vendredi 22 avril 2011

L'été 76

En 1976, Benoît Duteurtre, le narrateur du roman "L'été 76" est un adolescent en classe de seconde. Il vit dans une ville de province un peu ennuyeuse comme toutes les villes de cette époque. Ce livre est une histoire d'éducation, d'ouverture à la vie en particulier amicale, amoureuse et sociale. Les références de ces années soixante-dix font écho à nos propres souvenirs : les années de lycée, les années à l'université, le démarrage difficile de la vie professionnelle. Hélène, un des personnages du roman, fascine le narrateur par son côté rebelle, libérée et politisée, genre gauche extrême. Elle a soif d'absolu, de justice, d'amour. C'était l'époque après 68... Il découvre la vaste vie de la culture, la poésie, le surréalisme, le monde de la musique rock et de la musique contemporaine. Tout est évoqué : les émois timides de la puberté, les doutes de l'adolescence, la naissance de la personnalité adulte. Son cheminement ressemble à des millions de chemins empruntés par des adolescents, à la recherche du bonheur, de la rencontre des autres. Et surtout dans ces années déterminantes du lycée, le narrateur éprouve l'angoisse de s'égarer dans un choix professionnel qui ne correspond pas à son rêve. Il devait devenir médecin de campagne, il sera "artiste". Je cite un passage que l'on trouve dans le prélude nerveux : "Pourtant chaque fois que je revenais ici, chaque fois que je respirais la fougère enchantée, je retrouvais ce moment de ma vie, entre quatorze et dix-sept ans, où s'étaient précisés mes goûts, mes passions, et j'éprouvais une curieuse mélancolie heureuse et vibrante, comme cette petite lumière toujours vive de mon passé." Ce beau texte sur un passé retrouvé dans les années soixante-dix d'une France où, quand on était jeune, on voulait s'exiler à Paris pour vivre pleinement, découvrir la planète culture et s'énivrer de liberté.
Ce livre m'a replongée dans l'atmosphère de cette France coupée en deux blocs Paris-province. J'ai moi-même quitté ma région natale pour découvrir Paris en 1981 où j'ai vécu deux ans, qui furent déterminants et qui ont changé ma vie. Cela sert à ça, la littérature, retrouver le temps passé, vivifier les souvenirs, revivre ces bouts de vie perdus. Benoît Duteurtre nous offre une sonate nostalgique en composant dans le "postlude songeur" : "C'est pourquoi chaque détail de notre vie fugitive me paraît plus précieux que les rêves de transcendance, les prosternations devant l'au-delà, les invocations aux forces mystérieuses. Et c'est pourquoi je voudrais en retrouver la substance et l'émotion suspendues, comme je les retrouve aujourd'hui, en arpentant la montagne magique et en respirant ces fougères anisées- les mêmes que je respirais à quinze ans, dans l'enchantement de la poésie er de l'amour naissant."
Livre charmant, livre intimiste, il vous aidera à revivre des fragments de votre passé proche ou lointain...

jeudi 21 avril 2011

Olive Kitteridge

Sous ce drôle de prénom et de nom, Olive Kitteridge, se cache un personnage romanesque attachant. Dès que cette femme entre en scène, le lecteur attend ses réactions en souriant tellement Olive est toujours à contretemps. Elle est mariée à Henry, pharmacien plus que patient et aimable. Elle est professeur de mathématiques assez tyrannique avec ses élèves et connaît tous les habitants de la petite ville où ils habitent. Leur fils Christopher étouffe dans l'ambiance familiale et part loin d'eux, se marie, divorce, se remarie sous les yeux ébahis d'Olive qui ne comprend absolument pas le désamour de son fils unique à son égard. Chaque chapitre du roman raconte un micro-drame : un couple se sépare, une famille se déchire, un meurtre passionnel par ci, une fugue par là. La petite ville vit, souffre, respire à travers une galerie de personnages que l'on ne voit qu'une seule fois comme dans une série de nouvelles dont le souffle me rappelle Raymond Carver. Olive Kitteridge sert de fil conducteur et le lecteur la retrouve, soit comme spectateur de la scène, soit comme personnage principal. Cette fresque polyphonique s'étale sur trente ans et Olive Kitteridge finira par se réconcilier avec elle-même, en découvrant à la fin de sa vie que l'empathie pour les autres, la paix et la sérénité peuvent enfin la rendre heureuse. Ce personnage dominé par la colère et l'esprit de contradiction mène une guerre contre les préjugés et les faux-semblants dans une Amérique de classes moyennes. Ce roman est écrit par une jeune romancière américaine, Elizabeth Strout, et son livre a reçu le prix Pulitzer en 2009. Ce beau roman s'inscrit dans la lignée de Carson Mac Cullers, "Le coeur est un chasseur solitaire", un chef d'oeuvre de la littérature américaine. Elizabeth Strout a écrit un premier roman "Amy et Isabelle" que je vais m'empresser de découvrir. La littérature américaine nous offre très souvent des beaux romans où le lecteur se retrouve comme dans un monde familier, proche de nos modes de vie et de pensées. L'Océan atlantique n'est qu'un lac plus grand que celui du Bourget (où je vis) et nos rives littéraires nous sont communes...

