lundi 8 février 2021

Le 1

 La revue "Le  1" a creusé son sillon dans le panorama de la presse. L'équipe de journalistes dont l'écrivain Eric Fottorino, rappelle dans un texte de présentation : "Nous croyons en l'intelligence des lecteurs. En leur capacité à se forger leur propre opinion. (...) Ecrivains, scientifiques, chercheurs, économistes, poètes, artistes, sociologues, réalisateurs, politiques, anthropologues, se confrontent sans jamais s'affronter". Le format de l'hebdo se différencie totalement d'une revue habituelle. En format A4, elle se déplie en format plus grand et ce dispositif original permet des paliers de lecture. Quand l'hebdo est ouvert en format carte routière, le lecteur(trice) peut découvrir "une invitation au voyage, à un ailleurs où l'imagination et le rationnel se réunissent. "Le 1" aborde des sujets de société vus sous des angles divers et à chaque numéro, correspond une seule thématique. Ainsi, les journalistes ont traité à plusieurs reprises du Covid, de la folie, de l'islamisme, de l'extrême-droite, du handicap, des adolescents, de la violence, pour ne citer que les plus récents sujets d'actualité. Tiré à 36 000 exemplaires et sans aucune publicité, le "1" emploie une quinzaine de salariés et sort le mercredi. Ce type de journalisme sans esclandre, ni tapage me semble d'une qualité remarquable. Et comme dans cette équipe de grands professionnels de la presse, la littérature prend un espace régulier. Ainsi, j'ai lu avec intérêt le numéro du 14 janvier intitulé : "Tous en librairie".   Dans l'édito, Julien Bisson revient sur la triste fermeture de ces commerces dits non essentiels en 2020.  Il propose une réflexion sur l'avenir des librairies, un avenir fragile et menacé en France par la concurrence effrénée d'autres médias et du géant amazonien. Il offre une belle définition de la lecture avec une citation de Proust : "Tant que la lecture est pour nous l'initiatrice dont les clefs magiques nous ouvrent au fond de nous-mêmes la porte des demeures où nous n'aurions pas su pénétrer, son rôle dans notre vie est salutaire". Dans la revue, des écrivains s'expriment avec gratitude et remercient les libraires pour leur rôle de passeur, d'initiateur. Ils ont découvert la littérature à leur contact. Vincent Monadé, ancien directeur du CNL, brosse un tableau technique sur le monde des librairies. Il faut savoir que la marge des bénéfices atteint à peine 1% du chiffre d'affaires. Pour parachever l'hommage de l'hebdo, Serge Joncour a écrit une nouvelle réjouissante sur une librairie de quartier où il imagine la présence des écrivains dans ce lieu magique. Un numéro à découvrir et à savourer quand on aime ce commerce si particulier, si important et si essentiel.