samedi 9 septembre 2017

"Barbara"

Dès que j'ai su que le film sur Barbara était diffusée à l'Astrée de Chambéry, je me suis précipitée dans la salle... Mathieu Almaric signe une œuvre de cinéma rare et unique comme l'était la chanteuse noire, sublime pour les fans, insupportable pour les autres. Jeanne Balibar interprète Barbara d'une façon magistrale, dans sa composition physique comme dans sa voix fusionnelle avec celle de la chanteuse. Les premières images montrent la comédienne à la recherche de la personnalité particulière de Barbara. Cet essai cinématographique raconte la fabrication du film, le scénario, les scènes emblématiques d'une vie consacrée au spectacle. Le réalisateur ne cache pas son émotion paralysante, sa passion pour ces deux femmes qui se confondent dans son imaginaire. Entre les lignes biographiques (que les amoureux de Barbara connaissent par cœur) et les états d'âme de Jeanne Balibar à la recherche d'une interprétation au plus près de l'artiste, le film finit par envouter, par séduire et surtout agit comme une madeleine de Proust. Les chansons de Barbara surgissent et les années 60 à 80 refont surface et transmettent leur message de mélancolie, de beauté et de nostalgie. Barbara et sa solitude, Barbara et ses musiciens complices (sa vraie famille), Barbara et sa folle générosité (elle soutenait les femmes en prison), Barbara et sa lutte contre le sida, Barbara dans ses amples vêtements. La comédienne devient charnellement la chanteuse et parfois, l'illusion est parfaite. Ce film ne se résume pas. Il faut aller le voir à condition d'aimer ou d'avoir aimé cette chanteuse unique, loufoque, excessive, entière et surtout émouvante et attachante. Je l'ai vue en concert au moins cinq fois et je me souviens de la ferveur de son public à Pantin dans les années 80 quand je vivais à Paris. J'ai eu la chance de la rencontrer dans la librairie de Bayonne où je travaillais et malgré le poids de ma timidité envers une telle diva, j'ai discuté de littérature avec elle... Elle est partie avec les mémoires de Simone Signoret. Je me souviens de ses lunettes noires, de son chapeau, de sa cape, de sa démarche chaloupée... Quand je l'ai attendue pour un autographe après son concert, elle m'a reconnue en me baptisant "sa petite libraire" ... Je conserve dans ma mémoire ces images de la chanteuse qui correspondent aux images du film. Un souvenir inoubliable. Pour les vingt ans de sa mort, Mathieu Almaric et Jeanne Balibar nous ont offert un portrait magnifique de Barbara.