mardi 19 avril 2011

Simone de Beauvoir

En lisant le journal "Le Monde", je relève l'anniversaire de la disparition de Simone de Beauvoir en 1986, il y a donc vingt-cinq ans. L'article en question est un interview de Geneviève Fraisse qui nous parle de l'oeuvre philosophique de Simone de Beauvoir. Philosophe elle-même, directrice de recherches au CNRS, Geneviève Fraisse démontre l'influence capitale de Simone de Beauvoir sur la question des femmes et du féminisme. Quand Josyane Savigneau lui pose la question : "Pensez-vous que nous soyons dans une période de régression, non seulement du féminisme, mais de la situation des femmes dans les pays occidentaux ?" la réponse est claire, nette et sans bavures : Geneviève Fraisse répond : "Oui". Sans commentaires. Vingt-cinq ans après la mort de Simone de Beauvoir, une femme-phare pour toutes les féministes historiques, la réponse de Geneviève Fraisse fuse comme une vérité cinglante et glaçante. Il faudrait "convaincre" tous les partis politiques pour que cette question des droits des femmes fasse partie de notre identité laïque, citoyenne et républicaine. Le féminisme est une vague de fond qui devrait pénétrer la société dans son ensemble.
Simone de Beauvoir nous manque et nous manquera toujours mais ses idées demeurent et je me félicite que des intellectuelles de l'université, des chercheuses, des pionnières poursuivent son oeuvre et deviennent des "passeuses", des "éclaireuses" qui honorent et perpétuent l'héritage si précieux, si unique de cette grande dame du féminisme universel.

vendredi 15 avril 2011

Le palais des livres

Encore un titre de livre qui attire immédiatement le regard d'une passionnée de livres comme moi ! Roger Grenier est un écrivain d'une élégance, d'une discrétion et d'une subtilité rares, une voix tchékhovienne en littérature. Il a d'ailleurs écrit une biographie sur Tchekhov avec lequel il partage des affinités électives comme "compositeur de nouvelles"... J'emploie le verbe composer car Roger Grenier ressemble à un musicien digne de Chopin ou Schubert. Sa mélancolie rime avec son sentiment de nostalgie, nostalgie du temps des "grands" écrivains, de la vie littéraire, de l'histoire autour de la littérature. Ces thèmes se retrouvent dans son oeuvre comme des airs de musique que l'on aime écouter à l'infini. Son dernier livre "Le palais des livres" est une longue confidence, à mots couverts. Les chapitres sont découpés de la façon suivante : "le pays des poètes", "l'attente et l'éternité", "s'en aller", "vie privée", "écrire l'amour", "encore", etc. Les titres des chapitres résument le contenu du livre : une conversation éclairée sur la vie intime des écrivains. Roger Grenier nous parle de Balzac, Flaubert, Stendhal, des contemporains connus ou inconnus du public. Son essai fourmille agréablement d'anecdotes sur la vie des siens, lui qui les a fréquentés constamment. Roger Grenier pilote le comité de lecture de Gallimard et sa place au sein de cette vénérable vieille dame de cent ans lui octroie un privilège royal : vivre au centre de la vie littéraire française depuis au moins cinquante ans... Je cite un des passages qui m'a semblé significatif sur le roman : "Qu'est-ce qu'un roman en fin de compte ? c'est une sorte de miroir qui reflète à la fois la vie intérieure la plus intime de l'auteur et un aspect du monde extérieur. C'est une façon de démonter la réalité pour la recomposer autrement, afin d'en donner une image plus vraie, je veux dire une image qui puisse être utile au lecteur, lui apprendre quelque chose sur le monde et sur lui-même. La vie à l'état brut est souvent trop incohérente, trop mystérieuse aussi, pour que l'on puisse en tirer un enseignement. La vie, décomposée et recomposée à travers le prisme du roman, nous permet de réfléchir. Plus les satisfactions d'ordre esthétique et l'émotion, l'effusion sentimentale qu'il nous apporte".
Lisez donc ce très bel essai d'un maître en littérature et découvrez son oeuvre disponible chez Gallimard. Les très bonnes librairies et bibliothèques proposent des titres de Roger Grenier : ouvrez les pages et laissez-vous bercer par son style et ses histoires...
Quelques titres :
- "Regardez la neige qui tombe" Impressions de Tchekhov, essai
- "Albert Camus, soleil et ombre", essai
- "Il te faudra quitter Florence", roman
- "Instantanés", essais
- "Andrélie"
- "Le temps des séparations" nouvelles.

