vendredi 4 août 2017

Eloge de la marche, 4

David Le Breton, professeur de sociologie à l'Université de Strasbourg, signe le quatrième article de cette série d'été dans le Monde. Grand spécialiste de la question, il a écrit "Marcher, éloge des chemins de la lenteur" en 2012 et "Eloge de la marche" en 2000. Il considère cette activité comme une guérison : "Les premières heures d'une marche amènent à un allégement des soucis, à une libération de la pensée moins encline à la rumination (...)". Il évoque une expérience très positive avec des jeunes en grandes difficultés qui s'adonnent à une très longue marche de 2000 kilomètres pour se ressourcer, se reconstruire et envisager leur avenir avec espoir. Cette remise en forme morale et physique leur permet de se "défaire" de leur image négative dans la société. L'estime de soi naît de cette renaissance en pratiquant "l'esprit d'indépendance, la prise d'initiative, la curiosité, la confiance en l'autre". David Le Breton décrit l'effet thérapeutique des chemins de Compostelle, parcourus par des croyants et des non-croyants pour ré-enchanter le monde. La marche guérit : "Si la souffrance a présidé au départ, elle se dilue au fil des pas. Remise en ordre du chaos intérieur, la marche n'élimine pas la source de la tension, mais la met à distance, favorise les solutions". Marcher ressemble à un oubli de soi pour mieux se retrouver et rebondir dans une "métamorphose personnelle". Des malades, touchés par le cancer, effectuent des marches réparatrices et "bien des dépressions ou des amertumes se dissolvent sur les routes". Le sociologue considère donc cette "démarche" comme un "refuge intérieur, une échappée belle, loin des routines de pensée ou d'existence". Cet article très lumineux sur cette activité, au fond, d'une banalité simpliste, procure chez le lecteur, une envie de partir sur les chemins autour de soi, dans son jardin, dans son quartier, dans sa ville, au bord d'un lac, de la mer, dans la montagne et sur la lune, pourquoi pas ? Pour ma part, je préfère marcher dans des espaces inconnus que je découvre au fil de mes pas. Mes balades dans les capitales européennes m'apportent cet apaisement et surtout un sentiment d'émerveillement. David Le Breton écrit à la fin de l'article : "Le monde est immense au-delà des murs de nos habitations et il n'attend que nous". La Grèce m'attend en septembre et l'Espagne du Nord en octobre...