mardi 31 juillet 2012

Scandale à la Bibliothèque de Naples

En parcourant le Nouvel Observateur du 12 juillet, j'ai découvert le scandale de la Bibliothèque de Naples. Vrai polar italien, ce scandale révèle l'incurie de l'Etat face à des imposteurs, nommés à la tête des institutions culturelles et qui n'hésitent pas à piller les fonds précieux et rares du patrimoine écrit. Cette lamentable histoire concerne un directeur de bibliothèque, un prêtre intégriste, des conseillers de Berlusconi et même une mystérieuse Ukrainienne. Je ne vais pas détailler les actes malhonnêtes de cette bande d'idiots mais l'important dans cette histoire, c'est la réaction des intellectuels italiens qui ont alerté la Justice. Des milliers d'ouvrages ont disparu dont des merveilles comme une "Divine comédie" enluminée de Dante. Le directeur est en prison ainsi que ses acolytes. Le monde du livre ancien a conservé tout son charme malgré l'engouement de certains pour la lecture sur écran... Un professeur-chercheur a mis fin à ce trafic et le Procureur italien qui a mis tout ce petit monde en prison, s'avérait être un passionné du patrimoine écrit... Mais, je me pose la question suivante : le pillage de la Bibliothèque de Naples est-il unique au monde ? J'en doute fort et j'espère tout de même que les trésors de l'écriture sont bien protégés... j'ai voulu aborder ce fait divers car la presse généraliste évoque très rarement le monde fascinant des bibliothèques patrimoniales. Merci au Nouvel Obs pour cette enquête racontée comme un roman gothique écrit par Umberto Eco avec son génial "Roman de la Rose" !

lundi 30 juillet 2012

Nicoles de Staël à Antibes

Pendant mon séjour à Boulouris, j'avais envie de visiter le Musée Picasso à Antibes et j'ai suivi la Corniche d'or en traversant Cannes et Nice pour rejoindre la très belle cité d'Antibes. Le Musée se situe dans un château des Grimaldi et propose quelques salles sur Picasso, toujours aussi moderne, aussi inventif, génial, foldingue. Mais la salle qui m'a le plus impressionnée est réservée à Nicolas de Staël. Magnifique, extraordinaire, magique.. Les toiles sont tellement vivantes qu'elles nous explosent au visage et nous fascinent. Je suis restée longtemps dans cette salle peu fréquentée par les touristes plutôt intéressés par les Picasso. La cour du musée offre une vue splendide sur la mer et expose des sculptures de Germaine Richier qui se détachent sur un fond bleu marine. La dernière toile immense de Nicolas de Staël s'intitule "Le concert" et moi qui suis passionnée de musique classsique,  j'entendais les notes du piano noir. En sortant du musée, j'ai feuilleté quelques ouvrages dans la librairie d'art et j'ai acheté la biographie de Nicolas de Staël, "Le Prince foudroyé" parue en livre de poche en 1998. J'ai dévoré ce livre écrit par Laurent Greilsamer qui relate la vie mouvementée de ce peintre figuratif-abstrait, atypique, solitaire, orgueilleux. Il a toujours vécu pour la peinture et pour l'art jusqu'au suicide final. Il était seulement âgé de 41 ans. J'ai retrouvé dans cette excellente biographie  très riche d'anecdotes, des figures légendaires de la culture française : René Char, Matisse, Braque, Vieira da Silva, etc. Laurent Greilsamer, journaliste au Monde, évoque avec talent l'enfance et la jeunesse de ce "prince russe", au destin aventureux quand la Révolution bolchévique fait fuir toute sa famille en France. Je reprends la morale de Nicolas de Staël, citée dans la biographie : "Il faut travailler beaucoup, une tonne de passion et cent grammes de patience". Ce peintre d'avant-garde à son époque est devenu une icône et un classique universel pour tous les amateurs de peinture moderne...

