jeudi 28 septembre 2017

Retour de Grèce, Impressions

Je suis revenue d'Athènes, hier en fin d'après-midi après avoir arpenté quelques sites archéologiques, Egine et Athènes en dix jours. Je réserverai de nombreux billets à ce voyage que j'avais préparé depuis quelques mois. La Grèce antique m'habite et je n'oublie pas non plus le peuple grec d'aujourd'hui d'une dignité incomparable face à la crise économique qu'ils subissent. Je livre mes premières impressions dans ce premier billet avant de relater les étapes de mon "Odyssée" sous un soleil d'une intensité chatoyante. J'ai rencontré des hommes et des femmes toujours charmants, souriants et d'une politesse rare. Dans les bus, dans le métro, dans les hôtels, je n'ai ressenti aucune animosité envers les touristes (ils aiment souvent la France...). L'accueil chaleureux dans les restaurants participe au charme du pays. Dès que je cherchais une rue ou un musée, les passants essayaient de me guider. Il m'est arrivée de me perdre sur une route inconnue et quand je me suis arrêtée (en compagnie de deux amies) dans un camping pour demander où se trouvait mon hôtel, le propriétaire nous a précédées en voiture pour nous guider. Je ne sais pas si cette gentillesse existe encore dans notre pays... Les médias nous inquiètent souvent sur la crise politique et sociale en Grèce, sur la présence des migrants illégaux. Je n'ai peut-être pas fréquenté les quartiers où se déroulent certains évènements mais je n'ai ressenti aucun sentiment d'insécurité malgré quelques demandes d'argent de quelques marginaux dans les rues. L'ambiance "bon enfant" règne dans les coins reculés du pays comme dans la capitale. Peut-être que le soleil, le ciel bleu et la mer influencent bienheureusement le caractère du peuple grec. J'ai retrouvé l'idéal du "kallos kai agathos" de la civilisation grecque. La bonté et la beauté fusionnaient harmonieusement pour former un socle éducatif solide dans la société civile... Des traces civilisationnelles demeurent dans cet état d'esprit "bienveillant" des quelques citoyens grecs que j'ai croisés. Il ne faut pas oublier qu'ils ont inventé la démocratie, la philosophie, le théâtre, l'épopée homérique, l'art sans oublier l'écriture alphabétique en ajoutant les voyelles aux consommes. Ce pays aux problèmes divers résiste pourtant à la déprime endémique et à la grogne sociale que l'on constate souvent en France. J'ai l'impression de revivre les années 60 en Grèce comme au Portugal : beaucoup de petits métiers persistent comme les employés des stations services qui se précipitent pour nous servir, un régal pour les femmes... Un pays attachant, émouvant et lumineux...

dimanche 17 septembre 2017

Roland Barthes à Urt

Lors de mon séjour dans mon pays, la Côte basque, j'ai réalisé un projet qui me tenait à cœur depuis longtemps : me recueillir sur la tombe de Roland Barthes. En effet, ce grand intellectuel vivait à Paris mais se refugiait souvent dans son pays d'Adour, un petit coin du Pays basque, à Urt. Je suis donc allée dans ce village qui se situe à 25 kilomètres de Bayonne. Tous les cimetières sont signalés dans les villages et j'ai donc trouvé celui où repose Roland Barthes. J'ai arpenté toutes les allées sans trouver la tombe de l'écrivain. J'ai demandé à une visiteuse si elle connaissait l'endroit mais elle n'en savait rien. Nul n'est prophète en son pays... J'ai fini par trouver et j'ai tout de suite remarqué sa nudité, sans fleurs, sans plaque avec deux noms gravés, celui de sa mère et le sien. Un petit collier de cailloux formait un cœur avec une rose fanée à l'intérieur. Sa mère est décédée en 1977 et lui en 1980. Il s'est laissé mourir à l'hôpital après avoir été heurté par une camionnette alors qu'il traversait une rue. Il avait à peine 65 ans ! Je me souviens d'une amie qui était montée à Paris et qui le croisait dans le train quand il descendait à Urt. J'ai voulu rendre hommage à cette personnalité fascinante de cette France des années 80 quand les Intellectuels bousculaient une société figée dans ses certitudes. Je citerai trois ouvrages : les "Mythologies", "Fragments d'un discours amoureux" et "Barthes par lui-même". Dans le premier essai, le sémiologue analyse les us et coutumes des consommateurs, devenant des symboles, des signes pour comprendre la modernité. Un livre-regard décapant sur les mythologies françaises. "Fragments d'un discours amoureux" analyse la passion amoureuse, le sentiment d'amour dans la littérature et il "déconstruit" ce discours pour suggérer que l'être amoureux se retrouve seul face à sa passion, qui ne l'aveugle pas mais le réveille... Cet essai d'une originalité absolue a marqué tout lecteur qui a posé ses yeux sur cet OVNI littéraire... Je me souviens d'un texte sur le Sud-Ouest et de sa "lumière lumineuse" qu'il définit comme "liquide, rayonnante, déchirante, habitable"... Il aimait ce pays aux "micro-climats", qui "le rend impropre au tourisme" (à son époque, peut-être). Il faut relire Barthes, trop oublié de nos jours malgré quelques ouvrages écrits sur lui récemment dont celui de Philippe Sollers. L'écrivain se repose à Urt mais son œuvre demeure...

