vendredi 31 janvier 2014

Revue de presse

Dernier jour du mois pour aborder la revue de presse : la revue Lire propose un dossier sur Marguerite Duras dont on célèbre le centenaire en 2014, un entretien avec Ian McEwan et les rubriques habituelles sur les nouveautés. Marguerite Duras ; on l'aime ou on la déteste. Cette femme a séduit des générations de lectrices (et de lecteurs) par ses audaces dans l'écriture, son obsession de l'amour, ses idées politiques ancrées à gauche, sa prétention d'être un écrivain sublime... Je crois qu'il faut la relire pour découvrir une planète singulière, originale et décalée. Le Magazine littéraire a dédié son dossier central à Michel Foucault, mort du sida en 1984, philosophe qui a marqué la pensée française en profondeur mais dont l'œuvre reste hermétique et complexe. On trouve aussi une enquête sur l'art d'aimer et un entretien avec Eduardo Mendoza, écrivain espagnol qui publie un recueil de nouvelles. Transfuge de janvier a choisi d'analyser les 3 romans chocs de la rentrée littéraire d'hiver : "Réparer les vivants" de Maylis de Kerangal, "Bison" de Patrick Grainville et "Le dernier mot" de Hanif Kureishi. Evidemment, beaucoup de romans nouveaux sont conseillés et la rubrique cinéma traite de Scorsese et Lars Von Trier. Pour terminer la revue de presse, j'évoquerai l'excellent "Philosophie magazine" qui offre un ensemble d'articles très intéressants : sur les traces de Nietzsche à Turin, Nice, les hauts lieux de sa pensée, sur l'insurrection de Kiev, sur l'euthanasie, délicate question philosophique. On peut lire une grande enquête sur la question suivante : "Peut-on être honnête et réussir ?" et un dossier sur Epicure et le bonheur.

mardi 28 janvier 2014

"Plonger"

Ce roman de Christophe Ono-Dit-Biot commence ainsi : "Ils l'ont retrouvée comme ça. Nue et morte. Sur la plage d'un pays arabe. Avec le sel qui faisait des cristaux sur sa peau. Une provocation. Une exhortation. A écrire ce livre, pour toi, mon fils". Le personnage féminin, nommée Paz, a disparu définitivement de la vie de son compagnon. Il est journaliste des pages culturelles dans un hebdo très branché à Paris et il rencontre, lors d'un vernissage, Paz, une femme photographe, originaire d'Espagne. Le narrateur s'adresse à son fils Hector pour lui raconter cette mère si particulière avec laquelle il ne grandira pas. Leur histoire d'amour va se développer dans les Asturies, à Gijón où il l'a rejoint. Paz ne vit l'amour que dans une tension permanente, une passion dévorante et déchirante. César (nom du narrateur) la définit avec ces mots : "C'est ta mère, vibrante, tempétueuse, aquatique, ouverte sur la plus tonique des mers, la mer Cantabrique, venteuse, salée, rebelle à la carte postale."  Cette rencontre avec Paz lui sera fatale : il ne pourra jamais la comprendre ni l'aimer dans la quiétude malgré la naissance de leur enfant. Paz se dérobe à tous moments, elle n'est jamais présente et César est amoureux d'une chimère artiste, d'une femme insaisissable. Elle se passionne pour les requins et en adopte un dans le cadre d'une association de sauvegarde des espèces menacées. La naissance de son fils n'a pas d'influence sur sa vie de femme. Et même son art de la photographie est basé sur un malentendu provoqué par une critique de César. Ses photographies de plage peuplée ne glorifient pas la vie mais la souillure des hommes. Elle va se détourner de son succès grandissant car, elle est attirée par le minéral et le végétal sans traces humaines. Sa fascination pour les requins révèle sa recherche d'un absolu qu'elle va chercher du côté de la mer dans un pays arabe. Ce roman offre un beau portrait d'une femme complexe, mystérieuse et attirante. Christophe Ono-Dit-Biot  décrit aussi l'air du temps, le côté futile et cruel d'un certain milieu, le monde de l'art contemporain et des médias. Paz ressemble aux héroïnes de Pascal Quignard, dont la solitude et la fragilité les placent dans un au-delà de l'amour humain. Ce roman noir et pessimiste a obtenu le prix de l'Académie française en 2013 et le titre "Plonger" résume le destin choisi et brisé de Paz, la femme mystère et inatteignable, un personnage hors du commun dans sa quête d'une autre "vie"... 