dimanche 29 juillet 2012

Les livres-galets

Je suis partie le 14 juillet pour une semaine en bord de mer. Direction : Boulouris, dans le Var, une maison de rêve des années 1920, classée au patrimoine du Littoral de la Corniche d'or. Cette belle demeure bourgeoise possède un charme considérable car elle est située en bord de mer, roches rouges, ponton privé, et terrasses dominant la Méditerranée. Comme cette propriété avait été divisée en quatre appartements, un de ses propriétaires a mis sur un site de locations, ce bel espace de vie qui combinait le confort, le calme, une vue imprenable sur la mer et une proximité de petites plages peu fréquentées. En pénétrant dans le salon spacieux de la maison, j'ai découvert une vaste bibliothèque entourant une cheminée en marbre et couvrant le mur d'une hauteur invraisemblable... J'ai vite compris que ce mur de livres appartenait aux propriétaires de cette maison de maître mais beaucoup de locataires d'été avaient enrichi les étagères. Ces livres ressemblaient aux galets qui couvrent le sable et le littoral. Ces galets de papier avaient été palpés par des mains de lecteurs et de lectrices, rêvassant sur les terrasses en écoutant avec attention le bruit magnifique des vagues paresseuses de ce coin de paradis. J'ai regardé le dos des nombreux ouvrages hétéroclites de cette bibliothèque d'un Capitaine Nemo qui aurait décidé d'abandonner son sous-marin pour s'installer dans cette résidence terrienne. J'ai retrouvé des écrivains classiques en très petit nombre : "Madame Bovary", "Claudine à l'école", un Daudet et tous les titres de Georges Duhamel que tout le monde a oubliés. Je devinais la présence fantômatique des femmes qui dévoraient Françoise Sagan, Christine de Rivoyre, les soeurs Groult, Michèle Perrein, Françoise Mallet-Joris, Des écrivains français très renommés se mélangeaient avec nos femmes de plume : Troyat, D'Ormesson, Déon, Guimard, Denuzière, Cesbron. Quelques livres d'hommes politiques comme de Gaulle et Mitterrand semblaient noyés dans la masse romanesque. J'ai feuilleté des guides de voyage des années 70, des livres anciens du XVIIIème siècle, un beau livre de cuisine. Pour se divertir, je suis tombée sur les inévitables romans policiers : Higgins Clark, Rendell, King, Grangé, Cornwell et Vargas. J'ajoute à cet inventaire, des romans en anglais et des livres pour les enfants. En un mot : une bibliothèque des années 70 et 80, témoin du temps qui passe.  Ces livres ont été abandonnés tels des galets sur ces étagères au gré des goûts des uns, des unes et des autres, vacanciers amoureux de la mer et des livres,  formant une vague de mots aussi rafraîchissante qu'une vague d'eau... Bains de mer, bains de livres, tout un programme parfait pour des vacances en bord de mer. Lire sur une terrasse dans l'accompagnement assourdissant des cigales, sous un pin maritime et face à la mer : à recommander à tout amateur(trice)  de livres-galets !

jeudi 26 juillet 2012

"L'attente de l'aube"

Encore une lecture pour l'été... Le dernier William Boyd, "L'attente de l'aube" possède une élégance incontestable. Le personnage central, Lysander Rief, est un jeune comédien anglais qui, en cette fin d'été 1913, se rend à Vienne pour consulter un psychanalyste afin de résoudre un problème d'ordre sexuel. Il rencontre dans le cabinet de ce médecin viennois, une jeune femme d'une beauté étrange, qui règle très vite son souci personnel. Mais cette rencontre va déclencher une escalade d'événements liés à la guerre de 14. Lysander va devenir un "espion" malgré lui et sera recruté par un trio de militaires gradés. William Boyd raconte cette drôle d'atmosphère liée à l'espionnage en temps de guerre. On va même retrouver Hetty, l'amante de Vienne, revenue en Angleterre et jouant un rôle trouble dans ce chasse-croisé d'espions. Notre personnage subit les épreuves avec une candeur et un flegme "so british". Il doit débusquer un traître au sein de la direction des transports dans l'armée, responsable de la stratégie militaire en France. Ce roman d'espionnage remplit sa mission de divertissement et de parodie du genre sans oublier l'histoire d'amour qui lie le personnage avec une commédienne londonienne, Blanche. J'ai retrouvé la marque d'un bon roman "anglais" tout en préférant "La vie aux aguets", paru en 2007. Lire Boyd reste encore une valeur sûre pour un lecteur qui apprécie la touche "anglaise" de distance, d'humour et de légéreté. L'arrière plan historique est un élément important du roman et cette époque pourtant lointaine nous semble très proche grâce à l'art du roman "boydien"...

