. Dans ce milieu rural et rude, les émotions ne se partagent pas. Chaque  personnage se mure dans une solitude glaciale et cache des secrets de familles. La mise en scène des repas représente les seuls moments où les discussions se heurtent à la vérité des sentiments. Personne ne s'aime dans ce village maudit. La rusticité culinaire (langue de bœuf et lapin écorché) de la mère dévoile son manque total d'empathie. Les détails de ce quotidien moisi dans un espace rural moribond produisent un malaise palpable et Laurent qui nous semblait un homme normal, en butte à l'hostilité familiale, bascule dans une réalité horrible à la fin du roman. Tout s'éclaire en une seule phrase et le lecteur(trice) en reste tout ahuri(e). Dans l'article du Monde, Vincent Almendros évoque ses écrivains préférés : Jean Echenoz, Tanguy Viel, Christian Oster (tous édités aux Editions de Minuit) et il ajoute Patrick Modiano : "J'aime les errances, les incertitudes, les livres qui ne sont pas explicatifs, où le lecteur a une part active". Cet écrivain de l'écurie Minuit a écrit un thriller original, bref, percutant et perturbant...

mardi 26 juin 2018

Rubrique cinéma

Le titre du film du cinéaste argentin, Sébastian Lelio, "Désobeissance", résume à merveille l'histoire de Ronit, une photographe anglaise, exilée à New York. Quand elle apprend la mort de son père, un rabbin de la communauté juive orthodoxe, elle revient à Londres pour assister aux funérailles. Pourtant, ce saint homme, très apprécié de ses fervents religieux, avait répudié sa fille. Ronit est aujourd'hui une femme libre, indépendante et détachée de ses origines. Elle ne se sent pas la bienvenue même si David, le jeune rabbin, fils spirituel du "Rav", l'accueille avec sa jeune femme, Esti. Cette jeune femme effacée et soumise aux traditions de sa religion semble bouleversée par la venue de Ronit. En fait, elle a aimé cette femme dans le passé et leur passion mutuelle ne s'est pas éteinte. Les deux femmes se cachent dans les rues pour se parler et se retrouver malgré leur amour interdit dans ce milieu ultra fermé et rigide sur les mœurs. La réprobation de la communauté pèse sur la conscience d'Esti, qui n'est pas prête à se libérer de ce joug moral. Esti représente la femme sacrifiée et son mari, la Loi archaïque et éternelle de la religion. Ronit affronte les hommes du clan avec une liberté insolente. Elle apprend que son père l'a déshéritée au bénéfice de la synagogue. Quand elle visite la maison familiale, elle ne prend aucun objet pour ne pas se souvenir de lui. Ronit et Esti finissent par s'aimer dans une chambre d'hôtel. Esti avoue à son mari l'amour qu'elle éprouve pour Ronit. Sebastian Lelio filme ce trio avec justesse et délicatesse en évitant la mièvrerie. Chaque personnage va en fait se libérer et devenir eux-mêmes. Le jeune rabbin pense avoir retrouvé sa femme quand elle lui apprend sa grossesse. Mais, elle se sépare de son mari. Ronit repart à New York sans Esti. Le jeune rabbin renonce à la succession du Rav, un rôle écrasant pour lui. La fin du film reste ouverte : Ronit et Esti vont peut-être se retrouver, le jeune rabbin deviendra un bon père et un ami dévoué. Les deux jeunes femmes jettent les chaînes des traditions misogynes de ces communautés religieuses figées. Ronit se rend sur la tombe de son père et photographie sa tombe comme un dernier clin d'œil sur cette relation ratée. Un très bon film original, sensible et émouvant...