lundi 27 janvier 2014

Rubrique cinéma

J'ai vu récemment le film de Steve Mc Queen, "12 years a slave" d'après une histoire vraie tirée des mémoires de Salomon Northup. C'est donc l'histoire d'un homme noir, violoniste et surtout vivant dans le Nord des Etats Unis en 1841 où sa liberté semble acquise. Il mène une vie de famille confortable et insouciante. Un jour, il rencontre deux hommes qui lui font miroiter un nouveau contrat de travail. Mais, Salomon se retrouve en Louisiane dans un état esclavagiste. Il a été vendu comme esclave et travaille dans une plantation de coton. Il n'a qu'une idée en tête : survivre malgré les vexations du maître, la cruauté des contremaitres, l'indifférence méprisante de la maîtresse du domaine. Les scènes de violence s'enchaînent les unes après les autres et Salomon ne rencontre aucune compassion de la part de ces Blancs esclavagistes qui les considèrent comme des animaux. Ce film montre sans concession, ni compassion la période horrible de l'esclavage.  Salomon reste 12 ans prisonnier de ses maîtres et il ne peut ni se sauver, ni s'enfuir. Il essaie d'écrire une lettre pour demander de l'aide mais ses tentatives échouent. Il finira par se libérer en rencontrant enfin un charpentier canadien abolitionniste qui contactera un de ses amis du Nord. On est loin de l'ambiance romanesque et folklorique du film "Autant en emporte le vent"... Les images sur la violence, sur l'injustice, sur la négation de l'humain soulignent l'immense cruauté mentale des esclavagistes,  leur incompréhensible comportement, leur mentalité inconsciente devant cette abomination historique. Il faut aller voir ce film âpre, douloureux et inconfortable. Soulignons la performance de l'acteur principal, Chiwetel Ejiofor, d'une humanité rayonnante et d'un courage à toutes épreuves. A voir, pour comprendre les souffrances de tous les opprimés de l'Histoire.

vendredi 24 janvier 2014

"Moment d'un couple"

Ce roman de Nelly Allard se lit avec un plaisir évident. Pour son second opus, elle accroche dès la première page, l'intérêt des lecteurs(trices). Juliette, le personnage principal, informaticienne et heureuse en ménage, apprend l'infidélité de son mari, Olivier. Il  avoue à sa femme qu'il a une liaison avec une femme politique de gauche. Le monde de Juliette s'effondre. Au lieu de gémir, de pleurer, d'accepter cette trahison avec fatalisme et de pardonner son mari, elle va décider de sauver son mariage et de se battre contre cette maitresse omniprésente, envahissante, agressive et possessive. Juliette ne veut pas que cette femme "prédatrice",  détruise leur vie familiale (ils ont deux enfants) et elle va exiger de son mari qu'il renonce à cette relation amoureuse.  Nelly Allard place au centre du roman la femme "trompée", Juliette,  qui  décuple son énergie pour organiser une stratégie de reconquête à base de sexe et de séduction. Ce pauvre Olivier est ainsi pris en étau entre une femme légitime, redevenue redoutablement amoureuse et une maîtresse de plus en plus folle de rage contre lui. Elle le harcèle constamment au téléphone et même se livre au chantage pour le reconquérir. Sa conduite hystérique l'éloigne d'Olivier qui comprend enfin qu'il s'est fait piéger. Le mari risque en fait de perdre, et sa folle amante et sa fidèle épouse. Ce livre exploite le thème de l'infidélité avec beaucoup d'humour, d'ironie et de lucidité. Le mari se transforme en objet sexuel, en marionnette pitoyable que se disputent deux "lionnes"... Qui va gagner l'homme ? Sa femme ou sa maîtresse ? Lisez donc ce roman pour découvrir le talent d'écriture de Nelly Allard. Elle renouvelle à sa manière le thème de la femme trompée, mille et mille fois utilisé en littérature, mais toujours d'actualité (voir la vie mouvementée d'un personnage au sommet). La trahison, la tromperie, l'imposture nourrissent la littérature depuis la nuit des temps et jusqu'à la fin des temps... En lisant "Moment d'un couple", j'ai eu envie de relire le beau roman de Simone de Beauvoir, "La femme rompue" pour mesurer la différence de traitement cinquante ans après... 

