mercredi 11 novembre 2020

Gaston Bachelard

 Depuis lundi, j'écoute en podcast l'émission d'Adèle Van Reth, "Les Chemins de la Philosophie" sur Gaston Bachelard. Ce grand philosophe français à l'accent rocailleux de sa Champagne natale a été choisi par l'animatrice à cause du confinement. Le thème de la maison constitue le premier sujet et pour le philosophe, la maison est notre "coin du monde", "un véritable cosmos". De la cave au grenier, ce lieu originel stimule l'imagination, la rêverie. Dans l'intitulé du premier volet sur Bachelard, surgissent ces questions : "Comment habiter oniriquement ? Comment rêver peut-il nous aider à mieux vivre notre confinement ? Logé partout, mais enfermé nulle part, telle est la devise du rêveur de demeures". Le livre emblématique, "La poétique de l'espace", publié en 1957, apporte ces réponses. Gilles Hieronimus, professeur de philosophie présente les concepts du philosophe ainsi : "Pour lui, la rêverie n'est ni le rêve, ni la rêvasserie, mais une démarche active et passive à travers laquelle nous nous rendons réceptifs à l'esprit des lieux pour développer une rêverie personnelle. Rêver chez soi permet de mieux habiter". Les quatre émissions sont vraiment très intéressantes et permettent de bien comprendre ses œuvres, surtout celles qui composent son approche poético-philosophique sur le feu, la terre, l'eau et l'air. En écoutant les spécialistes qui répondaient aux questions pertinentes d'Adèle Van Reth, je me retrouvais en compagnie d'un philosophe que je retrouvais après quelques années où je l'avais perdu de vue comme tant d'écrivains que l'on ne lit plus et qu'on aime pourtant beaucoup. J'avais acheté un de ses livres chez son éditeur légendaire, José Corti qui se tenait à la caisse dans sa librairie du Luxembourg. J'ai repris un des livres du philosophe dans ma bibliothèque, "Le Droit de rêver" et je suis tombée sur ce texte, "Paradis", concernant la lecture : "Je voudrais que chaque jour me tombent du ciel à pleine corbeille les livres qui disent la jeunesse des images. Ce vœu est naturel. Le prodige est facile. Aussi, dès le matin, de"vant les livres accumulés sur ma table, au lieu de la lecture, je fais ma prière de lecteur dévorant : "Donnez nous aujourd'hui notre faim quotidienne..." Car là-haut, au ciel, le paradis n'est-il pas une immense bibliothèque ?".  Grâce à France-Culture et aux Chemins de la Philosophie, je vais me remettre à relire Gaston Bachelard,  comme des retrouvailles avec un vieil oncle à la barbe blanche qui parle du feu, de l'air, de la terre, de la chandelle, de la solitude, de la maison et du droit de rêver. Tout un programme...