mercredi 18 mai 2016

Retour de Vienne, 3

Vienne et le Baroque : je ne pouvais pas faire l'impasse sur ce mouvement artistique qui se manifeste partout dans le centre-ville : fontaines en marbre, palais fastueux, façades en stuc doré, fresques colorées sous les voûtes des passages, présence du marbre, décorations florales dorées. Les Viennois voulaient mette en scène et fêter leur foi chrétienne. Ils s'inspiraient évidemment de leur proche voisin, l'Italie. Deux institutions symbolisent l'esprit baroque de Vienne : la Bibliothèque nationale d'Autriche (Nationalbibliothek) et la Karlskirche. Je ne pouvais pas éviter la bibliothèque, située dans le Hofburg car les guides indiquaient bien qu'elle fait partie des plus belles institutions baroques au monde. Charles VI l'a commandée en 1726 et sa statue trône au milieu de la salle d'apparat que l'on appelle la Prunksaal. Près de 200 000 livres anciens, tous reliés en cuir, habillent les murs et les plafonds ont été peints par Daniel Gran à la gloire de l'empereur. Des superbes globes terrestres illustrent l'esprit encyclopédique du XVIIIe siècle. En tant qu'ancienne bibliothécaire, je ne pouvais qu'admirer cette bibliothèque splendide. On pouvait prendre des photos car j'avais été frustrée de ne pas saisir ces images du savoir à l'Escurial et à Coimbra. Mon Lumix s'est donné à cœur joie en figeant pour l'éternité ces étagères où des livres nourrissaient l'esprit des lecteurs. Des escaliers en bois permettaient d'atteindre les volumes les plus hauts et des meubles bas étaient disposés pour recevoir des atlas gigantesques. Une visite indispensable et émouvante pour les amoureux des livres dans cet écrin magnifique. La deuxième surprise est venue de l'église Saint-Charles, le plus beau sanctuaire baroque de Vienne. L'architecte Fischer Von Erlach a bâti ce lieu de culte au XVIIIe siècle pendant 25 ans et son fils a terminé son œuvre. J'ai pris un ascenseur intérieur pour atteindre le dôme et j'ai grimpé pas mal de marches (un exercice sportif de haute volée...) pour me retrouver au sommet de l'édifice. Les fresques de Daniel Gran étaient à vingt centimètres de mes yeux... Une expérience unique pour contempler les angelots grassouillets, les personnages bibliques et les madones en pamoison extatique... Le Baroque mérite bien sa définition : un art de la démesure, des contrastes, de la profusion et des couleurs chaudes, des formes biscornues pour une exaltation des sens et de l'esprit. Vienne témoigne à merveille de cet art exubérant et finalement, très vivant.