mardi 14 mars 2017

"Maudit soit le fleuve du temps"

La littérature scandinave m'a toujours attirée et j'ai proposé au groupe de lectrices qui se retrouvent une fois par mois, quelques romans de cette planète littéraire qui se compose de la Norvège, de la Suède, de la Finlande. J'ai emprunté pour cette occasion un roman de Per Petterson, "Maudit soit le fleuve du temps", édité chez Gallimard en 2010. Cet écrivain norvégien a rencontré le succès avec "Pas facile de voler des chevaux" en 2006 et il a reçu le Grand Prix du Conseil nordique. Quand on commence à lire un roman scandinave, le lecteur(trice) se retrouve dans une ambiance familière et ne ressent pas de difficulté à s'intégrer dans une histoire venue du Nord. Peut-être que notre esprit européen joue son rôle et l'universalité des sentiments et des situations facilite la lecture de nos cousins du Nord. Arvid, le personnage principal, âgé de 37 ans, vit une crise personnelle : il divorce après quinze ans de mariage. Son couple s'effondre malgré la présence de ses deux petites filles. Il apprend aussi que sa mère est atteinte d'un cancer et celle-ci quitte Oslo pour une petite ile du Danemark où elle retrouve sa maison d'enfance. Arvid décide alors de la rejoindre pour reprendre contact avec cette mère silencieuse, peu communicative. Elle accepte avec réticence la présence de son fils et ils vont tenter d'établir un nouveau lien en ces temps fragiles de crise. Les scènes du présent se mêlent aux souvenirs du narrateur : son enfance dans un quartier ouvrier, son engagement politique du côté de l'extrême gauche, sa vie d'ouvrier "maoïste", son premier amour perdu, l'échec de son mariage. Il se dégage dans ce texte-bilan de vie une petite musique mélancolique sur les dégâts du temps concernant les rêves utopiques de la jeunesse, les illusions amoureuses, les relations parents-enfants souvent délicates. Il manque peut-être à ce roman une construction plus claire car les périodes temporelles se télescopent en créant parfois une lecture à tâtons... Per Petterson retient sa plume toute pudique, sans pathos pour décrire les accidents de la vie, les malaises existentiels de chaque personnage. Une voix à découvrir...