samedi 16 septembre 2017

Lectures sur la Grèce antique, 2

Dans trois jours, je prends un vol vers Athènes pour dix jours. Mon blog ne sera donc pas actif jusqu'au 28 septembre... J'ai poursuivi mes lectures sur la Grèce antique tout au long de l'été en feuilletant les nombreux livres d'art avec un grand plaisir. J'ai enfin relu un best-seller, paru en 1976, "L'été grec" de Jacques Lacarrière dans la collection mythique de Plon, "Terre Humaine". Ce classique du voyage se savoure avec délectation tant la passion de l'écrivain-voyageur entraîne le lecteur dans un circuit culturel à travers la Grèce. Il relate sa découverte du pays en 1947 lors d'un séjour à Epidaure avec sa troupe de théâtre étudiante pour interpréter "Les Perses" d'Eschyle. Des milliers de gens modestes étaient venus écouter cette pièce avec ferveur... Toutes les strates historiques de la Grèce sont présentes dans ce livre intense : l'Ancienne, la Byzantine, l'Ottomane, l'Indépendante et la Moderne. Jacques Lacarrière écrit la chronique amoureuse d'un pays des années 50 à 80 quand les tourisme de masse n'avait pas encore défiguré les paysages et les villes. Ses pages sur Mycènes m'ont préparée à la vision d'un site hors temps et construit par des Cyclopes... "L'été grec" ressemble à un patchwork de textes : journal de voyage, récit d'érudition sans pédanterie, anecdotes amusantes, descriptions émouvantes, rencontres inoubliables. Livre incontournable pour tout amoureux de la Grèce. J'ai feuilleté aussi les deux dictionnaires amoureux, écrits par Jacques Lacarrière : celui de la Grèce et celui de la Mythologie. Jacques Lacarrière, (1925-2005), est un peu oublié aujourd'hui mais ses livres ont rempli les bagages des voyageurs en quête de lumière et de culture antique. Son érudition "non-universitaire", combinée à un style limpide, a ouvert les portes de ce pays d'oliviers, de vignes, de montagnes et de mers. J'ai aussi organisé mon périple avec les guides : le Routard sur la Grèce continentale, le Guide bleu et le cartoville sur Athènes. J'ai même préféré le guide bleu de 1990 à celui d'aujourd'hui car beaucoup d'articles sont signés par les plus grands spécialistes de la Grèce dont Jacqueline de Romilly, Pierre Vidal-Naquet et Pierre Lévêque. Les photos ne parasitent pas les textes et les informations sur les sites archéologiques me semblent toujours pertinentes (à part les horaires de musée...). Grâce à toutes ces lectures, j'ai voyagé dans les pages, et bientôt, j'arpenterai les plages grecques après avoir visité les sites archéologiques de Delphes et de  l'Argolide (Corinthe, Mycènes, Argos, Epidaure)... Je ferai un détour à Egine pour ses pistaches, son musée et son temple face à la mer... Je retrouve mes racines européennes en Grèce comme en Italie et je saluerai une de mes héroïnes préférées : Athéna... 

vendredi 15 septembre 2017

"Une activité respectable"

