lundi 17 octobre 2022

Escapade à Vienne, 1

La semaine dernière, je me trouvais à Vienne, l'impériale et j'ai ressenti dès mon arrivée les impressions que j'avais vécues en 2016 : la même propreté à l'aéroport et en ville, l'exquise politesse des Autrichiens dans les trams, dans les rues, dans les restaurants, dans les musées. C'est peut-être de ma part une vue de l'esprit. Mais, à Vienne comme à Rome, l'ambiance générale semble bien plus calme et plus sereine que chez nous. La veille de notre départ, l'Autriche s'est choisi un Président écologique et j'ai essayé de suivre les actualités du pays à travers les quelques affiches dans les avenues. Dès mon arrivée à l'hôtel, en plein centre-ville du côté du Rathaus (la mairie), je suis partie me promener dans le Graben, le quartier central de Vienne. Les musées fermant très tôt à 18h, j'ai quand même visité la "Stefandoms", la cathédrale Saint-Etienne de style gothique, bâtie en 1137. Sa toiture est composée de tuiles vernissées en motifs linéaires. La flèche la plus haute culmine à 136 mètres. Visiter une cathédrale de ce type demande des explications architecturales assez complexes entre le nombre de chapelles, de retables, le culte des Saints, la présence des anges, des apôtres, la nef splendide, les orgues. Parfois, j'avoue que je regarde cette somptueuse mise en scène de la foi chrétienne avec une admiration incrédule. Qu'une religion ait engendré tant de traces artistiques prouve bien l'adage populaire selon lequel "la foi soulève les montagnes". Dans ces rues piétonnes où le commerce international fait rage avec toutes les marques célèbres d'un chic à l'ancienne, la foule déambulait dans sa diversité devant les terrasses de café bondées. Au centre de la Stephansplatz, un monument m'a attiré l'œil : la colonne gigantesque votive de la peste, la Pestsäule, d'une expressivité toute baroque, car une vieille "sorcière" est terrassée par un ange. Je suis étonnée qu'un mouvement féministe ne proteste pas contre cette image dégradée des sorcières... Plus loin, j'ai remarqué avec émotion sur la place Judenplatz, le Mémorial de la  Shoah, réalisé par la sculptrice britannique, Rachel Whiteread, inauguré en 2000. Ce monument cubique de 10 mètres sur 7 représente des rayonnages de bibliothèque remplis de livres dont le dos est tourné vers l'intérieur, les titres n'étant pas lisibles. Cette "Bibliothèque sans nom" symbolise les vies interrompues de 65 000 Juifs autrichiens, assassinés par les nazis entre 1938 et 1945. Seuls les noms macabres des camps sont gravés sur le sol. L'austérité et la discrétion de ce monument accentuent l'émotion qui s'en dégage. J'ai ensuite longé le Parlement, siège des deux chambres du pouvoir autrichien, le Conseil national et le Conseil fédéral. Inspiré de l'architecture grecque avec la déesse Athéna en vigie civilisatrice, cet immense édifice néo-classique fût bâti en 1884.  J'étais étonnée de ne voir aucune voiture de police à ses abords. Pour terminer la soirée, j'ai découvert un Café viennois, le Eiles, près de l'hôtel, vieux de 177 ans, fréquenté par des parlementaires et jadis par l'écrivain, Thomas Bernhard. Décor vintage, vieilles machines à café, caisses enregistreuses anciennes, serveurs en costumes, pâtisseries traditionnelles, les clients et clientes savourent davantage l'ambiance cosy et confortable (et sans musique tonitruante vulgaire) que la cuisine autrichienne à part leurs gâteaux succulents...