lundi 24 octobre 2022

Escapade à Vienne, 6

 J'ai passé l'après-midi avant mon départ dans le MuseumsQuartier (MQ), un grand complexe culturel, installé dans les anciennes écuries impériales. Réalisé en 1998, ce quartier réunit tous les aspects de l'art : la peinture moderne, le cinéma, le théâtre, l'architecture, la danse, les nouveaux médias. Des boutiques, cafés et restaurants attirent toujours un grand nombre de touristes et de Viennois. J'ai donc commencé par le Mumok, le Musée d'Art moderne, Fondation Ludwig. Spécialisé dans l'art du XXe et du XXIe siècle, cet édifice se repère facilement grâce à sa forme cubique et ses façades en roche volcanique. Ses priorités s'affichent dès l'entrée : du contemporain à tout va au risque de surprendre fortement les amateurs d'art plus traditionnels. J'admire surtout l'art antique, la Renaissance italienne et l'art moderne, et devant moi, je vois des œuvres d'art qui interrogent ma curiosité. Est-ce beau, ce tableau constitué d'objets culinaires ? Cette statue féminine habillée de serpents ? Un fauteuil à bascule rempli d'escargots en argile ? Oui, l'art contemporain bouscule, étonne, dérange. Andy Warhol, Daniel Spoerri, Paul Klee, Mondrian, et tant d'autres posent des questions philosophiques. Pour apprécier ces mouvements artistiques, il faut des clés de compréhension, s'informer, se documenter. L'idée est plus importante que la forme. Et on peut aussi tout simplement regarder et essayer d'appréhender la démarche artistique. J'avoue que j'ai beaucoup de mal à m'extasier devant ces "objets" où je ne vois plus la "beauté" des formes et le message qu'ils détiennent me semble parfois assez hermétique. J'ai préféré de loin le Musée Leopold avec sa grande collection des peintures d'Egon Schiele. Ce peintre expressionniste (1890-1918) appartient à la mouvance Sécession avec son ami, Gustav Klimt. Il a exprimé dans ses toiles une angoisse existentielle, un sentiment de solitude, et surtout la souffrance d'être. Les corps nus apparaissent torturés, morbides. Les critiques évoquent "l'intensité graphique" de ses "figures décharnées, désarticulées, comme flottant dans le vide". Ce peintre doué et sensible est mort très jeune de la grippe espagnole ainsi que sa jeune épouse enceinte. Une vie tragique pour Egon Schiele, sauvé malgré tout par sa puissance créatrice. Une exposition sur Vienne en 1900 complétait à merveille ma visite. Dans ce quartier muséal, on trouve aussi le Kunsthalle, un lieu d'expositions contemporaines, le ZOOM, un musée pour les enfants et un centre consacré à la danse. Cet espace culturel demeure un atout majeur dans le classement de Vienne comme une des villes les plus agréables du monde.