lundi 15 juin 2015

"Et la fureur ne s'est pas encore tue"

Je n'avais jamais lu Aharon Appelfeld, et j'ai découvert cet écrivain à l'occasion d'un article sur la littérature en Israël dans le Magazine littéraire. Son ouvrage le plus connu, "Histoire d'une vie" a obtenu le prix Médicis en 2004. "Et la fureur ne s'est pas encore tue" a été publié en 2008 aux Editions de l'Olivier. Agé de 50 ans, l'heure des bilans, le narrateur, Bruno Brumhart raconte sa vie. Un accident l'a privé d'une main et cet handicap physique le différencie des autres enfants. Il subit les agressions et les moqueries à l'école. Dès son enfance, il apprend donc le rejet des autres, la violence sociale et l'intolérance traumatisante. Ses parents sont des juifs communistes et militent dans la clandestinité. Il raconte dans ses souvenirs de collégien les paroles blessantes de l'antisémitisme qui régnait à cette époque avec une virulence inouïe. Il entend à l'école le cri prémonitoire :  "Mort aux Juifs, mort aux manchots" et cette guerre permanente à son égard symbolise la menace qui va peser sur les siens quelques mois plus tard. L'escalade de la terreur démarre avec l'interdiction de l'école pour les enfants Juifs. Puis, le jeune garçon et sa mère doivent vivre dans le ghetto. Il participe à l'organisation des vivres et redistribue les denrées recueillies aux plus faibles. Après un an et demi de vie dans ce ghetto, tout bascule dans l'horreur des camps. Il fait partie des travailleurs qui montent les baraquements et l'on pressent la mise en place de l'extermination des Juifs. Quand les Russes libèrent les camps, Bruno s'enfuit avec des camarades et vit en forêt pour survivre dans cet enfer. Il ne retrouvera jamais ses parents, disparus sans laisser de traces. Cette première partie du livre concerne donc sa jeunesse et à la fin de la guerre. Dans la deuxième partie du récit,  Bruno relate son mariage raté avec Regina et il la quittera aussitôt. Il se lance ensuite dans la création d'agences à travers le monde pour venir en aide aux rescapés des camps. Cette mission le conduit à Naples où il transforme un château pour accueillir les survivants. Il évoque plusieurs personnages émouvants qui ne se remettront jamais de ce passé horrible. Ce roman étonnant m'a donné envie de découvrir les autres titres de cet écrivain hanté par l'Holocauste. Quand je découvre une nouvelle planète littéraire, je me sens comme un astrophysicien dénombrant une nouvelle étoile...