mercredi 22 janvier 2014

Atelier d'écriture

Marie-Christine a proposé en ce mardi 21 janvier deux exercices d'écriture : un tirage de quatre mots concernant les transports, les fruits et légumes, les villes et pays, les métiers et un souvenir "radiophonique". Elle nous a lu des extraits d'un livre de Philip Delerm, "Les mots que j'aime". J'ai tiré au sort les mots mangue, sage-femme, Berlin et bicyclette. Voilà mes textes :
Mangue : Quel drôle de mot pour ce fruit ovale, juteux, goûteux, exotique ! Dans nos hivers froids et humides, la mangue devient un morceau de soleil orangé sur ma langue, une coulée de douceur sucrée dans ma bouche, une rondeur assumée dans mes mains, une espérance de maturation dans le panier des fruits où elle réveille les collègues tristounettes, pommes, oranges et poires trop vues, trop familières. Notre mangue fait sa fière, sa maligne, elle triomphe d'être aussi rare et lointaine et surtout elle nous illumine l'hiver... Manguez-vous donc pour lutter contre la morosité ambiante !
Sage-femme : Une sagesse millénaire est nécessaire à toute femme prête à enfanter. Imaginez-vous cette douleur atroce qui vous fend le ventre et le dos : tu enfanteras dans la douleur, disait nos ancêtres bibliques, plutôt misogynes dans les faits. Enfin, une femme d'une sagesse infinie, d'une bonté infinie, a aidé les femmes à mettre leurs enfants au monde en leur épargnant la grande douleur. Cette médecin de l'accouchement, on l'a baptisée sage-femme.
Berlin : le Mur et l'immense joie libératrice des Berlinois en 1989. Réunification, réconciliation, renaissance, un modèle pour le monde, un souffle nouveau de paix et d'espoir, une ville symbole.
Bicyclette : avec deux tt, deux roues, la bicyclette sent l'ancien, le démodé, la nostalgie. De nos jours, on préfère le vélo, plus court, plus véloce, rapide, électrique, sportif, roi du Tour de France. La bicyclette prend son temps, se balade sur un chemin bordé de buissons, roule au son de la chanson de Montand. Féminine, secrète, intime, la bicyclette restera au fond notre premier amour pour un déplacement non utilitaire, une cigale des transports...

