jeudi 5 septembre 2019

La rentrée littéraire

Dès la fin du mois d'août, la presse révèle le chiffre des romans qui vont paraître à la rentrée. Encore un nombre effarant : 524 titres mais selon les spécialistes, l'année dernière, c'était encore pire avec 567. Une autre distinction me semble intéressante à ajouter : les romans français passent de 381 à 336 dont 86 premiers romans et les livres traduits restent stables. Qui peut dévorer cette quantité astronomique ? Personne ! Quelques libraires, des critiques littéraires, des passionné(e)s ardents de littérature vont certainement en lire quelques dizaines en les feuilletant et en les abandonnant dès la dixième page. A quoi bon persévérer quand le roman tombe des mains ? Quand je lis la presse littéraire, je remarque vite qu'une cinquantaine d'ouvrages va apparaître dans les choix des journalistes spécialisés. Et dans ces cinquante romans, je retiens pour ma part les écrivains que je lis régulièrement. Je délaisse depuis des années (j'ai peut-être tort) Amélie Nothomb tellement sa présence à la rentrée devient une manie éditoriale. J'ai commencé à lire des nouveautés dès la semaine dernière en les réservant en amont à la Médiathèque de Chambery et j'ai deviné les préférences des lecteurs(trices) sur certains titres. Quand je suis en cinquième position pour un roman, ce titre va avoir du succès. Je me souviens de l'attente pour la saga d'Elena Ferrante : dix à quinze réservations… Il vaut mieux aller en librairie si l'envie est trop pressante pour découvrir une nouveauté. J'aime beaucoup cette période de l'année car la rentrée littéraire ouvre la saison automnale. Je m'en suis rendue compte avec mes hortensias déjà fanés et un peu carbonisés par le soleil déraisonnable de l'été. La rentrée littéraire ressemble à la madeleine de Proust, un parfum d'éternité pour une lectrice comme moi. Les nouveautés représentaient un des moments les plus intenses dans ma vie de libraire où je déballais les cartons avec une curiosité fiévreuse. Quand j'étais bibliothécaire, je partais dans les librairies pour acquérir les ouvrages sur les conseils avisés des professionnels. Notre revue "Livres-hebdo" qui existe toujours devenait un guide précieux. Je plongeais donc avec délices dans cet océan de papier, la rentrée annonçant la vague d'équinoxe, la Belharra, la vague géante du côté de Socoa… Depuis des dizaines d'années, le mois de septembre apporte sa moisson nouvelle de romans et d'essais. Ce phénomène éditorial donne à l'année une couleur particulière, un cérémonial rassurant dans ce monde voué sans cesse au changement perpétuel, perturbant et mouvant. Au moins, la rentrée littéraire revient comme les vendanges automnales, et reviendra, je l'espère, jusqu'à la fin des temps… Pour le bonheur des amoureux de la lecture !