mercredi 24 février 2021

Rubrique Série

 Depuis janvier, les nouvelles séries font leur rentrée et ce phénomène de société s'amplifie au détriment des films qui, de toutes façons, ne peuvent plus se voir sur grand écran à cause de la pandémie. En février, je voulais saluer la parution d'une série française, "En thérapie", diffusée sur Arte tous les jeudis. Les réalisateurs, Olivier Nakache et Eric Toledano, se sont inspirés d'une série israélienne, "BeTipul". Les trente-cinq épisodes d'une durée moyenne de 25 minutes se regardent avec un intérêt sans cesse renouvelé. Le personnage principal, le psychanalyste Philippe Dayan, est interprété par un comédien d'une empathie contagieuse, Frédéric Pierrot. Le succès de "En thérapie" repose sur sa présence consolante, résiliente et patiente. Ce soignant à l'écoute se met au service de ses patients pour les soulager de leurs problèmes, ces nœuds intimes qu'il faut démêler grâce au pouvoir des mots. La grande Histoire tragique (les attentats islamistes du Bataclan), percute les vies de deux personnages : Ariane (Mélanie Laurent), une chirurgienne de garde le soir de la tuerie et Adel (Reda Kateb), un policier de la BRI, en première ligne pour éliminer les terroristes dans la salle du Bataclan. Viennent ensuite Camille (Céleste Brunnquell), une jeune nageuse de 16 ans, le couple Léonora (Clémence Poésy) et Damien (Pio Marmai), et la superviseuse du psychanalyste (Carole Bouquet). Télérama révèle que chaque épisode était tourné en un jour et demi, c'était du "jamais vu" à la télévision. Il faut souligner la performance théâtrale de tous ces excellents comédiens. Cette série "démocratise" dans le bons sens du terme quelques notions fondamentales de la psychanalyse à travers les personnages. Ariane tombe amoureuse de son psychanalyste, le transfert est ainsi évoqué. Adel, le policier, symbolise le refoulement d'un traumatisme infantile. Son père algérien l'a caché lors d'une attaque terroriste dans les années noires du pays. Pour réparer ce drame terrible, il va se sacrifier pour défendre son pays et sa famille en partant en Syrie combattre les racines du mal. L'adolescente va mal entre une mère trop présente et un père trop absent. Son accident de vélo est une tentative de suicide déguisée. Le couple se déchire autour de la grossesse de la jeune femme jusqu'à sa fausse couche sur le divan du psychanalyste. Et ils finiront par se séparer. La série ménage le suspens et met aussi en relief les propres problèmes de notre spécialiste de l'inconscient. Sa femme le trompe, ses deux aînés s'éloignent et le petit dernier est en souffrance scolaire. Il traite tous les désordres psychiques, de ses patients et néglige ceux de sa famille. Avec ces 35 épisodes addictifs, la saison se poursuivra peut-être sur un sujet majeur qui bouleverse notre vie quotidienne : la présence du Covid ! Le cabinet de Philippe Dayan ressemblait à une bulle protectrice, un espace de réflexion et d'interrogation. Oui, la vie est parfois semée d'épreuves et heureusement, les "médecins de l'âme" aident les humains à mieux vivre. Cette série rend hommage à ses "aidants" discrets, empathiques et disponibles. Kundera disait dans un de ses romans : "Personne n'écoute personne". C'est pour cette raison que la psychanalyse existe et aussi toutes les thérapies liées à l'écoute...