lundi 11 septembre 2023

"Stupeur", Zeruya Shalev, 2

Atara est mariée avec Alexandre et ils ont un fils, Eden. Le jeune homme revient chez lui après quatre ans de service militaire. Il traverse une crise existentielle et sa mère craint le pire pour lui car elle a aperçu sur l'écran de son ordinateur des informations sur le suicide. Elle aussi analyse sa situation maritale avec un  mari, Alexandre, professeur à la retraite, parfois compliqué à comprendre. Atara, architecte de profession, spécialisée dans le patrimoine, s'absente souvent du foyer familial pour son travail passionnant. Mais, une obsession la taraude : elle veut rencontrer Rachel pour comprendre le passé de son père. Cette femme l'obsède car elle cache un secret concernant son passé militant avec son père qui s'est montré toujours très sévère avec elle. Alors qu'elle se dirige en voiture au domicile de cette femme qui l'attire comme un aimant, son mari tombe malade et avec l'aide de son fils, ils vont à l'hôpital. Atara, prévenue de cet incident, poursuit sa route et finit par voir Rachel. La rencontre avec elle s'avère décevante et elle repart sans véritables informations sur son père. Quand elle retourne chez elle, son mari est revenu des urgences de l'hôpital mais il ne sent pas bien. Au fil des heures, son état se détériore et Atara ne mesure pas la gravité de la situation. Au petit matin, il s'effondre et meurt sous ses yeux. Cette catastrophe intime la tétanise et seul, son fils assume l'organisation de la semaine de deuil. Alors qu'elle reçoit tous ses proches et toutes ses relations, elle fait connaissance du fils ultraorthodoxe de Rachel qui a conduit sa mère chez elle pour lui présenter des condoléances. Cette présence l'apaise subitement. Que deviendra Atara ? Comment va-t-elle vivre son deuil ? Les monologues intérieurs d'Atara s'intensifient sur le couple qu'elle formait avec Alex, sur les relations avec son fils perdu, avec son père sévère, avec Rachel qu'elle veut mieux connaître. Malgré toutes les perturbations qu'elle traverse, Atara garde le cap, serre les dents et assume sa vie perturbée avec un instinct de vie, propre aux personnages de Zeruya Shalev dans tous ses romans. L'écrivain parle à travers Atara sur Israël, sur la guerre menaçante, sur les paysages urbains chaotiques et surtout sur l'emprise de la religion dans ce pays pourtant laïque à sa naissance. Cette héroïne du quotidien, pourtant pétrie de regrets et de remords, illustre aussi un désir d'avenir plus serein et plus stable. Zeruya Shalev pose cette question au cœur des ses œuvres : qui sommes-nous ? Comment connaître ses parents, ses enfants, ses proches ? Il y aura toujours des "points aveugles", dit l'écrivaine israélienne dans une émission sur France Culture. Quel roman coup de poing ! Un des meilleurs de la rentrée littéraire, le meilleur peut-être ? Oui, pour moi, c'est une évidence.