J'ai découvert, en feuilletant les derniers numéros du Monde des Livres, un article dithyrambique de Jean Birnbaum sur Julia Kerninon et sur son livre, "Une activité respectable", publié aux éditions La Brune au Rouergue. En première page, figurait la photo de la jeune écrivaine et un titre séduisant, "L'enfant perché". J'ai lu cet opuscule de 60 pages avec beaucoup d'intérêt car Julia Kerninon (que je ne connaissais pas) rend un hommage jubilatoire à la lecture, aux livres et à ses... parents. Elle a reçu de sa mère un des plus beaux cadeaux dès l'âge de cinq ans : une machine à écrire ! Quand, dans sa famille, la lecture est au cœur de la vie quotidienne, il est quasi naturel que l'écriture se manifeste au plus tôt dans un milieu favorable. Dès la première page, la narratrice raconte la visite d'une librairie très célèbre à Paris, "Shakespeare and Co", lieu de pèlerinage pour sa mère. Dès l'enfance, Julia lit tous les mots imprimés logés dans les objets domestiques comme les notices des paquets alimentaires. Sa faim dévorante de lire envahit son esprit et elle raconte qu'elle a hérité de cette manie à cause de ses parents qui eux aussi aimaient les livres avec passion. Sa mère devient son "thésaurus" et l'influence pour écrire en combattant sans cesse les clichés. La narratrice raconte : "Je me suis mise à lire pour de bon - à lire partout, partout, dans le bruit, dans le noir, de façon organisée, excessive, trépidante, à sauter de livre en livre comme sur des nénuphars, à étudier toute seule, à mener une enquête". A vingt ans, elle part seule à Budapest après une période agitée pour se consacrer à l'écriture. Un jour, un éditeur l'appelle et accepte de l'éditer. Sa vie d'écrivain va vraiment commencer. Je cite encore ce passage : "Comme des repères, les livres nous mènent à d'autres livres, ils nous font ricocher (...) dans les bibliothèques, dans les librairies, les voir tous côte-à-côte, si nets comme des compartiments dans un columbarium, chacun renfermant une voix, une aria, je ne connais rien de mieux. Je reviens toujours là. C'est tout". Cet ouvrage, écrit dans une fièvre qui contamine le lecteur(trice), montre la naissance d'un écrivain (que je vais suivre dorénavant) qui prend racine dans les livres, dans la littérature et dans l'héritage familial... Ce beau récit autobiographique d'une lectrice-écrivaine éclaire le phénomène mystérieux de l'écriture, un secret dévoilé par Julia Kerninon...

jeudi 14 septembre 2017

Petite balade à Chambéry

Parfois, la ville où l'on vit prend des airs tellement familiers que l'on ne la voit plus. J'habite donc Chambéry depuis 2002 et mon regard s'est fané au fil des années. Quand je vivais loin de la Savoie, le bassin chambérien et le lac du Bourget représentaient mon lieu de vacances privilégié après Biarritz (où l'océan happe mon cœur depuis ma naissance)... Ma belle famille possédait un beau chalet au Viviers du Lac tout près des berges. Du matin au soir, j'admirais le lac parfois d'un calme olympien, parfois agité par le vent et la traverse. Ce chalet a été vendu et j'ai perdu à cette époque vers 2010, un des lieux les plus magiques de ma vie en Savoie. A Chantemerle (joli mot pour ce quartier atypique avec ses petites maisons), j'apprécie la vue sur les montagnes, le calme, l'absence des voitures (beaucoup de retraités logent dans ce quartier depuis les années 60), la convivialité entre voisins (assez rare aujourd'hui) et la proximité du centre ville. Hier, je suis allée à la médiathèque comme à mon habitude (tous les quinze jours) car j'ai besoin de respirer l'odeur des livres et de revenir aux rites du métier (avoir été bibliothécaire ne s'oublie jamais...). Je me balade dans les deux étages de la bibliothèque et je flaire les "bons livres" comme si je cherchais des champignons dans les travées... Après cette visite rituelle, j'ai déambulé dans les rues du centre historique : rue Croix d'or, Place Saint-Léger, rue Juiverie, etc. En une heure, j'aime voir la transformation physique de la ville, ses hôtels particuliers, ses magasins, ses arbres dont les magnifiques platanes près de la Chapelle Vaugelas. J'ai apprécié les sculptures de Livio Benedetti dans différents emplacements (plan offert à l'office du tourisme). Avant de quitter le centre ville, je voulais photographier une plaque qui m'intrigue depuis des années. Elle est située dans une impasse qui donne sur la place et elle évoque "le cercle Alain-Fournier, Numéro 6, 1er étage, Permanence tous les jours de 18h à 19h". Je m'imagine un cercle de passionnés de l'œuvre d'Alain-Fournier qui se réunissaient au début du XXe siècle pour célébrer la littérature. Je ne sais rien sur ce cercle... Un jour, je prendrai le chemin des archives municipales pour apprendre la vérité sur cette association centenaire. J'ai pensé à Alain-Fournier et à son Grand Meaulnes et cette plaque m'a donné envie de relire ce beau roman sur l'adolescence incandescente. Chambéry conserve encore des secrets et mon regard, hier après-midi, a repris des couleurs...