lundi 20 janvier 2014

Mes dix essais et récits

J'ai donc choisi en janvier mes 10 meilleurs romans français et mes 10 meilleurs romans étrangers. Je vais continuer ce "palmarès" en proposant cette semaine mes 10 meilleurs essais-récits et mes 10 meilleurs films de l'année. Pour les essais et récits, voici ma sélection :
1. "Marée basse, marée haute" de J.B. Pontalis, un écrivain psychanalyste à lire absolument pour comprendre la psyché humaine, les tourments de l'âme, les chagrins de la vie...
2. "Comment j'ai appris à lire" d'Agnès Desarthe, une écrivaine qui raconte son rejet de la lecture pendant ses études et sa découverte de la littérature, quand elle rencontre les livres dans lesquels elle se reconnaît.
3. "Journal 1973-1982" de J.C. Oates, pour comprendre l'obsession textuelle de cette écrivaine américaine, toujours habitée par ses personnages, dans sa vie comme dans ses rêves.
4. "La nourriture de Jupiter" de Jocelyne François, un essai écrit en 1998 mais intemporel à mes yeux, surtout pour l'évocation de son ami René Char.
5. "Vivre, penser, regarder" de Siri Hustvedt, un recueil de textes de 2006 à 2011, sur ses trois passions : vivre, penser et regarder, une œuvre intellectuelle exigeante et ambitieuse, des explorations sur la mémoire, les émotions, la maladie, l'art, la littérature, etc.
6. "Papiers collés" de Georges Perros, un écrivain français de Bretagne, une philosophie du quotidien, une ironie salutaire, un amour communicatif des mots et de la littérature.
7. "Le goût des mots" de Françoise Héritier, une anthropologue sérieuse se met à jouer avec les mots, une fantaisie jubilatoire à savourer sans modération.
8. "Eclats d'insomnie" de Diane de Margerie, un beau récit sur l'art de vieillir, d'apprécier la vie malgré la maladie et les moments de grâce que nous pouvons vivre à tous les âges.
9. "7 femmes" de Lydie Salvayre, un hommage subtil et chaleureux des grandes créatrices de l'art d'écrire dont la sublime Virginia Woolf.
10. "L'identité malheureuse" d'Alain Finkielkraut, pour sa passion de la culture française, des livres et de la littérature, vécue comme une valeur essentielle.
Voilà pour mes lectures concernant les essais et les récits que j'ai lus avec beaucoup d'intérêt et qui ont nourri mon esprit...

jeudi 16 janvier 2014

Rubrique cinéma

Dans l'atelier d'écriture de mardi, Mylène a voulu donner son coup de cœur en choisissant un film, ce qui est inhabituel. Le film en question est celui que j'ai vu lundi : "Philomena" de Stephan Frears. En 1952, Philomena tombe enceinte. Comme elle est vraiment trop jeune, ses parents l'envoient au couvent de Roscrea en Irlande. Alors que l'enfant grandit près d'elle (elle ne peut le voir qu'une heure par jour), un couple d'américains adopte le jeune garçon et un petite fille. Philomena, 50 ans après, contemple une photo ancienne et révèle à sa fille qu'elle a donc un frère dont elle n'a aucune nouvelle. Sa fille réussit à convaincre un journaliste au chômage, Martin, qui accepte d'écrire l'histoire de Philomena et lui promet de retrouver son fils. L'orphelinat n'a jamais voulu donner l'adresse des parents adoptifs et le journaliste va donc mener son enquête en se rendant aux Etats-Unis en compagnie de Philomena. Quand Martin découvre la vérité sur le destin de son fils, Philomena ne s'avoue pas vaincue et veut savoir si son fils pensait à elle, à ses origines irlandaises. En fait, son fils a vécu une vie extraordinaire : après des études brillantes,  il était conseiller de Reagan et de Bush, mais sa vie privée semblait plus compliquée. Elle apprend l'homosexualité de son fils et la raison de sa mort à 35 ans à cause du sida. Je ne vais pas dévoiler le dernier secret de cette mère et de ce fils car il faut aller voir ce film, plein d'émotions, de sensations, et même de drôlerie. Le journaliste et Philomena forment un couple inattendu et souvent à contretemps. Il est cynique, désabusé, coléreux et révolté. Elle est au contraire simple, débordante d'espoir, sereine et souriante. Le film s'inspire d'un fait vrai et on n'imagine pas la cruauté de certaines religieuses, élevée à un tel niveau dans ces années cinquante, corsetées par une morale religieuse stupide et inhumaine. Philomena est vraiment un très beau film à voir sans tarder...