jeudi 14 avril 2011

Brooklyn

Colm Toibin est un écrivain irlandais âpre, au goût un peu sauvage à l'image de son pays si particulier... Son dernier roman, publié chez Laffont dans l'excellente collection "Pavillons", nous raconte l'odyssée d'Eilis, jeune fille sans travail, qui s'expatrie en Amérique dans les années 50. Le thème de l'exil a souvent été traité mais Colm Toibin réussit à l'incarner sous la forme d'un portrait très juste, touchant d'une jeune fille, qui part loin des siens, et découvre une planète complètement différente à Brooklyn. Elle travaille dans un magasin de vêtements grâce à l'entremise d'un prêtre irlandais, lui aussi exilé. La jeune fille, complétement déboussolée, vit dans une pension, sous la protection de sa logeuse. Eilis éprouve un sentiment de nostalgie à la limite de la noyade au tout début de son séjour. Puis, elle va cheminer vers un existence "normalisée" avec des sorties entre pensionnaires , son travail et ses cours de comptabilité. Elle rencontre un jeune homme italien, gentil et qui tombe amoureux d'elle. Mais la mort de sa soeur Rose l'oblige à interrompre son séjour et rentrer au pays. Son fiancé, de peur de la perdre, la demande en mariage et Eilis accepte. En revenant en Irlande, elle retrouve son monde familier, convivial et traditionnel. Va-t-elle choisir de rester ou de repartir ? Si vous voulez en savoir plus, lisez ce roman attachant et classique dans sa forme. L'auteur décrit avec minutie la vie quotidienne des années 50, la traversée de l'Atlantique, la découverte de cet univers américain si excitant, la place de la famille, des traditions. La liberté peut faire peur... La littérature irlandaise me donne toujours l'impression du "grand air", comme en bord de mer... Laissez-vous transporter dans les années 50, très vintage aujourd'hui et passez un bon moment avec Eilis et Colm Toibin. Un beau portrait de femme, une réflexion sur l'exil, l'éloignement, la liberté.

