vendredi 21 février 2014

"La grâce des brigands"

Dans la revue Lire de septembre 2013, j'avais lu un entretien avec Véronique Ovaldé, "l'une des voix les singulières des lettres françaises"... Elle a déjà conquis un public de fidèles avec les succès de  "Ce que je sais de Vera Candida" et "Des vies d'oiseaux", romans d'une invention imaginative, fantaisiste et onirique. J'ai fini de lire récemment son huitième opus, "La grâce des brigands" et c'est d'ailleurs une heureuse découverte  car je n'avais pas encore ouvert un de ses livres. Le personnage principal, Maria Cristina Väätonen, romancière célèbre, vit à Santa Monica quand le téléphone sonne. Sa mère avec laquelle elle est fâchée depuis dix ans, veut la revoir. La romancière, en rupture avec son passé, se remémore ce temps familial asphyxiant qu'elle a fui pour les Etats Unis. Les souvenirs affluent : la chute de sa sœur quand elles étaient enfants, le rôle étouffant d'une mère bigote, la lâcheté de son père, l'enfermement, la solitude, l'ennui de ce village sans charme. Un passé douloureux en ce début des années 80... Mais Maria Cristina rêve d'une autre vie et quitte ce milieu confiné pour Los Angeles. Elle rencontre le "grand écrivain" en répondant à une annonce de secrétaire. Ce Rafael Claramunt est un excentrique et un séducteur. Il prend sa protégée sous son aile (et dans son lit). Le portrait de cet homme, un "vrai brigand", un imposteur littéraire, est fort savoureux dans ce roman et on subodore que Véronique Ovaldé aime ses personnages "à la marge", des marginaux sympathiques et inoffensifs, cultivant amoureusement la liberté. Le téléphone sonne donc et sa mère lui demande de prendre en charge le fils de sa sœur. Maria Cristina va-t-elle retourner au Canada ? Mystère... Dans l'entretien de la revue Lire, l'écrivaine confie sa conception de la littérature : "Nous sommes nombreux à avoir modifié le cours de notre existence, à avoir reporté à demain le fait de se pendre parce qu'on lisait un bon bouquin. C'est une ambition petite, mais essentielle. (...) Le roman offre une connaissance du monde. Il permet d'approcher l'expérience intime que chacun se fait de la réalité." Un très bon roman avec un style "ovaldien", (exubérant, vivant) de la rentrée littéraire de septembre, un rattrapage pour moi...