mardi 20 décembre 2022

Atelier Littérature, 4

 J'avais évidemment intégré dans la liste de décembre le roman emblématique de Georges Perec, "Les Choses", publié en 1965. Odile l'a lu avec un sentiment du devoir accompli sans s'attacher à ce couple de jeunes gens qu'elle a trouvé inintéressant. J'ai pris le temps de relire ce récit original et cette entreprise romanesque relève aussi de l'analyse sociologique. Ce jeune couple, Sylvie et Jérôme, issus des classes moyennes n'a qu'un rêve : devenir riches pour acquérir un confort optimum et s'entourer de belles choses. Mais, ils ne gagnent pas beaucoup d'argent car ils travaillent en temps partiel pour préserver du temps libre en menant des enquêtes psycho-sociologiques. Dans la première partie du roman, l'écrivain emploie le conditionnel pour décrire ce bonheur matériel utopique. Ils sortent beaucoup avec des amis, vont au cinéma, dans les restaurants et surtout dans les magasins : "Ils vivaient dans un monde étrange et chatoyant, l'univers miroitant de la civilisation mercantile, les prisons de l'abondance, les pièges fascinants du bonheur". Comme ils ne parviennent pas à réaliser leur rêve de richesse, ils décident de partir en Tunisie où ils pensent améliorer leur situation. Sylvie obtient un poste de professeur alors que Jérôme refuse un poste loin de son domicile. Ce séjour tunisien s'avère encore plus décevant que leur vie à Paris. Ils finissent par revenir en France et parviennent à retrouver des postes permanents dans leur milieu professionnel d'origine. Ce roman "oulipien" explique la méthode de Perec, celle d'une distanciation face à ses personnages et à leurs rapports au monde. Car le monde se transforme en une accumulation invraisemblable et folle de choses, d'objets, de matière. "Les Choses", un roman au fond d'une portée socio-philosophique assez difficile à saisir. Il demande un effort de lecture mais les livres qui déclenchent une interrogation existentielle me semble passionnants à parcourir. Avant de terminer ce compte-rendu sur le thème de décembre, j'ai reçu de Geneviève un message enthousiasmant sur Francis Ponge et sur son recueil de poésie, "Le parti pris des choses". Elle écrit : "C'est avec un œil si particulier (de photographe) qu'il regarde les choses". Publié en 1942, le poète a tenté de restituer avec des métaphores et des comparaisons la beauté des choses banales et quotidiennes. Il veut renouveler notre vision du monde et réussit par là son pari. L'Atelier Littérature de décembre a permis de découvrir grâce aux ouvrages lus, la présence rassurante des choses dans nos vies ou leur présence envahissante. A chacune des lectrices de réfléchir à cette question, surtout dans la période des cadeaux de Noël...