lundi 25 juin 2018

La librairie d'Emmaüs

Jeudi dernier, je me suis rendue à Emmaüs, à la Motte-Servolex pour donner divers objets dont je n'ai plus l'utilisation. J'aime bien ranger ma maison quand l'été arrive, un rite annuel que je respecte toujours. Il paraît qu'il faut se débarrasser de tous les objets non utilisés depuis cinq ans… Les livres font partie de ce besoin que j'éprouve et je les offre ainsi à d'autres lecteurs potentiels. Je trie donc mes ouvrages de la façon suivante : vais-je les relire ou pas ? A part les livres d'art, les Pléiades, les guides de voyage et tous mes écrivains préférés (cela fait déjà beaucoup trop !), je donne ! Je dépose souvent quelques livres dans la bibliothèque-armoire que la Médiathèque de la Motte-Servolex a mis à la disposition des lecteurs. Cette opération de livres nomades se généralise dans les villes et j'ai rencontré récemment une jolie boîte à livres à Besançon où les conseils me semblaient bien pertinents : "Déposez, empruntez, lisez, conservez ou rapportez un livre dans cette boîte ou dans une autre". Cette initiative de la ville bisontine associe les associations de quartiers. J'apprécie beaucoup la présence gratuite des livres dans la ville et toute une sociologie des habitants se dessine à travers leurs lectures. J'ai remarqué un ouvrage sur la linguistique et je m'imaginais une ex-étudiante des années 70 comme moi, contrainte à l'étude du latin et de la linguistique, deux disciplines obligatoires pour obtenir une licence de lettres modernes. Quand je vais à la Médiathèque de Chambéry, je n'oublie jamais de vérifier dans le meuble dédié aux dons des livres, les arrivages du moment. Ce partage entre lecteurs ne concurrence en aucun cas les emprunts et les achats de documents en librairie. On ne trouve presque jamais des nouveautés ou des œuvres exigeantes (aucun Philip Roth par exemple)… Dans ma visite à Emmaüs, j'ai farfouillé dans les rayonnages en notant un meilleur agencement dans l'espace des livres et je suis repartie avec quelques ouvrages : un roman de Philippe Sollers, "Le journal atrabilaire" de Jean Clair, "Le siècle des intellectuels" de Michel Winock et un très beau livre d'art sur la Renaissance, publié chez Hachette avec une reliure originale, un Folio, "L'Œuvre au noir" de Marguerite Yourcenar et ce lot pour vingt euros ! Ma passion des livres m'habite sans cesse et même si je vide parfois ma bibliothèque, je la remplis aussitôt avec ces "doux et si silencieux compagnons" ! 

vendredi 22 juin 2018

"De mieux en mieux et de pire en pire"

Pierre-Henri Tavoillot, l'auteur de l'essai, "De mieux en mieux et de pire en pire", édité en 2017 chez Odile Jacob, enseigne la philosophie à la Sorbonne et préside le Collège de Philosophie. Il reprend un constat récurrent dans l'actualité : tout va de plus en plus mal ou tout va de mieux en mieux... Entre les optimistes béats et les pessimistes apeurés, de quel côté vont mes pensées ? J'ai donc lu cet ouvrage clair et précis avec un très grand intérêt. La première partie du livre se découpe en chapitres s'intitulant ainsi : le crépuscule de l'autorité, les peurs, la santé, la justice, la culture générale, la laïcité. La deuxième partie évoque les "dilemmes d'une société d'individus" avec les thèmes de la violence, du travail ("Pourquoi travailler ? Pour grandir encore"), du vieillissement ("Pourquoi vieillir ? Pour apprendre encore)", du féminin. La troisième partie parle de "Panne de civilisation" en revenant sur l'humanisme ("Un programme à réaliser, exigeant, difficile et complexe"), les idéologies ("Néolibéralisme, fondamentalisme, écologisme, indignationnisme"), le terrorisme et l'Europe. Certains sujets m'ont plus accrochée que d'autres en particulier, la question de la culture générale qui a disparu des préoccupations de nos contemporains.  Les chapitres sur le féminisme, sur le bien vieillir et sur les idéologies se révèlent passionnants et établissent une synthèse claire, intelligente et cultivée. Pour résumer les idées de Pierre-Henri Tavoillot, il faut lire la conclusion car il propose des aphorismes courts et percutants. Il met en avant, avec lucidité et clairvoyance, le thème de l'âge adulte : "Pris entre le culte de l'enfance, le jeunisme des esprits et l'âgisme des artères, nous avons presque renoncé à percevoir en positif cet âge de la vie. (...) Il est le seul qui nous permette d'apprivoiser le monde pour le comprendre et pour y vivre". Il écrit aussi un éloge de la philosophie tout au long des pages et évidemment, nous conseille de la pratiquer à tous les moments de sa vie... Cet ouvrage-bilan aborde des questions que tout(e) citoyen(ne) éclairé(e) se pose sans cesse. Il ne jamais renoncer à la connaissance, au savoir et à la réflexion, assumer son âge en toute sérénité et toujours s'améliorer, dirait Sénèque : "Tant que tu vis, tant que cela t'est permis, améliore-toi"...

jeudi 21 juin 2018

"Terres promises"

