lundi 3 octobre 2016

Escapade à Lisbonne, 2

Je n'avais pas revisité Lisbonne depuis une bonne dizaine d'années et j'avoue d'emblée que la ville blanche a changé de visage... Elle s'est modernisée, branchée, connectée à la planète mondialisée. La révolution "Easyjet" a mis cette Dormeuse du Tage à deux heures de Paris, Lyon, Nantes, Toulouse, Lille et je ne parle même pas des Anglais, des Allemands, des Japonais,  toujours présents dans n'importe quelle capitale européenne. Lisbonne est devenue une cité cosmopolite et touristique comme Barcelone, Venise, Londres, etc. J'ai même rencontré un couple de retraités nantais qui confondaient le Douro et le Tage... Sans commentaires. Beaucoup de jeunes hommes ou des groupes de filles viennent faire la "movida", la fête alcoolisée dans les virées entre les restaurants et les boîtes de nuit. Le coût de la vie au Portugal permet ces fins de semaine où les jeunesses européennes se côtoient. Malgré ces inconvénients que l'on retrouve dans de nombreuses capitales, Lisbonne mérite toute notre admiration car les Lisboètes gardent leur calme, leur gentillesse, leur sollicitude envers les "étrangers" étranges qui s'extasient dans les vieux trams de la capitale avec la légendaire ligne 28, utilisée à outrance par les envahisseurs nostalgiques des transports des années 50 :  inconfortables, bruyants et au fond, d'une simplicité merveilleuse perdue aujourd'hui. Les cars jaunes des touristes fonctionnent aussi dans un entre soi sécurisant mais quand on circule dans une métropole, mieux vaut prendre le métro, les bus électriques et les trams modernes pour se mêler aux habitants. La métropole concentre près de trois millions de Portugais dont cinq cent mille intra muros. Mes premières images de la ville ont ravivé les premiers souvenirs des années 2000 : les rues pentues et étroites, la vie partout sur les façades avec le linge suspendu, les chats installés sur les fenêtres, les femmes affairées, les garçons avec la balle au pied, les drapeaux du pays pour affirmer la fierté portugaise, les bars et les épiceries ouverts tard, très tard la nuit. Pour les amoureux du silence, il vaut mieux s'abstenir ou visiter la ville de sept heures du matin à dix heures... Lisbonne se transforme en musique contemporaine : le cliquetis des trams, les sirènes des bateaux, les klaxons des voitures, les camions de poubelle, les maisons ouvertes sur les rues, les voix humaines. Un fait m'a frappée aussi en découvrant les murs de la ville recouverts de milliers de tags dont certains sont même baptisés de "Street art". Entre les grues qui travaillent à la réhabilitation des immeubles et les chantiers des futurs trams, la ville offre une image dynamique, fiévreuse et en construction, d'une modernité avant-gardiste. J'ai éprouvé aussi et malgré la foule de touristes, un grand sentiment de sécurité avec une présence discrète de policiers. Le plus grand spectacle de la cité lisboète reste malgré tout le fleuve, Tage, Tejo en portugais, majestueux, large de onze kilomètres, ressemblant à une mer intérieure, un lac géant sur lequel les voiliers, les ferries, les cargos, les paquebots se croisent dans un ballet aquatique permanent. Je pouvais suivre de ma terrasse les traces écumeuses de ces bateaux sillonnant le fleuve en amont, vers l'océan, d'une rive à l'autre. Une cité adossée à un fleuve presque marin m'a toujours attirée comme à Porto avec son Douro. J'aborderai dans les billets de la semaine mon escapade lisboète en évoquant les beaux sites visités, les découvertes inattendues, les figures littéraires, les peintres, les librairies, et le Tage, fil conducteur de mon séjour ensoleillé, très ensoleillé...