mardi 24 juillet 2012

"L'(autre) homme de ma vie"

Voilà un bon roman à lire cet été. Il est disponible en format poche dans l'excellente collection  10/18. Si vous ne connaissez pas l'auteur de ce roman, il faut vite le découvrir. Stephen McCauley a écrit six romans dont "L'art de la fugue", "L'objet de mon affection", "La vérité ou presque". Stephen McCauley possède un talent particulier pour la comédie de moeurs, se moquant souvent du comportement amoureux des homosexuels "mâles" américains. Dans son dernier livre, nous suivons un narrateur fort sympathique qui se nomme Richard Rossi, cadre supérieur dans une société informatique. Richard vit maritalement avec Conrad, un homme d'affaires dans le milieu de l'art. Mais, Richard pimente sa vie de couple en entretenant une liaison "torride" avec un homme marié qu'il voit régulièrement. Les états d'âme de Richard sont des pépites de psychologie amoureuse. Richard, le bigame, apprend que son Conrad a, lui aussi, une relation amoureuse avec un amant rencontré dans ses nombreux voyages d'affaires. Il est temps pour les deux amants de "choisir" : vont-ils rompre ou sauvegarder leur union ? Ce roman peut ressembler à un vaudeville bourgeois qui raconte l'éternelle histoire de l'infidélité. Mais, l'élément nouveau réside dans l'avénement de cette belle révolution contemporaine concernant l'amour "homo" qui ne diffère pas de l'amour tout court...  L'Amérique de Bush est vraiment évoquée avec humour et Stephen McCauley nous embarque dans un univers amoureux plus qu'original !

lundi 23 juillet 2012

Le dernier Woody Allen

Après Barcelone, Paris, Londres, Woody Allen nous offre un immense plaisir en situant son dernier film à Rome. Certains critiques de cinéma ont  été déçus par ce dernier opus  de Woody Allen. Ont-ils vu le film ? C'est à se demander s'ils aiment le cinéma, le cinéma d'auteur, sans spectacle et sans vulgarité. Sacré Woody Allen ! Il m'a vraiment épatée une fois de plus car je l'avoue : je ne manque aucun de ses films et j'aime même les revoir en DVD. En dehors du charme incomparable de Rome, Woody Allen nous raconte l'histoire de quatre personnages qui ne se croiseront pas mais qui vivent tous à Rome. J'ai retenu surtout Roberto Benigni dans un rôle formidable d'un citoyen italien ordinaire qui devient célèbre du jour au lendemain grâce aux médias. Cette parodie de la télé-réalité dans notre société du paraître et de la superficialité est particulièrement réussie. Woody Allen pose aussi avec sa façon élégante et pleine d'humour toutes ces questions : comment vivre en couple, l'amour dure-t-il longtemps,  comment garder la jeunesse en soi, comment se satisfaire de son quotidien, etc. Il évoque aussi la fidélité dans le couple. L'histoire du père de famille qui chante sous sa douche apporte une note loufoque au film. A travers les personnages, pétris de faiblesse, de défauts, de doutes,  Woody dresse un portrait  contrasté de notre condition humaine. Il faut vivre avec humour, véritable soupape de sécurité.  Le charme agit comme toujours sur le spectateur(trice), un charme lié à l'esprit de légéreté et aussi de dérision de Woody Allen. Ne boudons pas le plaisir d'aller au cinéma cet été et ne ratez pas ce film délicieux au goût de glace à l'italienne...

jeudi 12 juillet 2012

"Pourquoi être heureux quand on peut être normal ?"