J'ai emprunté à la médiathèque le dernier roman de Milena Angus, "Terres promises". Le titre me semblait alléchant et je connaissais le talent littéraire de Milena Angus dont certains livres ("Mal de pierres", "Battement d'ailes") avaient été évoqués dans l'atelier lectures. En plus, je venais de lire un reportage sur elle dans la revue Lire de juin. Cette femme écrivain italienne raconte avec un charme certain des histoires qui se passent sous le soleil ardent de la Sardaigne. Dans son huitième roman, "Terres promises", publié aux éditions Liana Levi, Milena Angus écrit une saga familiale en 174 pages, un record de concision quand on pense aux quatre tomes d'Elena Ferrante. Raffaele quitte sa terre natale pour Gênes en tant que marin. Ce goût de l'ailleurs le mène plus tard à Milan, une "terre promise" d'un nombre considérable d'Italiens du Sud. Sa femme Ester l'accompagne. Il a trouvé du travail dans cette ville du Nord, froide et industrieuse. Mais son épouse s'ennuie et se sent déracinée. Elle oblige son mari à retrouver Cagliari. Leur fille Felicita, un peu potelée, tombe amoureuse d'un fils de famille qui, lui, ne l'aime pas. Elle donne naissance à Gregorio et elle l'élève seule. Felicita se raccroche au Parti communiste pour un espoir d'un monde meilleur. Son fils Gregorio se passionne pour la musique et joue du piano avec un génie intuitif. Dans ce petit monde de personnages en quête de bonheur, le rêve tient une place importante. La terre promise ressemble à ce bonheur inaccessible que chacun aspire à vivre. Le jeune Gregorio parviendra à rejoindre New York pour devenir musicien de jazz. Felicita rencontre par hasard un homme sur la plage et ils vont peut-être s'aimer, encore une "terre promise" symbolique. Milena Angus écrit comme un peintre pointilliste, par petites touches qui semblent légères mais qui résonnent fort. Chaque personnage se bricole son projet individuel sans tenir compte des contraintes familiales. Ce roman révèle une certaine vérité : la terre promise est un mensonge séduisant, un doux rêve tellement humain… La musique mélancolique de Milena Angus agit à travers ses personnages fragilisés par la maladie, le manque d'amour et la difficulté de vivre. Un roman subtil et d'un goût italien irrésistible.

mardi 19 juin 2018

Escapade basque, 4

Après Urdax, j'ai pris la direction de Saint-Jean-de-Luz, petite cité portuaire d'une beauté presque trop discrète. Chasseurs de baleine, pêcheurs de thon et de sardines, les Luziens ont toujours été des Basques intrépides et indomptables. Biarritz, la mondaine cosmopolite, attire beaucoup de touristes, mais, sa voisine ne se positionne pas en rivale car, elle préfère rester autour de ses digues protectrices (des raz de marée ont dévasté la ville au XVIIe et au XVIII) et de sa plage en forme de coquille Saint-Jacques. Le port de pêche constitue l'identité de la cité avec ses bateaux en bois, peints de couleurs vives. Une activité réelle anime ce port qui n'est pas un décor pour les touristes. J'ai visité la très belle église Saint-Jean-Baptiste où a eu lieu le mariage de Louis XIV avec Marie Thérèse d'Autriche en 1660. Un retable du XVIIe, l'un des plus beaux du Pays basque, se compose d'une dizaine de statues en bois doré entre des colonnes torsadées. J'ai assisté en 2016 à un concert inoubliable de Jaroussky dans cette église magnifique et je reviens toujours faire un "pélerinage" culturel quand je me retrouve à Saint-Jean de Luz. Le front de mer s'étire devant la plage et on remarque les passerelles qui permettent d'accéder aux maisons, aux hôtels art déco et aux pensions diverses. Aucun visiteur ne peut quitter la cité portuaire sans faire une pause gourmande chez Adam. Ce pâtissier basque avait régalé le roi Louis XIV avec son macaron d'une subtilité et d'un goût incomparables. Ce biscuit en pâte d'amande représente le symbole luzien d'une tradition bien sympathique. La culture basque se vit quotidiennement par une grande majorité d'habitants. Si j'avais aimé le sport, j'aurais choisi la pelote car tous les villages ont un fronton et le surf, évidemment. Si j'avais aimé la randonnée, les montagnes  basques se prêtent à des escalades merveilleuses. Dans ma jeunesse, je marchais sur les crêtes de la Rhune et des Trois-Couronnes où je croisais des pottoks sauvages, des aigles et des vaches en liberté. Comme je suis gourmande, la cuisine basque ne peut que me plaire. Ma mère concoctait des plats typiques du pays : des piballes l'hiver, du foie gras, du merlu à la koskerra, des palombes l'automne, du thon rouge à la tomate, des chipirons, et du gâteau basque en dessert. Je me suis baignée dès mon enfance dans cette atmosphère basco-béarnaise-hispano-française et cette richesse multi-régionale m'a enracinée en Côte basque !