mardi 12 avril 2011

Jocelyne François, la discrétion incarnée

J'ai découvert l'oeuvre de Jocelyne François il y a fort longtemps, une petite trentaine d'années. Cette femme écrit une oeuvre littéraire en toute discrétion. La presse littéraire mentionne de temps en temps un de ses romans, ou un de ses essais. J'ai lu cette semaine quatre ouvrages d'elle : son "Journal 1990-2000, une vie d'écrivain", publié en 2001, "Le Solstice d'hiver : journal 2001-2007", un essai sur "Arpad Szenes", artiste peintre et compagnon de ma chère Vieira da Silva et le dernier opus, "René Char, vie et mort d'une amitié" aux Editions de La Différence, publié en 2010. J'ai toujours aimé les journaux intimes écrits pas des écrivains. Jocelyne François nous livre ses pensées, sa vie au quotidien avec ses bonheurs et aussi ses angoisses, la vie de ses "grands" enfants, les rencontres artistiques et littéraires, la vie de sa compagne Claire et son oeuvre picturale, ses commentaires de l'actualité du moment. Le journal toujours écrit avec subtilité, simplicité et naturel devient une conversation amicale avec le lecteur comme une rencontre complice. Pourtant, je ne décèle aucune impudeur, aucune révélation fracassante : sa vie d'écrivain est surtout nourrie de lectures, d'amitiés choisies et de travail d'écriture. Je vous cite ce passage : "Aimer lire, aimer les livres, c'est exercer sa liberté, son appétit véritable." Le journal daté 2001-2007 nous apporte un écho plus grave, plus émouvant avec l'apparition de la maladie, des deuils familiaux. Malgré les difficultés, Jocelyne François a foi dans l'écriture et donne une place majeure à cette art de vivre. Son regard sur la peinture et sur la poésie ressemble à un fil conducteur sensible, comme une basse continue dans toutes les pages. Quand elle parle de René Char ou d'Arpad Szenes et de Vieira de Silva, je me retrouve encore dans un situation privilégiée de confidente et d'amie. Si vous ne connaissez pas l'oeuvre de Jocelyne François, il faut lire :
- "Les amantes" 1978
- "Joue-nous Espana", Prix Fémina 1980
- "La femme sans tombe" 1995
- ses journaux et ses poèmes.
J'ai cherché les oeuvres de Jocelyne François dans les deux bibliothèques municipales que je fréquente et je n'en croyais pas mes yeux : je n'ai trouvé aucun livre d'elle dans les catalogues. Il faut croire que les livres de cette femme-écrivain, éditée pourtant au Mercure de France ne mérite donc pas sa place dans les rayons ? Quelle injustice et surtout quel oubli de la part des bibliothécaires ! Evidemment, les acquisitions se portent davantage sur les livres "que les lecteurs sollicitent" (et encore...). je pense pour ma part que c'est une preuve d'"incuriosité" littéraire et de facilité. Heureusement qu'il nous reste quelques librairies et bouquinistes pour diffuser des écrivains qui ne sont pas sur la liste des meilleures ventes mais qui rencontrent leur public par "miracle...
Découvrez donc l'univers de Jocelyne François et j'espère que vous apprécierez sa voix trop discrète, trop secrète mais si touchante quand on a eu la chance de la rencontrer.

lundi 11 avril 2011

Edgar Morin, la voie

J'avais remarqué la très bonne place de ce titre dans les listes de vente : "La voie, pour l'avenir de l'humanité" d'Edgar Morin aux éditions Fayard. Ce titre messianique, quasi "religieux", teinté de naïveté et d'utopie me semble bien audacieux. Mais comme je ne crains pas trop la difficulté en lecture, j'ai donc lu ce document cette semaine par petites doses et dans un esprit de disponibilité totale. Ce livre-bilan d'Edgar Morin ne se lit pas facilement malgré un effort de simplification dans les concepts qu'il développe : la mondialisation, la globalisation, les "poly-crises", la métamorphose, etc. Dans la presse, le concept de "politique de civilisation" est évoqué quand on parle d'Edgar Morin. Si l'humanité ne se réforme pas en appliquant les changements nécessaires, on va droit au mur : périls nucléaires, dégradation de la biosphère, retour des famines, conflit etno-politico-religieux.Edgar Morin écrit : "Le probable est la désintégration. L'improbable, mais possible, est la métamorphose". Edgar Morin propose une série de solutions pour éviter le pire et changer de voie. Les hommes et femmes politiques lisent-ils ? Je leur conseillerais ce livre comme programme politique de chevet jusqu'en 2012 : Edgar Morin leur offre gratuitement et à volonté des idées de réforme à saisir ! Je vais vous offrir un extrait qui m'a frappée et qui se situe dans le chapitre "la voie de la réforme de vie" : "Pour les femmes et les hommes des civilisations occidentales et occidentalisées, la réforme de vie est le socle sur lequel devraient converger toutes les autres réformes et celle qui devrait dans le même temps les irriguer toutes. Nous nous croyons civilisés alors que la barbarie s'empare intérieurement de nous dans l'égoïsme, l'envie, le ressentiment, le mépris, la colère, la haine. Nos vies sont dégradées et polluées par le niveau lamentable et souvent calamiteux des relations entre individus, sexes, classes, peuples. L'aveuglement sur soi et sur autrui est un phénomène quotidien. L'incompréhension non seulement du lointain mais aussi du prochain est générale. La possessivité et la jalousie rongent les couples et les familles : que d'enfers domestiques, de microcosmes d'enfers plus vastes dans le milieu du travail, l'entreprise, la vie sociale ! L'envie et la haine empoisonnent la vie non seulement des enviés et des haïs mais aussi celle des envieux et des haïssants. L'inhumanité et la barbarie sont sans cesse prêtes à surgir en chaque humain civilisé. Les messages de compassion, de fraternité, de pardon des grandes religions, les messages humanistes des laïcités n'ont qu'à peine ébréché la cuirasse des barbaries intérieures. Nos vies sont amoindries par l'excès de prose consacrée aux tâches obligatoires qui ne procurent aucune satisfaction, au détriment de la poésie de la vie qui s'épanouit dans l'amour, l'amitié, la communion, le jeu."
j'aurais envie de citer le chapitre entier mais je vous laisse la liberté de retrouver ces pages lumineuses écrites par Edgar Morin.
Ce livre total, Bible du changement et de la métamorphose, trop alarmiste pour certains, trop utopique pour d'autres mérite un grand détour prolongé. Je rêve que les "décideurs" politiques et économiques reçoivent en "cadeau" cet ouvrage-bilan sur le malaise de notre civilisation et appliquent cet ouvrage-programme, véritable "politique de civilisation", qui rime avec espérance et utopie.

