jeudi 28 avril 2016

"Juste avant l'oubli"

J'apprécie souvent les romans qui évoquent le monde de la littérature. J'ai lu récemment, "Juste avant l'oubli",  d'une jeune femme écrivain (la trentaine...), Alice Zeniter. Elle brosse le portrait d'un double en écriture, un certain Galwin Donnell, entré dans la légende littéraire. Il vivait seul sur une île des Hébrides, au large de l'Ecosse avant de mourir en tombant d'une falaise. Emilie, une étudiante en doctorat de lettres, prépare pendant trois mois un colloque sur l'écrivain dans cette île au climat hostile. Les grands spécialistes de Galwin Donnell sont invités à donner des conférences sur l'œuvre abondante de l'écrivain disparu. Alice Zeniter invente les citations, décrit ses romans jusqu'à la notice de Wiképédia. J'ai même éprouvé un doute en me disant que cet écrivain existait peut-être tellement l'imagination de l'auteur fonctionne grâce à la profusion très maîtrisée d'informations précises sur l'œuvre de cet écrivain misanthrope. Le roman entremêle aussi la relation d'Emilie avec Frank, son amoureux. Il la rejoint dans cet île mais leur couple vacille. Emilie se tourne vers "le grand spécialiste", un professeur d'université, méprisant et imbu de lui-même. Frank comprend alors qu'Emilie va le quitter. Il va se retrouver avec le gardien de l'île qui lui révèle peu à peu le passé peu glorieux du "grand écrivain" de l'île. Je ne dévoilerai pas le secret de la mort de Galwin Donnell. Ce roman-thriller ressemble à un David Lodge, cet écrivain anglais qui décrit le milieu universitaire avec ironie et distance. Il se lit avec plaisir, sans trop se poser des questions existentielles et je remarque qu'Alice Zeniter possède un sacré talent et un humour subtil pour décrire ce monde culturel souvent prétentieux et comique dans une île perdu au large de l'Ecosse. Elle avait obtenu le Prix du Livre Inter en 2013 pour "Sombre dimanche", son roman précédent.