vendredi 19 novembre 2021

Atelier Littérature, 2

Mylène a présenté "L'Africain" de J.M.G. Le Clézio, paru au Mercure de France dans l'excellente collection, "Traits et Portraits". L'écrivain raconte une partie de son enfance à l'âge de 8 ans quand il a rejoint, avec sa mère et son frère, son père, médecin au Nigéria. Ce père s'est montré autoritaire, froid et dur. Mais, ce contact rugueux avec un homme qu'il ne connaît pas est contrebalancé par la présence magique de l'Afrique dans ses dimensions sensorielle et physique. Ce médecin anticolonialiste, de nationalité britannique, né à l'Ile Maurice, est devenu un homme aigri et les retrouvailles familiales ne sont pas passées comme prévu. Cette autobiographie comporte autant de non-dits que de révélations. La fascination du narrateur pour ce continent est née à cette époque-là. J.-M-G. Le Clezio écrit dans ce beau récit : "Ce qui est définitivement absent de mon enfance : avoir eu un père, avoir grandi auprès de lui dans la douceur du foyer familial. Je sais que cela m'a manqué, sans regret, sans illusion extraordinaire". Son talent de conteur et son style poétique ont charmé Mylène et cet ouvrage, paru en 2015, ne peut que plaire aux lectrices de l'Atelier. Sylvie a choisi "La Légende de nos pères" de Sorj Chalandon, publiée chez Grasset en 2011. Cette histoire étrange et originale convoque un biographe professionnel, appelé Frémeaux, sollicité par une femme qui lui demande de rédiger des mémoires de guerre sur son père résistant, nommé Beuzaboc. Le père du narrateur était aussi résistant. Au fil des pages, le biographe a des doutes sur la véracité des faits rapportés par la fille de Beuzaboc. Où finit la vérité et où commence la légende ? Sorj Chalandon possède l'art de raconter des histoires prenantes, percutantes, où le héros n'est pas toujours celui que l'on s'imagine. Sylvie a relevé surtout le style de l'auteur où il sème dans son texte des métaphores parlantes. Dans les nouveautés de la rentrée, Régine avait signalé son dernier roman très fort, "L'enfant de salaud" qui aurait mérité un prix littéraire. Janelou est restée dans la même époque que Sylvie avec "Les lauriers du Lac de Constance" de Marie Chaix (sœur d'Anne Sylvestre), publié en 1978. Ce roman autobiographique évoque le père de l'écrivaine, Albert Beugras, proche du collaborateur Doriot, pendant la guerre. Elle n'idéalise pas ce père hors du commun dans ce portrait et le considère comme un inconnu : "Albert, mon père, collabo, condamné à perpétuité à la Libération. Toi, passionné de l'antibolchevisme, éternel absent, qui étais-tu vraiment ?". Ce récit émouvant montre le poids du mauvais choix sur une famille éclatée. Ce portrait d'un père compromis dans la Collaboration conserve tout son intérêt historique et quand une lectrice de l'atelier remet à l'honneur une écrivaine bien oubliée aujourd'hui, je m'en félicite ! Je relirais ce récit que je n'avais pas oublié car en 1978, j'étais libraire et je me souviens encore du succès et de l'accueil qu'il avait reçu. A redécouvrir. (La suite, demain)