vendredi 8 avril 2011

Danièle Sallenave, nouvelle académicienne

Danièle Sallenave a été élue à l'Académie française. Elle sera la septième Immortelle après Jacqueline de Romilly, Marguerite Yourcenar, Hélène Carrère d'Encausse, Assia Djebar, Simone Weil, Florence Delay. Sept femmes et trente trois hommes : ce déséquilibre reflète bien l'inégalité entre les hommes et les femmes dans notre pays dit très avancé... J'éprouve toujours un sentiment de révolte quand je vois partout dans le monde politique, social, économique, la place toute petite des femmes, un vrai scandale !
je reviens à Danièle Sallenave que j'admire beaucoup en tant qu'écrivain et "féministe" aussi. Je reprends quelques extraits de sa biographie officielle :
- née à Angers en 1940, normalienne, agrégée de lettres et traductrice de l'italien,
- elle tient depuis 2009 une chronique hebdomadaire, le vendredi, sur France Culture.
- lauréate du prix Renaudot en 1980 pour "Les portes de Gubbio" et du Grand prix de littérature de l'Académie française en 2005 pour l'ensemble de son oeuvre
- elle est aussi membre du jury du prix Femina.
- elle a par ailleurs enseigné la littérature et l'histoire du cinéma à l'université Paris-X Nanterre de 1968 à 2001.
- fille d'instituteurs, auteur de plus d'une trentaine d'ouvrages, avait été à partir de 1983 un des écrivains phares de P.O.L avant de rejoindre Gallimard en 1988.
- son dernier ouvrage, "La vie éclaircie", paru en octobre 2010, est un livre d?entretiens avec la Canadienne Madeleine Gobeil dans lequel elles évoquent l'éducation, les livres et la création littéraire, le théâtre, les femmes et les hommes, l'histoire et la politique.
- en 2009, Danièle Sallenave avait publié "Nous, on n'aime pas lire", fruit de ses rencontres avec des enseignants et des élèves, dans des contextes difficiles mais loin des clichés. Cette expérience était née d'une opération organisée par la Ligue de l'enseignement et le ministère de l'Education, consistant à envoyer des écrivains dans des collèges difficiles classés "Ambition réussite".
La vie de Danièle Sallenave ne répond qu'à une seule logique, une seule vocation : sa passion des livres, de la littérature, de la culture. L'Académie française reprend des couleurs avec cette nouvelle Immortelle...

