lundi 29 novembre 2010

Un autre amour

J'ai oublié de citer une écrivaine irlandaise que j'apprécie beaucoup : Kate O'Riordan. J'avais lu "Les pierres de mémoire" que j'avais trouvé excellent et je le recommande encore.
J'ai fini son dernier roman, "Un autre amour" ou l'histoire d'un couple apparemment sans histoire avec leurs trois fils ados. Kate O'Riordan nous décrit un couple aimant, des fils à "petits" problèmes comme tous les ados (sauf exception), une amie fusionnelle avec cette tribu typique d'aujourd'hui dans un Londres de bobos. Mais, Connie (l'épouse modèle) et Matt (le mari modèle) partent à Rome en amoureux et là le destin va basculer... Je n'en dis pas plus pour éviter de dévoiler la fin du roman tout en finesse psychologique et en rebondissements inattendus. Les écrivaines irlandaises ont un sacré talent !

vendredi 26 novembre 2010

Choix du Point

La fin de l'année approche et la presse hebdomadaire nous livre souvent des listes des meilleurs livres de l'année 2010. En janvier 2011, je donnerai mon choix personnel sur au minimum les vingt livres qui m'ont touchée en 2010. Pour la revue Point, je relève dans la catégorie des romans l'incontournable Houellebecq (c'est bizarre cet engouement unanime), David Vann, le dernier Don DeLillo, Jean d'Ormesson (que je n'ai jamais eu la curisosité de lire). Je note dans mon carnet deux titres à découvrir : "En attendant Babylone" de Amanda Boyden, roman très prometteur d'une jeune américaine, et "Purge" de Sofi Oksanen, déjà bien signalé par la critique. Dans la catégorie essais, je remarque le dernier essai d'un philosophe original, Alexandre Jollien, "le philosophe nu". Et je vois le "Dantzig", écrivain-critique... Je me suis précipitée en librairie pour son "Pourquoi lire", jubilatoire et réconfortant sur la lecture. Je constate une autre surprise pour moi : l'autobiographie de Patti Smith, "Just kids". Cette grande dame du rock me touche beaucoup car je l'ai vue à Biarritz en 1979. Aujourd'hui,je n'écoute que de la musique baroque (le côté rock de la musique classique !)mais j'ai gardé une grande tendresse pour Patti Smith, la seule rockeuse mythique qui a du souffle, une voix magnifique, une sensibilité de poète (elle admire Rimbaud),et son physique androgyne est toujours à la mode malgré sa soixantaine bien sonnée. Je salue mon frère qui adore Patti Smith et qui lit en ce moment son autobiographie.
Mon programme de lectures 2011 comportera déjà des titres puisés dans cette liste...

mardi 23 novembre 2010

Crépuscule irlandais

Ce roman d'Edna O'Brien, grande dame de la littérature irlandaise, possède un charme fou. J'ai toujours suivi les écrivains irlandais, surtout les écrivaines (Jennifer Johnston, Molly Keane, Iris Murdoch, Deidre Madden, Nuala O'Faolain) qui possèdent une force et une rugosité héritées de ce pays. L'histoire entrelacée d'une mère et de sa fille nous captive dès le début. La mère, Dilly, est partie tenter sa chance à New York (très beau passage de l'arrivée des immigrants au début du siècle),et revient au pays en rêvant tout au long de sa vie de cette échappée audacieuse.Elle se marie, fonde une famille. Eleanora, sa fille rebelle et libre, vivra une vie de romancière célèbre, loin de la morale stricte de son pays d'origine. La relation mère-fille repose sur un amour non-dit, maladroit et secret. A la fin du roman, Dilly, devenue malade, et Eleanora, enfin présente et disponible, vivent un échange profond. Je cite la dernière phrase du livre : "Le crépuscule fond sur elle dans cette cuisine, dans cette obscurité partielle, la douce et belle lumière d'un instant de proximité ; la franchise d'âme, la magnanimité d'âme, qui traverse craintivement l'univers et craintivement fond sur nous."
La traduction est une grande réussite ((Pierre-Emmanuel Dauzat) et j'apprécie beaucoup le catalogue de l'éditrice Sabine Wespieser, le format des livres, la qualité des couvertures toutes simples et élégantes.
Encore un roman écrit par une femme qui parle des femmes (les hommes ne sont pas des héros admirables) et qui aborde l'essentiel.