mercredi 13 septembre 2017

Voyager avec Marguerite Yourcenar

Je possède un défaut courant chez les passionné(e)s de littérature : j'accumule des livres au fil des jours et j'éprouve parfois le sentiment de ne plus avoir assez de temps devant moi pour les lire... La lecture dévore les secondes, les minutes, les heures, les jours, les mois, les années, toute une vie. Mais, je ne peux pas consacrer tous mes instants à cette noble et belle occupation... Pour éviter ce vertige du temps quand je me retrouve devant ma bibliothèque, je commence à faire du tri : la liste des "à lire", celle des "lus, sans y revenir", celle des "à relire", celle des "enfin, je les découvre alors qu'ils étaient là depuis longtemps". Ce classement subjectif m'aide à ranger ma bibliothèque et à me délester de certains titres. J'ai donc saisi un volume concernant Marguerite Yourcenar, car j'éprouve en ce moment le désir de retourner sur ses terres littéraires. Je possède les deux pléiades de ses œuvres et je les ouvre régulièrement. J'avais acheté et mis de côté, "Le bris des routines", dans l'excellente et originale collection, "Voyager avec..." des éditions La Quinzaine littéraire, paru en 2009. Michèle Goslar, grande spécialiste de Marguerite Yourcenar, dirige l'essai en question. J'ai retrouvé l'univers "géographique" de l'écrivain dans les chapitres intitulés ainsi : l'Europe, une vaste patrie, l'Amérique et la connaissance de soi, l'Afrique ou un moment de bonheur, l'Asie, à la recherche de sensations nouvelles. Elle a parcouru tous les continents et tous les temps. Son œuvre me fascine et plus, je la fréquente, plus j'approfondis ma connaissance "yourcenarienne" si j'ose dire...  La marque des grands écrivains me semble résider dans ce pouvoir inépuisable de leurs textes où plane l'énigme de leur imaginaire. Elle écrit : "Le voyage, comme la lecture, l'amour ou le malheur, nous offre d'assez belles confrontations avec nous-mêmes, et fournit de thèmes notre monologue intérieur". Chaque escapade de l'écrivain est décrite avec des extraits d'ouvrages, des lettres, des inédits, et même des entretiens avec l'écrivain. Certaines de ses visites font naître des œuvres : l'Italie avec "Denier du rêve" et les "Mémoires d'Hadrien", la Hollande avec "L'œuvre au noir". Elle voyage pour se "décentrer", pour aller à la rencontre d'un autre, de l'étranger, de l'étrange... Partir se transforme en quête initiatique spirituelle.  La stature "académique" de Marguerite Yourcenar l'a enfermée dans une image distante, écrasante, issue de sa classe sociale et de son œuvre érudite. Ce livre montre bien au contraire une femme libre, sans préjugés, écologiste avant l'heure et d'une culture qu'elle partage à satiété... Je vais donc mettre à mon programme hivernal de lectures, les mémoires autobiographiques qu'elle a baptisées tout simplement "Le labyrinthe du monde"...

mardi 12 septembre 2017

Lectures sur la Grèce antique, 1

Je prépare une escapade en Grèce pour la mi-septembre : les grands sites archéologiques du Péloponnèse, Athènes et Egine. J'ai donc établi un programme de lectures sur ce pays où je me sens bien dès que je mets les pieds sur le tarmac de l'aéroport... Allez savoir si l'air que je respire là-bas vient tout droit de l'Olympe où les dieux comme leurs sujets se parfumaient à outrance ! Ce parfum des temps archaïques me chatouille les narines et embaume l'air ambiant, atténuant les odeurs néfastes de la pollution urbaine athénienne. J'ai donc retiré de ma bibliothèque tous mes beaux livres sur l'art que j'ai feuilletés avec plaisir. Je citerai surtout celui d'Alain Schnapp, "Préhistoire et Antiquité" dans l'excellente collection Histoire de l'art, publiée chez Flammarion. Les chapitres sur le monde grec évoquent avec un sérieux universitaire parfois austère l'art minoen, mycénien, les siècles obscurs, la cité archaïque, le moment classique, la Grèce hellénistique. Cette ressource documentaire convient très bien à ceux qui sont déjà allés dans les musées et les sites majeurs du pays. J'ai préféré un ouvrage plus simple, "La Grèce antique" de Stefania Ratto (2007) dans la collection Guide des Arts, chez Hazan, éditeur spécialisé. Le livre d'un format livre de poche propose une approche de la civilisation grecque à partir des œuvres d'art. Des personnages emblématiques, le pouvoir politique, la religion, la vie quotidienne, la mort, la ville, les centres urbains : tous ces thèmes sont illustrés par des sculptures, des vases, des temples, des statuettes, des jouets, des urnes funéraires, avec leur emplacement dans les musées déjà visités en Europe. J'ai retrouvé avec plaisir beaucoup d'œuvres que j'ai admirées dans mes escapades diverses et j'ai toujours ce goût d'apprendre encore sur ces merveilles de l'art antique. Ce guide comporte aussi une carte, une liste des plus grands musées archéologiques (il m'en reste encore quelques uns à découvrir) mais j'ai remarqué que j'avais visité les plus importants : ceux de Paris, Londres, Madrid, Rome, Naples, Berlin, Vienne. Ces ouvrages sur l'art grec ressemblent déjà à un voyage initiatique et ensuite, je marcherai sur les terres de nos Grecs anciens...

