mardi 23 novembre 2010

Crépuscule irlandais

Ce roman d'Edna O'Brien, grande dame de la littérature irlandaise, possède un charme fou. J'ai toujours suivi les écrivains irlandais, surtout les écrivaines (Jennifer Johnston, Molly Keane, Iris Murdoch, Deidre Madden, Nuala O'Faolain) qui possèdent une force et une rugosité héritées de ce pays. L'histoire entrelacée d'une mère et de sa fille nous captive dès le début. La mère, Dilly, est partie tenter sa chance à New York (très beau passage de l'arrivée des immigrants au début du siècle),et revient au pays en rêvant tout au long de sa vie de cette échappée audacieuse.Elle se marie, fonde une famille. Eleanora, sa fille rebelle et libre, vivra une vie de romancière célèbre, loin de la morale stricte de son pays d'origine. La relation mère-fille repose sur un amour non-dit, maladroit et secret. A la fin du roman, Dilly, devenue malade, et Eleanora, enfin présente et disponible, vivent un échange profond. Je cite la dernière phrase du livre : "Le crépuscule fond sur elle dans cette cuisine, dans cette obscurité partielle, la douce et belle lumière d'un instant de proximité ; la franchise d'âme, la magnanimité d'âme, qui traverse craintivement l'univers et craintivement fond sur nous."
La traduction est une grande réussite ((Pierre-Emmanuel Dauzat) et j'apprécie beaucoup le catalogue de l'éditrice Sabine Wespieser, le format des livres, la qualité des couvertures toutes simples et élégantes.
Encore un roman écrit par une femme qui parle des femmes (les hommes ne sont pas des héros admirables) et qui aborde l'essentiel.