lundi 18 juin 2018

Escapade basque, 3

Je ne manque jamais une escapade en Espagne quand je séjourne dans mon pays. Je ne devrais pas dire Espagne mais Pays basque espagnol. Sans proclamer en aucun cas une idée indépendantiste (je suis pour l'unité des nations…), il ne faut pas oublier les chiffres 4 plus 3 = 1, slogan politique tagué dans les rues du pays pour réclamer l'unification du Pays basque. Les sept provinces dont quatre en Espagne partagent la même langue, le basque dont les origines demeurent un mystère total. Avant de traverser la frontière du côté de Dancharia, je me suis arrêtée à Espelette, le fameux village qui vit au rythme du piment que l'on retrouve partout : sur les façades des maisons, sur les étals des boutiques, dans les plats des restaurants, dans les magasins de souvenirs. Même le chocolat se fabrique avec du piment… Je ne reconnais plus l'Espelette des années 80, tellement le village s'est métamorphosé en magasin géant où le petit légume piquant ou doux se décline partout sous toutes les formes : en guirlande, en gelée, en poudre, en confiture et en chocolat ! Ce lieu dorénavant "pimentisé" symbolise une grande réussite commerciale et se traverse avec une halte pour un achat incontestable : du piment pour épicer les plats de l'été ! Après Espelette, le village d'Ainhoa a reçu le label des plus beaux villages de France. Son église présente comme toutes les églises basques des galeries en bois car femmes et hommes étaient séparés pendant l'office. Le cimetière qui s'enroule autour de l'édifice possède des stèles discoïdales (hilarri ou pierre des morts) sur lesquelles sont gravés les symboles du métier des défunts et évidemment, la croix basque. Ainhoa respire un air profondément ancré dans le paysage basque. Plus loin, la frontière espagnole apparaît avec ses célèbres "ventas" à Dancharia où l'on trouve un bazar considérable d'objets de toutes sortes et de magasins d'alimentation. Une visite dans une venta appartient au folklore touristique, mais parfois, il faut bien s'amuser en respectant ce rite coutumier… J'ai déjeuné à Urdax en Navarre dans un restaurant rustico-traditionnel délicieux : des nappes blanches sur les tables, un mobilier basque d'un noir d'encre, des têtes de cerf sur les murs, des peintures naïves, et un calme appréciable (sans télé, ni musique). Le repas (des côtelettes d'agneau de lait sur un lit de pommes de terre au four) ressemblait au décor : plat traditionnel au goût d'antan retrouvé… Après ce moment gourmand, j'ai visité une belle église et le monastère de San Salvador du XIe siècle où se tenait une passionnante exposition d'artistes basques. Un séjour en Pays basque ressemble à un patchwork d'images multicolore où le rouge, le blanc et le vert dominent entre les collines, les gaves, les fermes mais, ce jour-là, il manquait le bleu, le bleu du ciel… Nature respectée et culture préservée, le charme de mon pays d'enfance. 

samedi 16 juin 2018

Escapade basque, 2

Après Biarritz, j'ai retrouvé avec plaisir ma ville de Bayonne où j'ai suivi ma scolarité dès ma 6e jusqu'en Terminale au lycée Marracq. Mes études de Lettres se sont déroulées à Pau à l'Université de l'Adour et je suis revenue dans ma Côte basque où j'ai ouvert ma librairie entre 1976 et 1981 dans le quartier "basque", nommé le Petit Bayonne. Je voulais montrer le charme basco-gascon à mon amie et nous avons donc arpenté les rues piétonnes de la cité. Des immeubles à colombages rouges ou verts (les couleurs basques) s'alignent sur les quais et constituent un ensemble architectural harmonieux et typique. Deux fleuves traversent la ville et la partagent en deux entités : le côté Adour vers les Landes et le côté Nive vers le Pays basque. L'Adour se jette dans l'océan et je me souviens des baignades enfantines dans le petit port du Boucau, la Cale, où tous les Boucalais se baignaient dans les années 60. Ce port me semblait immense et quand je le vois aujourd'hui, sa dimension modeste m'étonne toujours. Dès que l'on franchit la "frontière bayonnaise", un édifice montre ses flèches (70 mètres de haut) avec ardeur et détermination : la cathédrale Notre-Dame. Un cloître jouxte la cathédrale et je n'oublie jamais de savourer son silence "religieux". Deux musées attirent souvent les touristes : le Musée basque (ethnographique) et le Musée Bonnat (encore en rénovation). La ville est envahie de bars, de restaurants et de boutiques de souvenirs pour satisfaire les touristes, toujours nombreux et surtout pendant les Fêtes de Bayonne (un million de "festayres). Une concurrence jalouse règne entre Biarritz, la "chic" et Bayonne, "la populaire"... Aujourd'hui, ces deux cités historiques se complètent joyeusement. Entre l'Océan et l'Adour, un trait d'union relie les habitants : un art de vivre festif et une gentillesse authentique. J'ai dégusté une plaque de chocolat chez Daranatz, une institution gourmande sous les Arceaux. Je ressens une impression bizarre quand je marche dans les rues de la ville : beaucoup de commerces ont disparu depuis des années mais quand je remarque ceux qui ont résisté au temps, je m'en félicite… Il existe une tradition qui perdure comme ces pâtisseries familiales, ces magasins de linge basque, quelques librairies, des restaurants et des institutions culturelles (la Bibliothèque municipale). Bayonne, ville d'influences : espagnole, gasconne, basque, landaise, une identité à rayures comme le linge basque...