lundi 11 septembre 2017

Petite balade dans mon quartier


Parfois, j'ai envie de marcher une petite heure pour m'aérer, je quitte ma maison et je me dirige vers le château de Caramagne. Je pourrais aller en ville mais le bruit de la circulation me gêne un peu et je préfère aussi une certaine solitude dans mon parcours mille fois pratiqué. Je commence par mon quartier d'un calme étonnant à deux kilomètres du centre ville et je m'approche du château. Les montagnes dans mon panorama visuel me servent de repères fidèles et familiers : le Revard, la Chartreuse, la Dent du Chat me suivent des yeux. J'essaie de me projeter dans un décor inédit tellement la sensation du nouveau me ravit toujours quand je voyage. J'efface de ma mémoire la saturation de cet espace car je vis dans ce quartier depuis plus de quinze ans. Je longe la rue Saint-Ombre (belle appellation), je traverse le parc des Cèdres avec son club de tennis et je m'arrête devant Caramagne. Les prés ont été préservés bien que les pelleteuses des promoteurs n'ont qu'une envie : bétonner le quartier car ces gens n'aiment que le profit. Dans un article de Wikipédia, j'ai trouvé l'origine du château : il a été construit au XVIe siècle par un juriste italien, né dans le Piémont dans le village de "Caramagna". Plusieurs familles de nobles ont vécu dans cet endroit. En 1812, Joseph Gillet, un ancien militaire, loue la maison à une marquise anglaise, mariée à un Chambérien. Madame Birch. En 1820, le poète Lamartine se marie avec la fille de la marquise et signera son contrat de mariage dans ce château. Quand je passe devant les grilles de l'entrée, j'admire toujours les colonnes de marbre soutenant la loggia. La fresque de l'entrée à la détrempe illustre l'enlèvement de Déjanire par le centaure Nessus à droite et à gauche, l'enlèvement d'Europe par Jupiter. Ce château appartient à des propriétaires et n'est pas ouvert au public sauf exception lors de concerts. De magnifiques platanes ornent la cour et donnent à ce lieu une poésie mélancolique. Vivre près du fantôme de Lamartine (car il doit revenir de temps en temps) convient à ma nature littéraire et ce château embellit ma petite balade de la journée. Je reviens chez moi en traversant un chemin longeant un bois et une ferme. Bientôt, un lotissement surgira de ce champ car la fermière a pris sa retraite en vendant ses prairies... Mais, le projet n'est pas encore abouti. Je profite donc d'un îlot naturel dans ce quartier encore épargné par les immeubles citadins. Pourvu que cela dure encore quelques années...

dimanche 10 septembre 2017

"Dans une coque de noix"

"Me voici donc, la tête en bas dans une femme. Les bras patiemment croisés, attendant, attendant et me demandant à l'intérieur de qui je suis, dans quoi je suis embarqué". Cette première phrase du roman de Ian McEwan, "Dans une coque de noix", paru en avril 2017 chez Gallimard, résume la situation paradoxale du narrateur, lové dans le corps de Trudy, sa mère. Il commente sa vie embryonnaire avec une acuité et une lucidité remarquables, se posant des questions shakespeariennes. Il raconte la relation sexuelle de sa mère avec son amant qui n'est autre que son propre beau-frère. Le père de l'enfant à naître se nomme John, éditeur de métier et poète sans succès. Sa femme le quitte pour ce frère, Claude, un homme d'affaires inculte et vulgaire. Un complot se trame dans la tête de ce couple : ils veulent se débarrasser de l'encombrant mari et frère. Le narrateur embryon voit tout, entend tout, devine tout mais, il ne peut rien faire. Son impuissance le met en rage. Son pauvre père va être empoisonné par le couple infernal. Cette situation invraisemblable se transforme en thriller haletant. Sa mère se révèle une mégère absolue, sans état d'âme et sans morale. L'amant déteste son frère poète et ne pense qu'à récupérer la maison. Je ne vais pas dévoiler l'issue de cette entreprise mortifère. L'enfant dans la "coque de noix" va-t-il sauver son propre père ? Deviendra-t-il orphelin ? vivra-t-il en prison si la police découvre l'homicide ? Le fœtus enquêteur lutte pourtant pour changer le destin de ces adultes d'une médiocrité affligeante. Le rêve de l'écrivain anglais rejoint-il celui du narrateur ? Il écrit : "Je me considère comme un innocent sur qui ne pèsent ni allégeances ni obligations, un esprit libre, malgré l'exiguïté de mon séjour" ? Ce roman original et atypique, chargé de symboles, m'a semblé moins percutant que l'hallucinant "Samedi" que je considère comme le meilleur McEwan. Mais, je ne manque jamais un seul de ses livres, car il fait partie de ma planète littéraire...

samedi 9 septembre 2017

"Barbara"