jeudi 7 avril 2011

Aimé Césaire, son "âme" au Panthéon

Hier, j'étais devant mon écran de télévision pour suivre l'hommage de la nation à Aimé Césaire, grand poète de la Martinique et de la France. Pour une fois que l'Etat célébrait un poète, je n'ai pas manqué cet événement rarissime dans notre République. Le Panthéon est le temple des Grands Hommes comme Jean Moulin, l'Abbé Grégoire, Emile Zola, Victor Hugo et une seule femme(hélàs)... Marie Curie. J'avoue que je n'ai pas beaucoup lu Aimé Césaire. A l'écoute des comédiens qui lisaient divers extraits de son oeuvre poétique, je me rendais compte de la beauté de la langue française. Ces poèmes éclataientt dans nos oreilles comme une musique chatoyante et tonitruante. Les images claquaient et nous révèlaient un univers "volcanique" comme la Martinique. Notre Président, pas toujours à l'aise dans le monde de la culture, s'en est bien sorti dans l'hommage qu'il a rendu (écrit par qui ?), un hommage simple et chaleureux, loin de la grandiloquence à la "Malraux". Si le discours avait été trop "lyrique", il aurait nui à l'héritage d'Aimé Césaire, homme de gauche, issu d'un milieu plus que modeste et qui, grâce à l'école républicaine et à la découverte de la culture par les livres, est devenu cet homme politique de convictions et ce grand poète de la fierté "noire". Maintenant que l'hommage est terminé pour l'éternité "panthéonisée", le lecteur curieux et amoureux de la langue française, loin des médias et de l'événement solennel, devrait acheter un "poémier" de Césaire en librairie ou en emprunter à la bibliothèque. Il vaut mieux maintenant lui rendre un hommage discret et recueilli loin de la foule, loin du tumulte parisien. Notre belle République, un bien commun inaliénable, a fait naître des hommes et des femmes, d'origine souvent modeste, qui, grâce à l'éducation, sont devenus des artites, des écrivains, des poètes. Cet hommage a dépassé les clivages politiques et sociaux : on assistait pendant la cérémonie de très haute tenue à la victoire de la culture sur la barbarie, la place de la poésie étant enfin reconnue. Le Panthéon abrite désormais un deuxième poète après Hugo. Beau moment de civilisation dans ce monde si chaotique !

mardi 5 avril 2011

1001 livres qu'il faut avoir lus dans sa vie

Cet ouvrage, publié chez Flammarion, fait partie d'une collection amusante : "les Les 1001 livres qu'il faut avoir lus", "les 1001 merveilles de la nature", "les 1001 tableaux qu'il faut avoir vus", "les 1001 jardins", "les 1001 oeuvres classiques qu'il faut avoir écoutées", etc. Je "collectionne" les bibliographies qui recensent les livres à lire, (certainement une influence de mon ancien métier de bibliothécaire). Quand je consulte les 959 pages de ce gros livre, les oeuvres citées sont surtout des romans classés par siècle. Il recense pour la littérature française nos grands classiques, de Rabelais à Rousseau, de Balzac à Stendhal, de Flaubert à Maupassant, nos trésors nationaux à lire absolument. Il faut savoir que cet ouvrage est traduit de l'anglais et propose un choix à prédominance anglo-saxonne évidente. Je ne vais pas citer toutes les langues représentées mais pour notre littérature, les auteurs ont ciblé l'essentiel surtout pour le XXème siècle : tous ceux que j'admire sont au rendez-vous : Larbaud, Colette, Martin du Gard, Proust, Giono, Camus, Gracq, Yourcenar, Gary, Duras, Perec, Modiano, Kundera, Quignard. Et d'autres écrivains que je ne lis plus (je ne les citerai pas...) Au XXIème siècle, le seul qui représente notre langue, c'est l'inévitable Houellebecq... Le lecteur peut utiliser cet outil pour découvrir les écrivains étrangers. J'ai retrouvé un bon nombre de romans anglais et américains que j'avais lus. J'ai aussi remarqué des écrivains qui ont marqué le vingtième siècle en profondeur : Thomas Mann, Virginia Woolf, Joseph Conrad, Franz Kafka, Herman Hesse, Hemingway, Faulkner, etc. Le vertige me prend quand je mesure l'étendue de mes "non-lectures", de mes ignorances et de mon manque de temps pour découvrir ces romans. Je réclame plusieurs vies au "Bon Dieu" pour m'installer sur un canapé et me plonger dans toutes ces merveilles littéraires. Heureusement que j'ai commencé à lire à l'âge de 1o ans (grâce à ma mère) où j'ai dévoré toute les collections rose, verte (surtout Jules Verne) et les classiques français au collège, au lycée, à l'université et après tout au long de ma vie de libraire, de bibliothécaire et de retraité qui s'adonne à cette passion fondamentale... Le livre est illustré par des photos d'écrivains et des jacquettes des livres à leur sortie. Voilà un bel objet, un guide de voyage planétaire à la portée du lecteur insatiable !