Ce titre paradoxal associe le bonheur et la normalité dans une question posée par la mère de la narratrice. Jeanette Winterson. figure du mouvement féministe et romancière anglaise a écrit des romans particulièrment percutants : "Les oranges ne sont pas les seuls fruits", "Powerbook", "Garder la flamme", etc, tous édités chez l'excellent éditeur, les Editions de l'Olivier. Je les lirai tous après avoir dévoré cette autobiographie passionnante. Jeanette Winterson nous dévoile son parcours de vie. Bébé, elle a été abandonnée par une mère dépassée. Elle a été adoptée par une femme spécialement "dérangée", obsédée par la religion, portant une haine totale à la vie. Cette mère "déroutante" la pertubera longtemps. Jeanette Winterson analyse son enfance ratée, abîmée, frustante et éprouvante. J'ai apprécié son texte autobiographique car elle fait l'éloge des livres et des bibliothèques, seuls domaines de liberté et d'apprentissage de la vie. Grâce à cette manne culturelle, elle devient écrivaine. Sa lutte incessante contre sa mère adoptive lui donnera des armes pour survivre. Son message est porteur d'espoir. Se reconstruire après cette adoption douloureuse la conduira à reconquérir sa liberte. Elle veut connaître sa vraie mère et  parviendra à réaliser ce projet de la retrouver. Jeanette Winterson dénonce les "diktats" religieux et sociaux, l'enfermement dans une famille dite normale mais qui cache sa vraie nature de méchanceté et de folie. "La vie est faite de couches, elle est fluide, mouvante, fragmentaire", nous dit cette écrivaine anglaise. J'aime vraiment la littérature anglaise et je remarque qu'elle s'enrichit année après année de talents littéraires incontestablement "surdoués". Commencez donc avec cette autobiographie pour découvrir Jeanette Winterson et lisons ses romans dont je reparlerai dans ce blog.

mardi 10 juillet 2012

La lecture libératrice

En lisant le Monde du jeudi 5 juillet, j'ai remarqué un article en page 28, intitulé "Les nouveaux chemins de la liberté", signé Nicolas Bourcier. Le journaliste nous conte une histoire particulièrement savoureuse sur le rôle de la lecture dans le milieu carcéral au Brésil.Un Brésilien, selon les statistiques, lirait deux livres par an. Les trois-quarts de la population ne fréquentent aucune bibliothèque. La Ministre de la Culture du pays a réagi à partir de ce constat peu flatteur pour les Brésiliens : elle menace de supprimer des municipalités si elles n'offrent pas de lieu de lecture pour les citoyens ! Elle propose aussi aux prisonniers d'écourter leur séjour carcéral s'ils se mettent à la lecture. Ce programme, baptisé "La rédemption par la lecture" permet de lire des oeuvres classiques suivies de "dissertations" écrites par ces lecteurs inhabituels. Le journaliste ne nous donne pas de chiffres concernant cette expérience originale. L'idée est tellement bonne qu'il faudrait l'appliquer dans tous les pays : dévorez des livres et on vous donne la liberté en échange. Se cultiver, connaître des classiques, découvrir des textes, plonger dans l'univers des livres, tous ces actes libérent l'esprit et offrent la citoyenneté ou l'art de vivre ensemble. Une autre initiative se déroule en France à Montreuil, ville jumelée avec Diadema au Brésil. Un CD autour de textes mis en musique, réalisé dans des ateliers, est produit et distribué dans les écoles et les collèges de la ville brésilienne. Ce CD porte le beau nom de "Manuel de littérature en(chanté)".... Frédéric Pagès, le responsable de cette initiative nous confie son credo : "on est arrivé à dégoûter toute une génération de la lecture et de la littérature. Il faut renouer une relation intime et de plaisir, presque amoureuse avec les textes". Voilà deux projets mettant en valeur deux des plus belles découvertes humaines : la lecture et la littérature ! Parole de bibliothécaire...