vendredi 15 juin 2018

Escapade basque, 1

Je connais le Pays basque depuis ma petite enfance. Je pourrais dire que ce pays ne me surprend plus, mais bien au contraire, depuis que j'ai quitté la Côte basque à l'âge de trente ans, j'aime retrouver cet espace authentique au fort caractère. J'ai souvent remarqué ma tendance à m'informer en profondeur sur mes capitales européennes où je lis des guides et des documentaires. Je connais davantage la Grèce d'hier et d'aujourd'hui que la Savoie ou le Pays basque. Quelle ingratitude de ma part pour ces deux beaux terroirs français ! Je vais enfin adopter mes désirs de connaissance à ces lieux où je vis. J'ai ainsi découvert cette semaine des trésors au Pays basque que je ne soupçonnais pas. Il suffit parfois de se laver le regard grâce à la compagnie d'une amie qui n'avait jamais visité ce coin éloigné du Sud-Ouest. Dès la sortie de l'avion, je savais que la météo serait mitigée et j'ai profité d'une belle éclaircie pour arpenter le front de mer de Biarritz : le Grand Palais impérial, la Grande Plage avec ses rochers déposés dans l'océan par le dieu Neptune (j'ose le croire !), le plateau de l'Atalaye, le port caché des pêcheurs avec ses crampottes (petites maisons colorées), le Rocher de la Vierge avec son pont Effel, le Port vieux avec sa plage, la Côte des Basques avec sa centaine de surfeurs. Cette balade dans Biarritz avec des points de vue magnifiques offre une bouffée d'air marin bien salé (très bon pour la santé, ce sel là). Les mouettes voltigeaient dans le ciel et nous accueillaient avec facétie. Elles se posaient sur les rochers percés et rasaient aussi les vagues dans un ballet incessant. J'ai vu ce paysage des centaines de fois, mais, je ne m'en lasse jamais. J'ai toujours ce frisson d'amour pour mon pays natal quand je revois l'océan, les tamaris (petits arbustes rustiques), les massifs d'hortensias bleus, la gentillesse des Biarrots et l'art de vivre en bord de mer, un art de vivre qui n'a rien à voir avec le Midi et la Cote d'Azur. Quand la météo s'est particulièrement acharnée sur la Côte basque mardi avec une alerte orange, je suis quand même sortie pour voir l'océan en furie, d'un gris de plomb. Les vagues frappaient les falaises avec fracas et ce déchainement de la nature faisait fuir les quelques touristes étrangers au caractère bien trempé de ce pays. Biarritz, ville marine, possède une des plus belles médiathèques de France qui ressemble à un vaisseau en bois. L'équipe des bibliothécaires proposent aux lecteurs(trices) des pochettes surprises qui contenaient des livres, des CD, des DVD pour des lectures inattendues. Quelle bonne initiative ! Je suis repartie avec le sac en tissu de la bibliothèque…  

