vendredi 21 janvier 2022

Atelier Littérature, 1

 Nous étions presque toutes au rendez-vous mensuel de l'Atelier ce jeudi 20 janvier à la Maison de Quartier du Centre Ville pour débattre de la relation entre la photographie et la littérature. Masquées pendant les deux heures de la séance et respectant les consignes sanitaires, la réunion s'est déroulée sereinement malgré nos visages où quelques lunettes des participantes se nimbaient de brume hivernale. Je rêvais d'une séance d'antan quand des sourires s'affichaient sur nos lèvres. Pour février et mars, nous garderons encore nos armures de papier contre le virus. Mais en avril ? Peut-être... Il faut être optimiste. Nous nous regarderons avec un étonnement émerveillé. La séance a démarré sur un coup de griffe de Geneviève concernant "La femme révélée" de Gaëlle Nohant. Notre lectrice a classé ce roman dans la "Pop littérature" ou littérature populaire en remarquant le style moyen, les intrigues invraisemblables, les personnages falots. En 1950, à Paris, Eliza se cache dans un hôtel sous un faux nom. Elle a quitté Chicago, son mari fortuné et son petit garçon. Dans sa valise, son Rolleiflex va l'aider à apprivoiser la ville, les visages des parisiens, sa nouvelle vie. Cette histoire est inspirée par la photographe américaine Vivian Maier, exposée en ce moment au Palais du Luxembourg. Mylène et Odile ont aussi lu ce roman et ont un avis plus nuancé et plus positif. Le roman documenté évoque le Paris des années 50 et se lit avec plaisir. Janelou a présenté avec un enthousiasme certain, l'autobiographie de Willy Ronis, "Ce jour-là", paru chez Folio. A partir d'une cinquantaine de photos, Willy Ronis à l'âge de 96 ans, évoque ses voyages, ses rencontres dans les rues de Paris, ses reportages dans les années 30. Janelou a beaucoup apprécié ce montage entre les photos et les textes les comparant à des petits contes. "Une photo, c'est un moment pris sur le vif, mais, c'est aussi l'histoire d'un jour", écrit Willy Ronis. Ces photos émouvantes forment "le tissu de ma vie, elles se font des signes par-delà les années". Après la présentation de ce Folio illustré, toutes les lectrices auront la curiosité de découvrir ce bel ouvrage. Danièle a choisi "S'émerveiller" de Belinda Cannone, publié chez Stock en 2017. Elle aussi s'est sentie émerveillée par ce beau livre illustré de photos montrant la beauté du monde. Pourtant, ce sentiment n'est pas très à la mode en ce moment mais, l'écrivaine s'en moque et propose une démarche modeste afin de mieux regarder notre environnement tout simple : un chêne devant sa fenêtre, un essaim d'oiseaux, le grain d'une peau, du linge qui sèche dans le vent. Cette attention renouvelée demande une certaine concentration, une présence sensible aux choses qui nous entourent. Ce "sentiment fugitif" ressemble à un "état intérieur favorable qui nous permet de percevoir une dimension secrète et poétique du monde". Cet ouvrage anti-déprime, écrit dans une langue élégante, ne bascule pas dans une autosatisfaction béate. Belinda Cannone semble trop fine pour tomber dans le piège de la mièvrerie. Il lui faut même un certain courage (ou de l'aveuglement ?) pour s'émerveiller de tout et de rien. Un livre à découvrir. (La suite, lundi)