lundi 9 juillet 2012

Barbara, la sublime

L'atelier d'écriture s'est donc achevé le mardi 26 juin et reprendra certainement en début octobre. Pour la dernière séance, Mylène avait préparé une thématique autour de la chanson. Chacune d'entre nous avait des airs dans la tête et des chansons ont fusé de la bouche des "téméraires" qui se sont mises à reprendre des refrains de chansons traditionnelles et modernes. L'ambiance était au beau fixe, un air de vacances avait envahi la salle de la Maison de quartier... Mylène nous a proposé d'écrire une chanson ou un texte concernant un souvenir lié à la musique. Voici mon souvenir :
"Barbara,
Dans ma jeunesse, j'avais comme beaucoup d'enfants des idoles : Adamo, Claude François, tous les yé-yés de l'époque, âge tendre et tête de bois. En franchissant les portes de l'adolescence, je me suis mise à écouter les textes et les "33 tours" ont envahi ma chambre : Brassens, Brel, Nougaro, Reggiani sans oublier la sublime Barbara... Ah, Barbara, elle m'a accompagnée pendant de nombreuses années. J'avais 18, 20, 25 ans et je ne manquais aucun concert entre 1975 et 1985... Après ma licende de lettres, je cherchais un emploi dans le "culturel" et une place d'employée de librairie m'a été proposé à Bayonne. Cette librairie, une vraie institution, s'appelait joliment "Le Livre". Elle était située en plein centre, proche du théâtre municipal et des hôtels confortables. Pendant que je rangeais des nouveautés sur les tables de la librairie, je vois rentrer une grande femme brune, habillée d'une robe longue et d'un châle, le visage caché par d'énormes lunettes noires. Je reconnus dans la seconde ma "Barbara". Elle me demanda le "Signoret", le livre de sa copine, "La nostalgie n'est plus ce qu'elle était", grand succès auprès du  public. Je lui tendais l'ouvrage. J'étais tétanisée, émue, une vraie groupie. Un ami l'accompagnait, peut-être un de ses musiciens et elle lui a offert un livre d'art.  Je lui ai avoué toute mon admiration en bafouillant et je lui ai accordé une remise sur les deux livres qu'elle a achetés. Ella a souri de ce cadeau modeste de ma part et elle est repartie, royale, comme son aigle noir, comme une déesse dans cette rue de Bayonne. Je l'ai suivie longuement du regard. Le soir, je savais que j'assistais à son concert et j'étais sous le charme de sa présence en scène. Quand elle a terminé son concert, je l'ai attendue à la sortie pour une dédicace. Je lui ai tendu le billet qu'elle a signé en me reconnaissant et elle m'a dit alors : "Ah, c'est ma petite libraire !" Ce souvenir de Barbara, je l'ai gardé en moi comme une rencontre lumineuse et précieuse. Et même aujourd'hui, j'éprouve une tendresse particulière pour cette femme généreuse, ombre et soleil à la fois, en un mot : sublime !

jeudi 5 juillet 2012

Revue de presse

J'ai recommandé dans le blog une dizaine d'ouvrages à lire cet été et je complète cette liste en ajoutant l'achat de trois revues qui donnent de très bons conseils de lectures. La première revue, "le Magazine littéraire", propose un dossier approprié pour l'époque : "Eloge du voyage", en compagnie de Montaigne, Sand, Verne, Loti, Segalen, Thoreau, Leiris, etc. On y trouve aussi une grande enquête sur les utopies d'aujourd'hui, des entretiens, des extraits de romans de la rentrée. La deuxième revue, "Lire",  offre une sélection de livres de poche, des critiques des dernières nouveautés et de larges extraits de quinze romans attendus à la rentrée : entre autres,  Lionel Duroy , Olivier Adam,  Simonetta Gregorio, Toni Morrison, (je ne citerai pas les quinze), un beau programme pour septembre... La troisième revue à emporter en vacances concerne une double collaboration entre l'hebdomadaire "Marianne "et "le Magazine littéraire", un Hors-série traditionnel de l'été incontournable pour les amoureux de lecture. Une sélection des meilleurs livres en format poche, un article sur la fin du monde et un inédit de Richard Powers composent la revue. Pour rencontrer de très bons livres, il ne suffit pas d'aller en bibliothèque ou en librairie. Il faut utiliser ces outils de sélection pour piocher de bonnes idées, afin de noter des titres dans un carnet personnel, de compléter des listes d'écrivains à découvrir. Un bon investissement à conserver dans sa bibliothèque et à consulter en permanence.

mercredi 4 juillet 2012

"Soleil de minuit"