vendredi 8 juin 2018

Rubrique cinéma

En mai, j'ai vu deux films très différents. Le premier, "Plaire, aimer et courir vite" de Christophe Honoré raconte l'histoire d'un jeune homosexuel, Arthur, qui monte à Paris en 1990 pour retrouver un homme qui lui plait. Cet homme s'appelle Jacques et il l'a rencontré dans sa ville de Rennes lors d'une pièce de théâtre. Arthur est fasciné par le charisme de Jacques, mais celui-ci ne veut pas se lier avec lui. Il se sait malade, atteint du sida et à l'époque, on en mourrait vite. Ce film audacieux montre des scènes amoureuses qui seraient censurées dans un nombre considérable de pays (La France, pays de liberté !). Dans le Télérama du 9 mai 2018, le critique résume le projet de Christophe Honoré : "Il n'a jamais saisi avec une telle intensité les hésitations amoureuses, la certitude de l'éphémère et l'intrigante osmose entre la douceur du sexe et sa crudité". Ce film atypique et romantique n'a pas attiré l'attention du jury de Cannes et pourtant, il aurait mérité un prix pour son audace et sa créativité. Le deuxième film, "En guerre", était conseillé par l'atelier philo du jeudi pour son thème sur le travail. Vincent Lindon interprète le rôle d'un syndicaliste au sein d'une usine d'équipements automobiles. L'usine va fermer (plus de 1100 emplois supprimés) alors qu'elle produit des bénéfices. Le patron allemand avait promis la pérennité des emplois basée sur le sacrifice des ouvriers car ils devaient travailler quatre heures de plus sans être rémunérés. Pendant deux heures, des images défilent sur leur combat perdu d'avance : manifestations devant le Medef, violences incontrôlables, débats houleux entre les syndicalistes. La justice donne raison au patron allemand, et celui-ci va empêcher la reprise par un concurrent. La guerre est déclarée, une guerre harassante, désespérante, radicale, le pot de terre contre le pot de fer. Mais, les ouvriers se déchirent car le front syndical se fissure. Certains ouvriers acceptent le licenciement économique pour toucher une prime. Stéphane Brizé film cette guerre économique avec une caméra de militant. Laurent Amadéo, le syndicaliste intransigeant, n'accepte pas cette injustice et s'immole par le feu à la fin du conflit. Ce geste sacrificiel inattendu apporte une noirceur au film qui, pourtant, montrait la solidarité, l'enjeu des luttes sociales, l'espoir d'une meilleure vie.  Portrait d'une époque où le sida décimait les homos, portrait d'un monde ouvrier en ruines, ces deux films français évoquent un pays en crise. Le sida grâce au vaccin ne tue plus mais les usines disparaissent (plus de mille ont fermé leurs portes en dix ans)... Un jour prochain, faute d'ouvriers, les robots arriveront et les patrons seront soulagés... 

jeudi 7 juin 2018

L'atelier Les idées en partage

J'aime la philosophie depuis ma terminale lointaine. Quand on a dix sept ans, le choc de ces cours de philosophie laisse une trace indélébile dans la mémoire. Mai 68 a profondément changé la France à cette époque en insufflant un vent de liberté dans tous les domaines. Le lycée a changé dans sa hiérarchie autoritaire et  certains professeurs plus audacieux que les autres ont osé bousculé l'organisation de la transmission du savoir. En classe de philosophie, mon professeur a refusé le cours dit magistral, un acte révolutionnaire estampillé Mai 68. Il nous a proposé de travailler en petits groupes et à notre demande, il acceptait d'intervenir pour éclairer nos réflexions embryonnaires. Cette attitude "socratique" m'a vraiment passionnée et j'ai obtenu mon baccalauréat littéraire sans difficulté. Je n'ai pas eu l'audace de m'inscrire en philosophie car ma passion de la littérature m'avait déjà envahie depuis l'âge de douze ans ! J'ai gardé ce souvenir "philosophique" en moi pendant des décennies et quand je suis enfin arrivée au temps exquis de la retraite, j'ai repris le chemin de la philosophie. J'ai donc commencé à suivre des cours proposés par une association chambérienne du Covet. Puis, j'ai poursuivi avec l'Université savoisienne du Temps libre, une fois par an en six cours de deux heures. Ce rendez-vous annuel m'a beaucoup intéressée et mes lectures philosophiques ont bien progressé après ces cours d'initiation. A la rentrée de 2017, un groupe de "philosophes" amateurs s'est installé à l'AQCV et se réunit tous les quinze jours hors vacances scolaires. Agnès, professeur de philosophie, (qui vient de prendre sa retraite), anime ce groupe de quinze participants en moyenne. L'intitulé de ces séances de philosophie, "Les idées en partage", s'organise de la façon suivante : le professeur évoque le thème de l'étude en cours et une discussion peut surgir pour des explications complémentaires. Des débats ont lieu à la fin de la séance. Nous avons donc démarré la saison avec le thème passionnant du "Temps", puis du "Vivant" et nous avons terminé l'année avec le "Travail". Des mois de rencontres agréables, culturelles et incitatives. Quand on sort de ces deux heures de partage, la curiosité me guide vers des lectures complémentaires et nourricières. Un atelier vivifiant pour la pensée, pour aimer encore plus la philosophie ! 