lundi 22 novembre 2010

Indignation

Dès que paraît un Philip Roth, je m'empresse de l'avoir dans mes mains et je suis toujours "épatée" par ce génie de la littérature américaine ! Le prix Nobel ne l'a pas encore distingué : mais qu'est-ce qu'ils attendent ? Ce roman réussi est assez court (195 pages) et vous prend du début à la fin.Philip Roth situe son roman en 1951, en pleine guerre de Corée. Marcus Messner poursuit ses études au Winesburg College, dans l'Ohio. Il fuit son père autoritaire et rigide et n'a qu'une obsession : étudier pour améliorer son sort. Mais l'intégration à l'université se révèlera très chaotique. Son origine juive, sa timidité maladive, sa peur des femmes, son refus du conformisme ambiant vont lui compliquer sa vie d'étudiant. On retrouve les thèmes de Philip Roth à travers ce portrait de Marcus dans une Amérique figée dans ses certitudes religieuses et morales. La fin du roman que je ne dévoilerai pas illustre le pessimisme de Philip Roth mais la littérature sert à dénoncer les travers et les absurdités de l'Histoire avec des résonances actuelles et indiscutables sur son pays. C'est évidemment un des meilleurs romans de 2010...

Lectures de novembre

Voici ma liste de lectures de novembre :
- "Qu'as-tu fait de tes frères ?" de Claude Arnaud
- "Mamita" de Michel del Castillo
- "Le sel" de Jean-Baptiste Del Amo
- "Indignation" de Philip Roth
- "Crépuscule irlandais" d'Edna o'Brien
- "Maudit soit le fleuve du temps" de Per Petterson
Dans mes billets précédents, j'ai parlé du Claude Arnaud et de Michel del Castillo.
Quand je vais "jusqu'au bout d'un roman", c'est donc pour moi un bon roman et parfois un excellent roman...

jeudi 18 novembre 2010

Michel Del Castillo

J'ai une tendresse particulière pour Michel Del Castillo. L'ensemble de son oeuvre littéraire tourne autour d'une obsession liée à la Guerre d'Espagne, les liens familiaux détruits, la perte, le deuil, l'enfance meurtrie, l'abandon.Comme je possède des racines "espagnoles", les romans "autobiographiques" de cet écrivain résonnent en moi et me touchent particulièrement. Son dernier opus raconte l'histoire d'un grand pianiste célèbre qui reste à tout jamais marqué par la personnalité trouble et troublante de sa Mamita (le titre du roman). On ne se remet pas facilement d'une enfance solitaire et singulière. Le personnage principal se débat sans répit au sujet de cette mère "rouge" et "noire" : quel rôle a-elle joué en 36 à Madrid, pourquoi a-elle pu fuir en France, pourquoi a-elle abandonné son fils de huit ans en pleine guerre ? Le portrait de cette mère fuyante et superficielle tient lieu de fil conducteur. Michel Del Castillo possède cette musique intimiste et délicate qui m'a toujours "charmée". Le mal-être du personnage finira par se diluer et il trouvera enfin une certaine sérénité grâce à l'amitié et au piano. La musique tient une grande place dans le livre et dès qu'un écrivain aborde la guérison par la passion de l'art musical, je suis définitivement conquise.

