mardi 5 janvier 2021

Retour à l'Océan

 Enfin, l'année 2020 s'est terminée avec un confinement limité imposant un couvre-feu dès 20H. Je n'avais pas pris l'avion depuis un an et je me suis décidée quinze jours avant Noël pour passer les derniers jours de l'année dans mon pays natal : la Côte basque. Malgré un temps exécrable où la pluie battante rythmait mes sorties, j'ai profité de l'air marin iodé à haute dose. Dès le premier jour de mon arrivée, je me suis baladée à la Chambre d'amour, une de mes plages préférées. Revoir les vagues, les mouettes, les surfeurs, le sable, les bois morts sculptés m'a procuré un bonheur particulier que Romain Rolland définissait comme le sentiment océanique. Une certaine relation fusionnelle avec l'élément de nos origines : l'eau. N'oublions pas que les humains se sont développés dans l'océan : les poissons ont marché sur le sable, se sont transformés en animaux vertébrés, etc. Notre mémoire se souvient de l'air salé, de l'eau salé, du contact de l'eau. Comme une matrice originelle. Quand je regarde l'océan, mon esprit s'absorbe dans la contemplation des mouvements incessants des vagues. J'oublie le temps, j'oublie les soucis, j'oublie tout et je deviens vague, écume, gouttelettes, courants marins. Je m'étale sur le sable longuement, lentement. Un grand artiste allemand, Anselm Kiefer, expliquait dans un documentaire sur Arte, la fascination des humains pour l'univers marin, source de vie et d'énergie. J'ai vu l'océan tous les jours, le matin et l'après-midi dès que la pluie cessait. Mais, j'ai aussi reçu des vagues pluvieuses quand je m'avançais trop sur la promenade. Les gouttes d'eau semblaient salées... Un grand bain de vastes paysages où mer, ciel, sable se mélangent dans des tons de gris et de beige avec parfois une apparition furtive du soleil capricieux. Malgré la fermeture des restaurants, des cinémas, des lieux culturels qui me rappelaient la présence du virus, du confinement limité, le spectacle de l'océan me suffisait amplement. Captée par la beauté océanique, captivée par l'énergie des vagues, j'admirais les surfeurs qui composaient un ballet digne d'un opéra baroque. Les mauvaises vagues de l'année 2020 se sont écrasées dans le passé et les nouvelles arrivent avec un espoir fou d'un vaccin qui va les empêcher d'engloutir notre esprit encrassé par ces mois où j'ai vu le monde culturel s'effondrer : librairies fermées, bibliothèques closes, cinémas éteints, restaurants échoués dans les villes. Cette escapade à Biarritz, malgré le danger viral, a décapé mon esprit, l'a revitaminé. J'ai ressenti l'énergie des vagues dans mon corps et quand je marchais au bord de l'océan, j'imaginais la pousse des ailes dans mon dos et je me voyais virevolter comme les mouettes ! Un retour à l'océan, une parenthèse bénéfique et thérapeutique !