Dès que j'ai su que le film sur Barbara était diffusée à l'Astrée de Chambéry, je me suis précipitée dans la salle... Mathieu Almaric signe une œuvre de cinéma rare et unique comme l'était la chanteuse noire, sublime pour les fans, insupportable pour les autres. Jeanne Balibar interprète Barbara d'une façon magistrale, dans sa composition physique comme dans sa voix fusionnelle avec celle de la chanteuse. Les premières images montrent la comédienne à la recherche de la personnalité particulière de Barbara. Cet essai cinématographique raconte la fabrication du film, le scénario, les scènes emblématiques d'une vie consacrée au spectacle. Le réalisateur ne cache pas son émotion paralysante, sa passion pour ces deux femmes qui se confondent dans son imaginaire. Entre les lignes biographiques (que les amoureux de Barbara connaissent par cœur) et les états d'âme de Jeanne Balibar à la recherche d'une interprétation au plus près de l'artiste, le film finit par envouter, par séduire et surtout agit comme une madeleine de Proust. Les chansons de Barbara surgissent et les années 60 à 80 refont surface et transmettent leur message de mélancolie, de beauté et de nostalgie. Barbara et sa solitude, Barbara et ses musiciens complices (sa vraie famille), Barbara et sa folle générosité (elle soutenait les femmes en prison), Barbara et sa lutte contre le sida, Barbara dans ses amples vêtements. La comédienne devient charnellement la chanteuse et parfois, l'illusion est parfaite. Ce film ne se résume pas. Il faut aller le voir à condition d'aimer ou d'avoir aimé cette chanteuse unique, loufoque, excessive, entière et surtout émouvante et attachante. Je l'ai vue en concert au moins cinq fois et je me souviens de la ferveur de son public à Pantin dans les années 80 quand je vivais à Paris. J'ai eu la chance de la rencontrer dans la librairie de Bayonne où je travaillais et malgré le poids de ma timidité envers une telle diva, j'ai discuté de littérature avec elle... Elle est partie avec les mémoires de Simone Signoret. Je me souviens de ses lunettes noires, de son chapeau, de sa cape, de sa démarche chaloupée... Quand je l'ai attendue pour un autographe après son concert, elle m'a reconnue en me baptisant "sa petite libraire" ... Je conserve dans ma mémoire ces images de la chanteuse qui correspondent aux images du film. Un souvenir inoubliable. Pour les vingt ans de sa mort, Mathieu Almaric et Jeanne Balibar nous ont offert un portrait magnifique de Barbara.

vendredi 8 septembre 2017

"Les chemins noirs"

Je ne lis presque jamais les récits de marcheurs cadencés avec leurs bâtons pointus, des baroudeurs encapuchonnés dans leur k-way avec leur gourde suspendue et leur sac à dos de survie...  Les textes de voyageurs m'ennuient un peu. Ces longs périples à pied ressemblent aux pélerinages d'antan aux motivations religieuses et superstitieuses. Je me suis pourtant laissée séduire par le médiatique Sylvain Tesson qui me fait penser à un Nicolas Hulot de la littérature (ce n'est pas un compliment pour moi...). Je n'ai pas encore lu le récit, "Dans les forêts de Sibérie" (400 000 exemplaires vendus), adapté au cinéma récemment. J'ai donc pris par hasard à la médiathèque, "Les chemins noirs" et j'avoue tout de suite que j'ai découvert une plume, un style, une voix même s'il joue un peu trop le "Thoreau" de notre époque. Dès la première page, il raconte l'irruption des ennuis majeurs dans la vie (son accident, le décès de sa mère) alors que son milieu familial ressemblait à un tableau de Bonnard lumineux. Sa chute d'un toit provoque une hospitalisation longue et douloureuse et il s'en sort grâce à sa volonté inébranlable. Il se promet de "remarcher" pour célébrer une santé retrouvée malgré des séquelles importantes. L'homme en marche décide de traverser la France dans une diagonale partant des Alpes du Sud jusqu'aux falaises de la Manche. Ses descriptions géographiques, précises et souvent nimbées de poésie, se lisent avec plaisir et quand Sylvain Tesson rencontre par hasard des "humains", il montre son empathie et sa solidarité envers ces Indiens des territoires abandonnés. Mais, il aime ses chemins oubliés de l'Etat car ils conservent des traces du passé. Il parcourt quotidiennement une quarantaine de kilomètres, parfois en solitaire, parfois accompagné d'un ami. Ses critiques sur une France trop aménagée rythment ses déambulations et son écriture reflète avec sincérité sa philosophie d'une vie buissonnière, hors des sentiers battues, aventureuse et libre. La littérature accueille en son sein ces drôles de personnage, férus d'air libre, de sentiers sauvages et Sylvain Tesson joue à merveille le rôle de Robinson des bois et des champs...