Mon prix Goncourt

Si vous suivez l'actualité littéraire, vous avez remarqué que le Prix Goncourt a couronné un écrivain audacieux, polémiste et misanthrope. Je l'aime bien, Michel Houellebecq avec sa maladresse verbale, ses tics et manies de vieux célibataire exilé en Irlande. Son roman "La carte et le territoire" se lit avec plaisir et met en scène sa propre mort sous forme de meurtre. Ce roman avait déjà du succès et c'est vraiment dommage que ce prix lui soit attribué. Si j'avais fait partie du jury, j'aurais défendu avec passion le livre de Claude Arnaud, "Qu'as-tu fait de tes frères" aux Editions Grasset. Ce choix aurait vraiment montré la liberté des membres de l'Académie pour qui le jeu était déjà plié. Il leur fallait Houellebecq à leur palmarès pour la postérité.
Je vous livre le résumé abrégé du livre de Claude Arnaud
"Au milieu des années soixante, entre Boulogne et Paris, un enfant s'ennuie.
Il est curieux, versatile, vibrant, timide. Il passe ses journées à lire et ses nuits à scruter les étoiles, sous le regard ironique de Pierre et Philippe, ses brillants aînés. Mai 68 : Paris se soulève, le garçon de douze ans rejoint la Sorbonne et l'Odéon. Il abandonne son prénom pour devenir Arnulf l'insaisissable, découvre les paradis artificiels et l'amour avec les deux sexes, se change en agent révolutionnaire puis en oiseau de nuit...
L'euphorie collective se mue en tragédie intime, la décennie de poudre tourne aux années de plomb. " Notre seul devoir est de faire tout ce qu'on nous a interdit de faire " : le cadet se demande pourquoi il a réchappé à ce programme, que ses aînés ont suivi jusqu'au drame.
Ample, ambitieux, ce roman ressuscite la vitalité presque suicidaire d'une génération nourrie de pop-rock et de drogues, d'amour libre, d'excès revendiqués et d'utopies. Qu'as-tu fait de tes frères ? est la confession d'un enfant d'une époque qui continue de hanter notre imaginaire"
Ce roman "générationnel" très bien écrit et d'une puissance romanesque indéniable offre un condensé de toutes les errances de la génération de 68. Et j'ai même retrouvé des souvenirs personnels quand j'ai suivi quelques cours du séminaire d'Hélène Cixous où nous étions envoûtés par son langage, ses idées et sa façon de nous décrypter la force de la littérature.
Je décerne à Claude Arnaud l'ensemble des prix littéraires : le Goncourt, le Médicis, le Fémina, le Renaudot et les autres...

mercredi 17 novembre 2010

Sur la lecture

J'ai retrouvé dans un livre un bout de papier sur lequel j'avais relevé une phrase de Guy Debord reprise par Philippe Sollers (dixit un gentil lecteur de mon blog) dans un interview du Nouvel Obs : "On ne sait écrire que si on sait lire, mais pour savoir lire, il faut savoir vivre. La lecture est un magnifique art de vivre. C'est pourquoi une tyrannie bien organisée ne souhaite pas qu'on sache lire. Lire, vraiment lire, c'est se réveiller. La lecture est un acte de conquête."
Cette citation résume à merveille mon seul véritable engagement avec mon féminisme basique. Lire constitue mon loisir essentiel... Si je ne lis pas au minimum trois heures par jour, ma journée n'est pas une journée réussie ! Et comme je lis tous les jours mon quota d'heures, mes journées sont donc réussies d'un point de vue "lecture"...

mardi 16 novembre 2010

Absence

Je n'ai rien écrit depuis le 28 septembre pour des raisons terriblement tristes car j'ai vécu quelques semaines auprès de ma mère qui a quitté ce monde après une maladie, le cancer, nouvelle peste moderne qui, heureusement, peut être éradiquée, mais pour ma mère très âgée, c'était trop tard et il ne fut pas possible de la sauver. Dans ce contexte éprouvant, on ne peut pas écrire, ni se concentrer, ni avoir des idées. La perte essentielle des parents (mon père a disparu en 1998) est un traumatisme profond, un tremblement de l'être car on perd aussi avec eux son enfance, sa jeunesse, tous les moments partagés en famille et cet amour souvent inconditionnel des parents pour leurs enfants. Leur présence nous servait de "bouclier" et là, on se sent orphelin et perdu. Je pense à mes frères et à ma soeur avec qui, dorénavant, je partagerai les souvenirs de nos parents.
Le temps atténuera certainement le chagrin, mais ce chagrin particulier se greffe dans le coeur comme une écharde qui gêne la respiration quand on pense à la vie d'avant la perte définitive.
Ce mois de novembre réputé dépressif a tenu sa promesse et s'est transformé en épreuve douloureuse. Malgré la tristesse et le deuil, je reprends l'écriture pour partager mes découvertes considérant ce retour comme un hommage à mes chers disparus.