dimanche 3 juin 2018

Atelier Lectures, 3

Dans la deuxième partie de l'atelier, deux autres lectures partagées et "imposées" ont confirmé mon choix pour le tirage au sort. Mylène et Régine (qui m'a confié son résumé) ont lu et vraiment apprécié "Némésis" de Philip Roth qui nous a quittés le 23 mai. Je reviendrai dans mon blog sur ce grand, très grand écrivain américain que je lis depuis qu'il est traduit en français ! Dans cet ouvrage, Philip Roth raconte l'histoire d'un jeune homme, Bucky Cantor, réformé pour un problème de vue. Il ne part donc pas à la guerre. Tout sourit à ce jeune homme : un bon métier, une fiancée, des amis... Mais, une épidémie de polio s'abat sur la ville et touche les jeunes. Bucky fait preuve de dévouement inlassable et pourtant il rejoint un camp loin de l'épidémie où réside sa fiancée. Mais, la polio, cette nouvelle "peste", atteint le camp. Pétri de culpabilité, il renonce à sa vie personnelle, à l'amour  et se pose la question : "Pourquoi Dieu s'en prend-il à des innocents ?" Il veut trouver un responsable et si c'était lui ? Serait-ce la vengeance de la déesse Némésis (juste colère des dieux) ? Philip Roth s'interroge sur la culpabilité, le destin, le hasard, les croyances héritées de notre éducation. "Némésis" ressemble à un testament car l'écrivain a déclaré après l'avoir écrit que ce serait son dernier roman. Régine et Mylène avaient un avis unanime pour considérer ce livre comme un chef d'œuvre et un des plus émouvants dans sa production littéraire. Le dernier ouvrage tiré au sort par Danièle et par Sylvie concernait un roman de Marguerite Yourcenar, "Un homme obscur". Danièle était sous le charme de la prose "yourcenarienne" et de ce portrait d'un homme simple, Nathanaël. Les hasards de la vie l'obligent à voyager dans une île lointaine, à aimer des femmes sans attaches, à travailler dans une imprimerie où il côtoie des érudits. Dans la Hollande du XVIIe siècle, cet homme obscur, d'une bonté remarquable, termine sa courte vie dans une solitude poignante. Marguerite Yourcenar nous plonge dans le Temps avec son génie littéraire. Nathanaël pourrait vivre au XXIe siècle... Le débat n'a pas eu lieu entre les deux lectrices mais Sylvie a promis de le lire cet été. Cette expérience de lectrices en lectures partagées se renouvèlera dès la saison prochaine. A la fin de l'atelier, j'ai établi le bilan des thèmes de l'année : une collection (Folio Sagesses), un écrivain (Milan Kundera), un éditeur (Actes Sud), un genre littéraire (les nouvelles), deux sujets (le secret de famille et les tourments de l'adolescence), un tirage au sort pour des lectures partagées. A la rentrée, j'envisage d'aborder la litterature européenne, un vaste programme ! Je remercie chaleureusement encore mes amies de l'atelier dans ce blog pour leur cadeau collectif : un coffret de deux Pléiades et des marque-pages originaux ! J'ai ainsi des milliers de pages à lire cet été !

