jeudi 15 novembre 2012

Atelier d'écriture

Nous avons repris la direction de l'atelier d'écriture ce mardi 13 novembre et Mylène nous a proposé des exercices sur les jardins. Il fallait fouiller dans notre mémoire pour raconter notre jardin idéal, réel ou imaginaire. J'ai choisi un souvenir  de mon enfance et je l'ai intitulé , le jardin du curé Legrand :
Petite fille, mes parents ne possédaient pas de jardin. Nous habitions dans des maisons-commerce. Le bar-café était au rez-de-chaussée et les chambres au premier étage. Pourtant, c'était un vaste labyrinthe de pièces souvent délaissées. Mais, pas un seul brin d'herbe dans mon environnement immédiat. Le seul jardin qui, à mes yeux d'enfant, existait vraiment, jouxtait ma petite école, composée de trois salles de classe au confort sommaire. On vivait simplement pendant les années Cinquante. Les élèves filles, disciplinées et formatées à la religion catholique, n'osaient pas pénétrer dans le jardin du curé Legrand, un curé au tempérament de feu, jovial et grand organisateur de notre vie au village. Malheur à celui ou celle qui manquait la messe et les vêpres ! Son jardin entourait le presbytère et il le soignait avec une ardeur religieuse. Des plates-bandes en pierre dessinaient un chemin de terre traversant un coin potager, où poussaient des pieds de tomates, des haricots verts, des poireaux, des pommes de terre et des citrouilles. Des marguerites, des arums, des pivoines, des roses agrémentaient avec un désordre heureux les petits coins du jardin. Quand on est enfant, on ne connaît pas le nom de toutes les fleurs. Des arbres fruitiers, cerisier, poirier, prunier, figuier, plantés ça et là, apportaient la fraîcheur de l'ombre dans ce jardin presbytérien. Mais le moment que j'attendais le plus dans la journée d'école était la corvée de charbon. Un poêle par classe chauffait l'atmosphère et il fallait le remplir de petites boules noires qui s'amoncelaient dans la cabane, située dans le jardin. Je me désignais pour la corvée et avec mon seau, je pénétrais enfin dans cet espace de nature domestiquée par les mains du curé. Je m'exilais ainsi une bonne demie heure et je trouvais que ce petit jardin de rien du tout, ce modeste et insignifiant jardin de curé, valait le Boboli de Florence ou le Luxembourg à Paris. Un vrai paradis, ce bout de verdure..