lundi 4 avril 2011

Roland Barthes, un été à Urt en 1978

J'ai lu cet essai sur Roland Barthes avec beaucoup d'intérêt. J'éprouve un attachement particulier pour cet intellectuel atypique des années 70-80 qui avait une place quelque peu marginale dans le panorama de l'époque où Sartre, Beauvoir, Lévi-Strauss, Lacan, Foucault dominaient les sciences humaines... J'ai lu dans ma jeunesse le célèbre et incontournable "Mythologies", publié en 1957 et qui revient en grand format illustré aujourd'hui. J'ai dévoré le poignant, troublant, mystérieux "Fragments d'un discours amoureux" devenu un grand classique, et le récit "autobiographique" plus qu'original du "Barthes par lui-même" dans la collection mythique "Les écrivains de toujours" au Seuil. Roland Barthes avait un point commun avec mon identité "géographique" : il a vécu son enfance à Bayonne et s'est installé à Urt dans une maison de village, sa "résidence secondaire". Il a décrit la lumière du Sud-Ouest comme un grand amoureux de ce territoire qui m'est cher. Jean Esponde restitue avec émotion et admiration un moment "béni" d'un été à Urt, dans son bureau où il travaillait méthodiquement. Il se délassait en se promenant et en écoutant de la musique classique. J'ai longtemps imaginé Roland Barthes dans sa "tour de Montaigne", en Aquitaine. Le récit relate ce dernier été, vécu par Roland Barthes et nous fait partager cette intimité "littéraire" et quotidienne : repas, sieste, rencontres au village, sentiment du deuil de sa chère mère, contemplation : une vie retirée comme il en rêvait pour écrire son... premier roman qu'il n'a pas eu le temps de composer. Il est mort peu après avoir été renversé par une camionnette à Paris en 1980. Il avait 65 ans. Jean Esponde a un talent subtil et empathique. Le lecteur partage en toute intimité le quotidien serein et tranquille de Barthes loin de Paris et des tentations urbaines. Ce livre-hommage charmant et nostalgique a ravivé mes propres souvenirs. Comme je suis "originaire" de "Bayonne-Biarritz-Anglet", j'ai souri en lisant l'évocation de l'Adour, du chocolat-chantilly de la pâtisserie Cazenave (ma mère adorait aussi y aller...), des parties de pelote basque, de Biarritz et de la gentillesse des gens de là-bas... Ceux qui aiment Roland Barthes doivent absolument lire ce récit publié aux Editions Confluences. Et ceux qui ne connaissent pas Roland Barthes devraient le découvrir en commençant par lire ce livre.

vendredi 1 avril 2011

Revue de presse

Commme tous les débuts de mois, j'achète mes revues mensuelles :
- "Lire" avec un dossier sur Bernard Pivot à l'occasion de la sortie de son autobiographie alphabétique, "Les mots de ma vie" que je vais m'empresser de découvrir au plus vite. Bernard Pivot a marqué ma vie de lectrice et j'avoue que je regrette depuis des années sa célébrissime émission du vendredi "Apostrophes" dont j'étais une téléspectatrice fidèle. Ce journaliste-critique fait partie du patrimoine "français" de la culture. Son bon sens, son côté convivial (amateur de vin...), sa gentillesse, sa simplicité qu'il doit tirer de son Beaujolais natal ont fait de lui un "gentleman" des lettres. Il nous a invités chez Marguerite Yourcenar, il a dialogué avec Marguerite Duras, et toutes les rencontres qu'il a organisées autour de la littérature nous ont guidés dans nos lectures.
- "Le Magazine littéraire" avec un dossier très riche sur Milan Kundera à l'occasion de la parution de sa "Pléïade" en deux tomes et un grand entretien avec Antonio Lobo Antune, grand écrivain portugais.
- "Philosophie magazine" : une enquête sur l'amour, et des articles d'actualité sur le Japon et les révolutions arabes.
Mes trois magazines nous proposent des sommaires printaniers alléchants...