samedi 2 juin 2018

Atelier Lectures, 2

Je poursuis le compte-rendu des coups de cœur avec Régine qui nous a présenté un récit autobiographique de Françoise Frenkel, "Rien où poser sa tête". Cet ouvrage est sorti de l'anonymat grâce à un lecteur, farfouillant dans une des librairies d'Emmaüs. Ce livre unique en fait raconte l'histoire de Françoise Frenkel qui a fondé la première librairie française à Berlin en 1921. Sa librairie accueillait les plus grands auteurs de l'époque. En 1939, elle fuit l'Allemagne nazie et gagne la France où elle espère trouver refuge. Elle est dénoncée, secourue, incarcérée et libérée et décrit ses péripéties quotidiennes avec une force morale peu commune. Ce témoignage révèle un vrai talent d'écrivain. Régine a ajouté un deuxième coup de cœur avec un roman américain, "Traverser l'hiver" de Mélanie Wallace. June, une jeune femme, arrive dans un motel chez Mabel avec son bébé et son compagnon. Celui-ci l'abandonne et June doit affronter les difficultés de la vie. Mabel accepte de la garder chez elle à condition qu'elle ne trouble pas sa solitude. Régine a beaucoup apprécié les portraits de ces femmes "cabossées" et qui se relèvent malgré tout. Un roman attachant à découvrir cet été. Dans la deuxième partie de l'atelier, j'avais proposé un tirage au sort concernant des ouvrages qui devaient se lire en binôme. Les lectrices ont vraiment joué le jeu et nous avons assisté parfois à des accords comme à des désaccords, ce qui pimentait quelque peu les échanges verbaux. Je démarrerai par le premier débat autour d'un essai d'Anne Dufourmantelle, "L'éloge du risque". Geneviève a adoré alors que Pascale l'a abandonné au bout de quelques pages. Pourquoi cet ouvrage a divisé ces deux lectrices ? Parce qu'il s'agit d'un essai écrit par une psychanalyste et ce genre littéraire peut provoquer un rejet total ou un adhésion enthousiasmante... J'avais choisi un roman de Christophe Ono-dit-Biot, "Plonger" qui raconte l'odyssée d'une femme sirène, fuyante et essentiellement libre. Son compagnon essaie de la capter dans son filet mais, l'amour ne lui suffit pas même avec la naissance de leur enfant. Janelou n'a pas du tout été séduite par cette histoire invraisemblable et Marie-Christine a bien apprécié les descriptions des paysages, l'ambiance poétique du livre... Encore un binôme discordant... L'unanimité a quand même régné pour Evelyne et Agnès qui ont bien aimé le roman thriller de Sandrine Collette, "Il reste la poussière". Une histoire familiale d'une noirceur terrible qui se passe en Patagonie. Rafael, le cadet de la fratrie, se refugie auprès de son cheval et de son chien. Sa mère, hostile et murée dans le silence, mène d'une main de fer la ferme. Mais, un jour, il découvre un homme mort avec une sacoche mystérieuse. Cette trouvaille va changer la vie du garçon.  La suite, demain.

vendredi 1 juin 2018

Atelier Lectures, 1

Ce mardi 29 mai, nous nous sommes retrouvées pour la dernière séance de l'année 2017-2018. Nous avons partagé le temps de parole entre les coups de cœur et les lectures imposées, tirées au sort . Une troisième mi-temps a permis d'établir le bilan de l'année et la reprise de l'atelier à la rentrée prochaine à partir d'octobre. Geneviève a démarré avec un gros coup de cœur en présentant le roman de Grégoire Delacourt, "Danser au bord de l'abîme", publié en livre de poche. L'histoire d'un coup de foudre fatal entre une femme et un homme, tous les deux mariés, a réjoui Geneviève pour la prise de risque des deux personnages. Ils quittent leur foyer respectif pour vivre leur amour clandestin. Mais, cette rencontre amoureuse foudroyante ne se terminera pas comme prévu. Marie-Christine a choisi un essai de Marie de Hennezel, "La chaleur du cœur empêche nos corps de rouiller", publié en 2010. La psychologue clinicienne évoque le processus du vieillissement en utilisant sa propre expérience personnelle et professionnelle. L'amour sous toutes ses formes permet de prendre de l'âge avec philosophie et sans angoisse. Sylvie a beaucoup aimé un roman policier, venu d'Islande, "La cité des jarres", d'Arnaldur Indridason. Il est question d'un viol, de crimes, de génétique dans une ambiance polaire islandaise. Pour les amateurs de "polars" scandinaves, un "must" dans les enquêtes policières. Mylène a beaucoup, beaucoup aimé le dernier livre de Jens Christian Grondahl, "Qu'elle n'était pas ma joie", publié chez Gallimard. Cet écrivain danois se met dans la peau d'une femme septuagénaire qui vient de perdre son mari. Elle vend sa maison et retourne dans son quartier populaire de Copenhague. En s'adressant à Anna, sa meilleure amie, qui était la femme de son mari, Ellinor dévoile sa trahison, son infidélité. Amant et maîtresse meurent dans une avalanche. Ce roman évoque les sentiments de vengeance et de pardon. L'écrivain danois file sa toile de mots avec une introspection saisissante. Pascale a apprécié un ouvrage de Doris Lessing, "Les nouvelles africaines". L'écrivaine a passé sa jeunesse en Rhodésie (Zimbabwe aujourd'hui) et raconte, dans ses nouvelles, la vie des Noirs asservis et humiliés, celle des petits Blancs, appauvris dans les années 70. La grande dame de la littérature anglaise un peu moins lue aujourd'hui, ayant obtenu le Prix Nobel de Littérature, peint à travers ces récits la "lèpre raciste". Evelyne a lu la trilogie du même Indridason, "La trilogie des ombres", un tableau passionnant de l'Islande dans l'époque troublée des années 40. La suite, demain.