lundi 11 avril 2011

Edgar Morin, la voie

J'avais remarqué la très bonne place de ce titre dans les listes de vente : "La voie, pour l'avenir de l'humanité" d'Edgar Morin aux éditions Fayard. Ce titre messianique, quasi "religieux", teinté de naïveté et d'utopie me semble bien audacieux. Mais comme je ne crains pas trop la difficulté en lecture, j'ai donc lu ce document cette semaine par petites doses et dans un esprit de disponibilité totale. Ce livre-bilan d'Edgar Morin ne se lit pas facilement malgré un effort de simplification dans les concepts qu'il développe : la mondialisation, la globalisation, les "poly-crises", la métamorphose, etc. Dans la presse, le concept de "politique de civilisation" est évoqué quand on parle d'Edgar Morin. Si l'humanité ne se réforme pas en appliquant les changements nécessaires, on va droit au mur : périls nucléaires, dégradation de la biosphère, retour des famines, conflit etno-politico-religieux.Edgar Morin écrit : "Le probable est la désintégration. L'improbable, mais possible, est la métamorphose". Edgar Morin propose une série de solutions pour éviter le pire et changer de voie. Les hommes et femmes politiques lisent-ils ? Je leur conseillerais ce livre comme programme politique de chevet jusqu'en 2012 : Edgar Morin leur offre gratuitement et à volonté des idées de réforme à saisir ! Je vais vous offrir un extrait qui m'a frappée et qui se situe dans le chapitre "la voie de la réforme de vie" : "Pour les femmes et les hommes des civilisations occidentales et occidentalisées, la réforme de vie est le socle sur lequel devraient converger toutes les autres réformes et celle qui devrait dans le même temps les irriguer toutes. Nous nous croyons civilisés alors que la barbarie s'empare intérieurement de nous dans l'égoïsme, l'envie, le ressentiment, le mépris, la colère, la haine. Nos vies sont dégradées et polluées par le niveau lamentable et souvent calamiteux des relations entre individus, sexes, classes, peuples. L'aveuglement sur soi et sur autrui est un phénomène quotidien. L'incompréhension non seulement du lointain mais aussi du prochain est générale. La possessivité et la jalousie rongent les couples et les familles : que d'enfers domestiques, de microcosmes d'enfers plus vastes dans le milieu du travail, l'entreprise, la vie sociale ! L'envie et la haine empoisonnent la vie non seulement des enviés et des haïs mais aussi celle des envieux et des haïssants. L'inhumanité et la barbarie sont sans cesse prêtes à surgir en chaque humain civilisé. Les messages de compassion, de fraternité, de pardon des grandes religions, les messages humanistes des laïcités n'ont qu'à peine ébréché la cuirasse des barbaries intérieures. Nos vies sont amoindries par l'excès de prose consacrée aux tâches obligatoires qui ne procurent aucune satisfaction, au détriment de la poésie de la vie qui s'épanouit dans l'amour, l'amitié, la communion, le jeu."
j'aurais envie de citer le chapitre entier mais je vous laisse la liberté de retrouver ces pages lumineuses écrites par Edgar Morin.
Ce livre total, Bible du changement et de la métamorphose, trop alarmiste pour certains, trop utopique pour d'autres mérite un grand détour prolongé. Je rêve que les "décideurs" politiques et économiques reçoivent en "cadeau" cet ouvrage-bilan sur le malaise de notre civilisation et appliquent cet ouvrage-programme, véritable "politique de civilisation", qui rime avec espérance et utopie.