jeudi 14 octobre 2021

Atelier Littérature, 1

 J'ai rebaptisé l'Atelier Lectures en Atelier Littérature car je veux mettre à l'honneur la littérature, la française comme les étrangères, la fiction comme le réel, les classiques comme les contemporains, une planète fabuleuse où les écrivains et les écrivaines enchantent le monde. Ce jeudi 14 octobre, nous étions une bonne dizaine de lectrices à nous retrouver pour évoquer la rentrée littéraire de septembre. J'ai présenté les deux nouvelles participantes, Odile et Colette et nous avons démarré sur les nouveautés. Régine a présenté "L'enfant de salaud" de Sorj Chalandon. Depuis l'enfance, une question taraude le narrateur sur l'attitude de son père pendant l'Occupation. Ce père violent, fantasque et mythomane, a bercé son fils avec ses exploits de Résistant jusqu'au jour où le grand-père lui a avoué que son père portait l'uniforme allemand : "Tu es un enfant de salaud". En mai 1987, le procès du nazi Klaus Barbie a lieu à Lyon et le fils apprend que le dossier de son père sommeille aux archives départementales du Nord. C'était un "collabo". Régine a beaucoup aimé ce roman autobiographique très bien écrit et qui pose un dilemme au narrateur : "De quel droit puis-je juger mon père ?".  Culpabilité du fils, séisme psychologique : comment vivre avec cet image d'un père imposteur ?. Ce roman puissant mérite un grand prix littéraire. Agnès a eu le courage de lire les 512 pages d'Anne Berest, "La carte postale". La narratrice reçoit une carte postale étrange où l'auteur, resté anonyme, a tracé les prénoms des grands-parents de sa mère, de sa tante et de son oncle, morts à Auschwitz en 1942. Vingt ans plus tard, elle décide de mener une enquête pour découvrir la vérité sur sa famille. Cette recherche l'a menée cent ans en arrière en Russie, en Lettonie et en Palestine. Les Rabinovitch arrivent à Paris avec la guerre et suit le désastre de leur déportation. Seule, la grand-mère Myriam fut la seule qui échappa au camp de concentration. Ce grand roman familial rend hommage aux victimes de la Shoah, à tous ces disparus qui vivent à nouveau dans les pages de ce livre. Odile a choisi "Bellessima" de Simonetta Greggio, publié chez Stock. L'écrivaine italo-française poursuit son autobiographie après "Dolce vita" et "Les nouveaux monstres". Elle raconte, dans son beau récit, son pays, ses parents, la violence de son père : "Cela s'appelle Italie, ma douleur, mon amour, ma patrie. Un pays comme une famille, plein de secrets, bruyants, destructeurs, meurtriers". Ce récit vif, passionnant a vraiment enthousiasmé Odile. Notre première Odile de l'Atelier a choisi "Le fils de l'homme" de Jean-Baptiste Del Amo, publié chez Gallimard. Après plusieurs années d'absence, un homme resurgit dans la vie de sa compagne et de son fils. Il les entraîne dans une vieille maison dans la montagne où il a grandi. Entourés par une nature sauvage, la mère et le fils subissent l'emprise de cet homme qui bascule dans la folie. Dans ce roman sombre et tragique, l'auteur explore la transmission de la violence de génération en génération. Odile a apprécié ce retour au tragique dans ce conte contemporain singulier où ce huis clos familial crée une tension permanente. Le talent de ce jeune écrivain se confirme avec "Le fils de l'homme". (La suite, demain)