jeudi 7 septembre 2017

La rentrée littéraire

Les revues de septembre mettent en avant la rentrée littéraire avec plus de six cents nouveautés dont seulement une minorité rencontrera le public. La première sélection du Goncourt est sortie hier et la course aux prix a donc démarré et prendra fin en novembre. Lire propose ses coups de cœur et ses découvertes, un entretien avec le Proust norvégien, Karl Ove Knausgaard (que je vais m'empresser de lire) et un dossier sur l'Algérie, vue par les écrivains. La revue a la bonne idée d'inviter ses lecteurs chez un écrivain et elle a choisi la maison de Marc Dugain en Dordogne. Dans les choix de cœur des journalistes, j'ai retrouvé Chantal Thomas, Kamel Daoud, Yannick Haenel, Leonor de Recondo et bien d'autres écrivains remarquables. Je lis avec un plaisir renouvelé la rubrique de Sylvain Tesson qui a mis à l'honneur le beau roman de Philippe Sollers, "Beauté". Le Magazine littéraire copie la revue Lire (ou l'inverse) avec son numéro spécial sur les romans de la rentrée. Sur les dix sept romanciers choisis, je citerai Sorj Chalandon, Eric Reinhardt, Brigitte Giraud. La revue expose dans un article le "triomphe du roman sans fiction", écrit par Pierre Assouline. Un portrait de Christian Bobin comblera les fans de cet écrivain singulier. Jacques Rancière dans un entretien, éclaire sa pensée sur la littérature dans son essai, "Les bords de la fiction". J'ai remarqué avec un très grande satisfaction la célébration du centenaire de Carson McCullers et du cinquantenaire de sa mort (1917-1957). Cette romancière américaine m'avait passionnée dans les années 80 et j'avais lu son œuvre entière dont le bouleversant, "Le cœur est un chasseur solitaire". Une relecture va-t-elle confirmer cet engouement de jeunesse ? Cette "grande voix" du Vieux Sud américain symbolise la soif d'amour jamais assouvie, le sentiment de solitude, l'ambiguïté sexuelle (une audace à son époque). Le Magazine littéraire termine sa revue avec un dossier intéressant sur l'esprit de résistance en évoquant en particulier Jorge Semprun, un de mes écrivains préférés. J'ai pris mon petit carnet bleu pour noter quelques nouveautés de la rentrée : des promesses de belles et bonnes lectures...

mercredi 6 septembre 2017

Une rencontre sauvage au lac du Bourget

Je reviens de la Côte basque où j'ai arpenté pendant une semaine les belles plages de la Chambre d'amour à Anglet jusqu'à Biarritz. Les vagues océanes me fouettent l'esprit tellement j'aime plonger mes yeux dans ses mouvements incessants jusqu'au déroulement final sur le sable fin. Je me suis baignée et j'ai même reçu sur ma nuque quelques coups de massue qui m'ont un peu sonnée... Mais, je ne m'aventure jamais très loin de peur de me laisser emporter par le courant. Ma nage tranquille m'interdit d'affronter les vagues et je n'ai aucun goût des exploits sportifs. En plus, pour se baigner sans danger, je respecte les indications des drapeaux et je ne me hasarde pas hors des limites surveillées. La présence des surveillants me rassure. En septembre, les quelques baignades à la Chambre d'amour m'ont offert des réserves d'énergie pour tout l'hiver. Quand mon avion s'envole et que j'aperçois l'océan au loin, j'éprouve un pincement au cœur. Mais quand je reviens à Chambéry,  la croix du Nivolet, le Revard, la Chartreuse et Belledonne s'offrent à mon regard avec toute leur beauté. Ces paysages de Savoie remplacent mes paysages marins, car au fond, je n'ai pas quitté la nature, le belle nature à fort caractère. Cet après-midi, j'éprouvais une certaine nostalgie pour le bleu, le bleu de l'océan, un bleu-vert-gris et j'ai retrouvé cette palette de couleurs au lac du Bourget. Je suis arrivée aux Mottets, un espace trop aménagé à mon goût (les barbecues gâchent le paysage...), mais je passe vite pour me diriger sur la "plage" rendue à son usage normal : un lieu paisible de promenade où les bruits des voitures ne polluent pas l'atmosphère. Dans le silence retrouvé après l'été, j'aime observer les cygnes, les poules d'eau, les canards et soudain, en levant mon regard, j'ai aperçu un héron blanc sur une branche d'un arbre dénudé, situé dans la roselière. Cette vision exceptionnelle d'un héron (ou une aigrette) au sommet d'un arbre m'a laissée sans voix tant cette rencontre inopinée me ravissait. L'oiseau est resté cinq minutes à observer le lac et a pris son envol, sentant ma présence. J'ai poursuivi ma balade avec cette belle image dans ma tête et je me suis dis : j'ai quitté ma côte basque avec regret mais j'ai retrouvé auprès du lac du Bourget, ce sentiment océanique face au bleu du lac et à ce héron perché. L'océan excite toujours mon esprit, le lac l'apaise. Un bel équilibre au fond !  

