lundi 2 avril 2018

Venise, 1

Je reviens d'un séjour à Venise. Cette fois-ci, j'ai loué un appartement dans le quartier du Dorsoduro, près des quais, les Zattere. Dès que je suis arrivée à l'aéroport, j'ai choisi le bateau pour redécouvrir la Sérénissime. Le trajet dure une heure trente dans une "autoroute liquide" balisée de piquets en bois sur lesquels les mouettes observent ces drôles de machines passant devant elles. J'ai assisté en fin de soirée au premier coucher du soleil sur la lagune et ce paysage vénitien n'a pas perdu sa magie intrinsèque. J'avais devant mes yeux une toile de Turner magnifique. A Venise, l'art et la vie sont irrémédiablement liés.  Dès que j'ai aperçu le Palais des Doges, le Campanile et la basilique San Marco du bateau, je savais par intuition que cette perspective de silhouettes matérielles entre le ciel et la mer recèle une poésie envoûtante, venue de temps lointains et toujours présente. Les mouettes et les cormorans volaient à vive allure et accompagnaient la valse incessante des vaporetti, des barques à moteurs, des transporteurs, des taxis... Cette vision d'une vie sur l'eau dépayse n'importe quel voyageur, habitué à la présence constante des voitures, des camions et des vélos. Pour circuler à Venise, il faut marcher, marcher, marcher et aussi, prendre le vaporetto. Je ne parle pas de "gondoler" car seuls les Asiatiques et quelques couples utilisent ce mode de déplacement un peu ridicule à mes yeux et assez onéreux (80 euros les trente minutes). Mais, les embarcations ponctuent le paysage vénitien comme une tradition incontournable. J'ai donc pris possession de ma location, un appartement charmant et authentique dans un vieux palais, donnant sur la lagune, près d'un canal et surtout à deux pas de la pointe de la Dogana. Filippo et Fabiola, les propriétaires charmants m'ont adoptée comme une "vénitienne"... Ce quartier a conservé son identité ancienne avec une tranquillité étonnante, une sérénité appréciable. Le soir, je me suis promenée du côté du campo San Agnese, de l'église Gesuati et les cloches ont commencé leur musique métallique matérialisant l'espace et me rappelant mon enfance. Je ne vivais plus au XXIe siècle mais je me sentais dans une zone temporelle entre le XVe et le XVIII siècle. J'éprouvais un sentiment de paix que je n'éprouve dans une aucune grande ville européenne. J'ai terminé ma soirée sur mon balcon, un verre de Prosecco à la main et les mouettes dansaient devant mes yeux en me frôlant. L'escapade commençait bien, dès les premières heures de mon arrivée.