vendredi 15 novembre 2019

Escapade à Paris, 6

J'ai pris un bus pour me rendre à Beaubourg, le Centre Pompidou car j'avais envie de revoir le musée national d'art moderne. Quand je vivais à Paris, je fréquentais la Bibliothèque (la BPI) en accès libre et des centaines d'étudiants travaillaient en toute liberté dans cet espace non surveillé, convivial et branché. On ne pouvait pas emprunter les livres mais elle était ouverte jusqu'à 22H, une anomalie heureuse dans la France des années 80. Inauguré en 1977, le Centre accueille encore plus de trois millions de visiteurs, mais en forte baisse (plus de huit millions avant). J'ai ressenti la décrue des visiteurs dans les salles peu fréquentées. L'institution polyculturelle est en rénovation car ce bâtiment a mal vieilli. Sa modernité extrême semble aujourd'hui dépassée. Je me suis contentée de revoir l'une des trois collections d'art moderne et contemporain au monde (plus de 100 000 œuvres). Je ne citerai pas tous les artistes que l'on rencontre dans ces salles spacieuses et bien éclairées. J'ai revu avec plaisir tous les mouvements picturaux du XXe siècle, en particulier l'abstraction lyrique, le surréalisme, l'art abstrait. Je reste encore dubitative devant les œuvres contemporains... Pour les amateurs de ces périodes, la visite du MNAM me semble indispensable. Après Beaubourg, j'avais repéré dans le Routard un salon de thé original, La Fourmi ailée, situé dans le 5e, dont l'atmosphère est littéraire… Installée dans une ancienne bibliothèque, des étagères de livres décorent les murs. On se sent bien dans ce lieu intime avec ses tables bistrot en marbre, sa collection de théières dans des niches, l'absence de musique commerciale (un bonheur !). Le patron du salon m'a expliqué que le nom, "la fourmi ailée", venait d'un titre d'une nouvelle de Virginia Woolf... Ce geste ne pouvait que me ravir ! Avant de partir vers le dernier musée de mon séjour parisien, je me suis promenée dans les jardins du Palais-Royal et dans les galeries diverses. Siège d'institutions illustres (Ministère de la Culture, Conseil d'Etat, etc.), Jack Lang imposa en 1986 les colonnes de Buren dans la cour d'honneur et pas mal d'enfants s'approprient cet espace ludique avec joie. Colette et Jean Cocteau vivaient dans ce lieu et la Mairie de Paris propose des fauteuils "littéraires" avec des citations incrustées sur les dossiers écrits par Lorca, Baudelaire, Ritsos, etc. Une très bonne initiative originale. Cette balade de fin d'après-midi s'est poursuivie dans la librairie Delamain, une des plus vieilles librairies de Paris où les écrivains venaient feuilleter les livres dont Colette, évidemment. J'ai ensuite retraversé l'esplanade des Tuileries, l'Arc de triomphe du Carroussel, la Pyramide du Louvre et repris le chemin de l'Hôtel sur le Quai Voltaire. Les touristes se mélangeaient aux Parisiens sans problème et il régnait même une certaine euphorie sur les visages des flâneurs(ses). Le ciel de Paris était particulièrement bleu avec des nuages flottants et les façades du musée reflétaient cette lumière mordorée. La Seine coulait et je pensais à Guillaume Apollinaire…