mardi 5 septembre 2017

"La compagnie d'Ulysse"

J'ai découvert le roman de Jean-Marie Chevrier, "La compagnie d'Ulysse", recommandé par le Monde des Livres. Il est question d'Ulysse et de trois jeunes hommes, amoureux de théâtre antique et de l'Odyssée. L'histoire se situe dans les années 60, à Guéret, préfecture de la Creuse. Ce roman d'éducation dégage un parfum de nostalgie pour ma génération, née dans les années 50. Un jeune provincial monte à Paris pour entreprendre des études de médecine dentaire. Il rencontre deux jeunes hommes, des vrais parisiens, dans un bar et deviennent une bande de copains, fous de théâtre grec. Ses amis, comédiens amateurs, envisagent de monter une pièce d'Eschyle. Ils partagent tellement l'amour du grec ancien qu'ils décident de partir sur les traces d'Ulysse. En Grèce, ils vivent une aventure unique et se jurent d'y retourner en bateau "antique". Notre Creusois, devenu dentiste, pratique son métier dans la banlieue parisienne, puis retourne dans sa province ennuyeuse. L'amitié entre eux se nourrit de ce projet fou : construire un voilier qui partira de La Rochelle pour la Grèce... Il loue un hangar, recrute un menuisier pour fabriquer ce rêve de jeunesse. Mais, l'époque sent le souffre car, à Paris, les étudiants manifestent et inventent Mai 68. Les trois amis se voient toujours dans l'espoir d'une aventure homérique... Un jour, la révolution des esprits frappe Guéret et provoque un dégât irrémédiable : le bateau est incendié... Plus d'Ulysse et plus de rêve...  le critique du Monde des Livres résume le roman ainsi : "La Compagnie d’Ulysse, de Jean-Marie Chevrier, raconte comment on grandit en cherchant sa voie, son destin, comment on s’efforce de tout garder entre ses bras et comment on s’aperçoit qu’à défaut de choisir, on s’installe dans une vie qui, malgré tout, nous ressemble." Ce livre possède des atouts indéniables : l'histoire d'une amitié, la recherche d'un idéal, l'attirance pour la Grèce antique, le passage difficile dans l'âge adulte avec le "choc du réel". Ce roman empathique, nostalgique et plein d'humour mérite le détour...

lundi 4 septembre 2017

"Lire le monde"

Quand je pratiquais mon métier de bibliothécaire, je lisais des ouvrages professionnels sur les aspects sociaux et culturels du monde des livres, sur le développement des bibliothèques, sur le phénomène de la non-lecture. Il fallait attirer le maximum d'enfants et d'adultes à fréquenter ces lieux de service public alors que les enquêtes sérieuses estimaient que la barre de 30 % de lecteurs serait rarement franchie. Je pourrais citer des dizaines d'ouvrages sur ces questions culturelles. Je les ai oubliés car la mémoire tamise ces textes techniques pour ne conserver que quelques pépites. J'ai pourtant fait une exception avec "Lire le monde, expériences de transmission culturelles aujourd'hui" de Michèle Petit aux éditions Belin. Cet ouvrage se lit facilement et évoque des questions simples et complexes à la fois : "à quoi ça sert de lire ? Pourquoi lire ? Comment devient-on lecteur(trice) ? Comment donner le goût de la lecture ? Michèle Petit écrit : "Ce livre est un plaidoyer pour que la littérature, orale et écrite, et l'art sous toutes ses formes, aient place dans la vie de chaque jour, en particulier dans celle des enfants et des adolescents". Elle présente des initiatives qui permettent de transmettre les pratiques culturelles liées à l'art et aux livres. Ces expériences de terrain démontrent souvent la démarche volontariste des novateurs dans ce domaine. Michèle Petit parle de ces belles rencontres autour de la lecture plurielle. L'essayiste illustre avec de nombreuses citations les raisons pour lesquelles la lecture devient indispensable pour "lire le monde". Elle rappelle la belle phrase de Michel de Certeau : "Lire, c'est être ailleurs (...), c'est créer des coins d'ombre et de nuit dans une existence soumise à transparence technocratique". Elle insiste sur la "fabrication" de l'imaginaire que la fiction engendre comme une naissance au monde et à soi. Michèle Petit croit à ce "braconnage vital" (référence à Michel de Certeau) qui change la vie et transforme une vision étriquée du monde. J'ai retrouvé dans cet essai optimiste, clairvoyant et empathique beaucoup de mes convictions sur les bienfaits infinis de la lecture. Je cite l'auteur pour la conclusion : "J'ai souvent pensé qu'on lisait sur les bords, les rivages de la vie, à la lisière du monde. Dans des temps un peu dérobés, en marge du quotidien. Et qu'il ne fallait peut-être pas faire la lumière sur cette activité, mais lui préserver sa part d'ombre, de secret. Comme à l'amour". A méditer...