En regardant une émission de François Busnel sur la littérature américaine (excellente série par ailleurs), j'ai découvert une écrivaine que je n'avais jamais lue. Il s'agit de Vendela Vida, éditée aux Editions de l'Olivier, californienne de son état et animatrice d''une revue avant-gardiste "The Believer".  J'ai acheté un de ses romans, "Soleil de minuit", paru en 2007 et je n'ai pas été déçue. L'héroïne du livre, Clarissa, découvre à la mort de son père qu'il n'est pas son vrai père. Sa mère a abandonné son foyer quand Clarissa avait quatorze ans. Elle décide de partir sur les traces de son géniteur qui n'est autre qu'un... pasteur finlandais vivant en Laponie. Elle mène une véritable enquête en se rendant en Finlande et nous entraîne dans le pays des Samis, un peuple d'esquimaux. Ce roman américain  paradoxalement détone car Videla Vida raconte une histoire "européenne". Nous sommes loin de la Californie.... Clarissa rencontre des personnages hauts en couleurs : des gardiens de rennes, une femme Sami qui l'accueille et qui jouera un rôle dans le secret de sa naissance. Il fait froid dans ces pages et la quête de vérité de l'héroïne nous tient en haleine. Elle ira jusqu'au bout du monde pour trouver l'identité de son père naturel mais je ne dévolerai pas la fin. Elle apprendra les circonstances de sa naissance et cette découverte transformera sa vie. L'écriture de Videla Vita se caractérise par un emploi économique des mots : simplicité et efficacité. De ce style épuré et sobre, une tension dramatique nimbe le texte et maintient l'intérêt du lecteur(trice). Un roman pour vos vacances... tout en fraîcheur, venu de Laponie.

lundi 2 juillet 2012

Claude Roy..

J'avais envie de re-découvrir la poésie de Claude Roy et j'ai emprunté "Poèmes à pas de loup, 1992-1995" publié aux Editions Gallimard en 1997. J'ai lu ces poèmes avec un sentiment de nostalgie car Claude Roy est mort d'un cancer à 82 ans en 1997. Pour ceux qui ne connaissent pas ce poète-essayiste-écrivain-critique, il faut commencer par son autobiographie en plusieurs tomes : "Permis de séjour", "La fleur du temps", "L'étonnement du voyageur", "Le rivage des jours", "Les rencontres des jours", "Chemins croisés". Ces "livres de bord" démarrent en 1977  et s'arrêtent à sa mort. J'ai vérifié dans Wikipédia des éléments de sa vie : sa jeunesse hasardeuse en politique (tentation ultra-droitiste puis communiste), ses nombreuses facettes littéraires (journalisme, poésie, critique d'art, de littérature, livres pour enfants, théâtre, romans, etc.), sa sagesse légendaire à la fin de sa vie. Cet homme éclectique, polyvalent en littérature mérite d'être mis à l'honneur dans ce blog. C'est un écrivain injustement oublié et souvent considéré comme "mineur" aux yeux des universitaires et des critiques parisiens.  Je ne résiste pas à recopier un poème qu'il a composé sur cette ville que j'aime tant : Venise.
"Les bruits des pas sur San Marco
Donnez-moi seulement le claquement sec
des hauts talons des jeunes filles
sur les dalles de marbre
et les voix de deux passants la nuit
voix qui ricochent s'éloignant d'écho en écho
Donnez-moi le clapotis de l'eau sur les quais
déchiré soudain par le rugissement
d'une barge qui accélère dans le rio
Le moteur du canot tape de l'avant
dans le jaillissement des eaux
Donnez-moi le choc sourd du vaporetto
accostant en cognant au ponton
et la guirlande claire des cloches
qui tressent trois notes dans le ciel transparent
Donnez-moi seulement
le silence d'un chat gris
qui dort sur un puits de pierre blanche
au coeur d'une cour à l'ombre
et peut-être
dans les ricochets des souvenirs
et des jours avec toi
dans le labyrinthe heureux
j'inventerai l'ininventable
Venise"

Claude Roy dans un langage simple réussit à traduire le charme incomparable de Venise...