jeudi 8 août 2019

"L'ultime humiliation"

Une amie m'a prêté un roman, "L'ultime humiliation" de l'écrivaine grecque, Rhéa Galanaki. Je n'avais jamais entendu parler d'elle et de sa petite maison d'édition, Cambourakis. Comme je pars en septembre en Grèce, je voulais m'imprégner déjà de l'ambiance athénienne. Rhéa Galanaki, née en 1947 en Crète, a écrit huit romans et elle est l'un des membres fondateurs de la Société des Ecrivains Grecs. Elle a obtenu le Prix national du Meilleur Roman en 1999 et en 2005. Dès les premières pages, deux personnages vont rythmer le roman : Tirésia et Nymphe qui partagent une chambre dans une maison de retraite à Athènes. Tirésia s'est rebaptisée elle-même en abandonnant son prénom Thérèse. Enseignante de lettres à la retraite, elle se passionne pour l'Antiquité et les présages. Sa compagne, Nymphe, née en Crète, a raccourci son prénom. Formée aux Beaux-Arts, enseignante elle-aussi, elle est divorcée et son fils, Oreste, milite à l'extrême gauche. Les deux vieilles dames se disputent souvent, tout en étant des complices rêvées. Elles regardent les informations à la télévision et suivent les innombrables manifestations de protestation qui se déroulent dans la capitale. Les deux amies souffrent de pertes de mémoire et sont soutenues par une assistante sociale, Danaë et une parente de Nymphe, Catherine qui leur fait le ménage et la cuisine. Catherine a un fils, Takis, qui lui appartient à Aube dorée, un groupuscule d'extrême-droite. Un événement inattendu rompt la routine des deux amies qui finissent par quitter leur appartement pour rejoindre la foule des manifestants. Elles se déguisent de couleurs vives et parviennent à se mêler aux protestataires. Tout se passe en 2012 au moment les plus forts de la crise en Grèce où les retraites étaient amputées d'un tiers, où les fonctionnaires voyaient les salaires en baisse, où la pauvreté commençait à provoquer des dégâts. Les deux vieilles dames indignes vont rencontrer des SDF, des étudiants rebelles, des Athéniens en colère. Ce roman retrace les péripéties tragico-comiques de belles âmes à la recherche d'un regain de vie au contact d'une foule revendicative, violente parfois et agitée la plupart du temps. L'auteur raconte aussi les dérives des deux jeunes hommes radicalisés dans leurs options politiques. Nymphe et Tirésia finiront par rentrer saines et sauves chez elle après cette folle équipée irraisonnable. Rhéa Galanaki compare les luttes contre la dictature des colonels à celles de la "dictature européenne", et intègre dans son texte fictionnel des retours sur le passé plus que fastueux d'Athènes. Ce roman sur la crise grecque se lit avec beaucoup de plaisir surtout si on connait les lieux de la ville comme l'incontournable place Syntagma, le cœur battant de la capitale. Un roman empathique et très bien traduit par Loïc Marcou. A découvrir…