mercredi 15 janvier 2014

Atelier de lecture, 2

Pour rester fidèle aux paroles des lectrices de l'atelier, je m'empresse d'écrire le compte rendu de la deuxième partie consacrée aux romans tirés au sort et choisis sur le thème de l'art dans la littérature. Evelyne a évoqué avec plaisir le roman de Mathias Enard, "Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants", paru en 2010 et ayant obtenu le prix Goncourt des Lycéens. Michel-Ange débarque à Constantinople en 1506 pour concevoir un pont sur la Corne d'Or. Il rencontre des personnages singuliers comme une danseuse espagnole, un poète ottoman, et le choc culturel entre la culture de la Renaissance italienne et le monde ottoman sert de fil conducteur tout au long de ces pages inspirées. Danièle avait tiré au sort "Les nouvelles orientales" de Marguerite Yourcenar dont le célèbre "Comment Wang-Fô fut sauvé" ou comment le peintre considère l'art comme la vraie vie. Ce conte a gardé tout son charme magique et philosophique. Janine s'est distinguée par son sérieux de lectrice car elle a lu à deux reprises le "Terrasse à Rome" de Pascal Quignard, roman un peu difficile d'accès et qui l'a laissée dubitative tout en nous assurant que le livre comportait des beaux passages. Elle a relaté avec force détails la vie du graveur Meaume et de ses amours compliqués. L'œuvre de Pascal Quignard, on l'aime d'emblée dès la première page ou on la trouve bizarre, ridicule et illisible... Geneviève a bien apprécié le livre de Iain Pears, écrivain anglais de thrillers, l'histoire d'une amitié entre un peintre et son critique sous forme de monologue et aussi présenté "Le bateau brume" de Philippe Le Guillou, une histoire familiale avec deux frères jumeaux, l'un est un artiste, et l'autre est attiré par le monde politique. L'écrivain explore le thème de la gémellité avec un talent certain servi par une belle écriture classique et élégante. Régine a lu avec intérêt le roman de l'écrivaine amérindienne Louise Erdrich, "Le jeu des ombres", un huis clos entre un peintre et sa femme, qui est aussi son unique modèle. Elle écrit un journal bleu qu'il lit en secret  et un journal rouge pour elle seule. Une écrivaine à découvrir... Mylène a parlé très brièvement de Georges Perec et de son "Cabinet d'amateur". Michelle a bien résumé le roman d'une écrivaine australienne, Fiona Capp, "Portrait de l'artiste en hors-la-loi", un beau récit sur une femme artiste en 1871, mal vue par la bonne société et harcelée par le chef de la police dont elle a repoussé les avances. Ce livre "toujours en mouvement" selon les paroles de Michelle peut plaire à un large public. Janelou a terminé la séance avec le roman d'Antoine  Choplin, "Léger fracas du monde", ou l'histoire d'Evariste, artiste-peintre, qui se rend au bord du Lac du Bourget pour peindre sa dernière toile mais au lieu de se mettre au travail, il rencontre des femmes singulières qui changeront sa vie. Le tirage au sort s'est donc révélé plutôt positif. Je tiens aussi à remercier sincèrement mes treize lectrices, toujours aussi motivées pour se retrouver autour des romans et partageant des coups de cœur et des découvertes qui seront certainement des lectures fertiles pour 2014...  

mardi 14 janvier 2014

Atelier de lecture, 1

Nous avons repris le chemin de l'atelier de lecture en ce mardi 14 janvier, (coïncidence, nous étions 14) où toutes les lectrices inscrites étaient présentes à l'exception d'une collègue indisponible. Nous avons nos "habitudes" dans cet atelier : nous avons démarré par les coups de cœur... Danièle nous a offert un petit cadeau charmant : la charte de Daniel Pennac sur la lecture en dix droits (de lire, de ne pas lire, d'interrompre la lecture, etc.). Elle a choisi l'incontournable, l'émouvant chef d'œuvre d'Albert Camus, "Le premier homme" qui nous fait aimer cet écrivain comme un grand frère chaleureux et éternel. Elle a aussi découvert le très célèbre et savoureux, "Le sel de la vie" de Françoise Héritier et "Le condottière" de Georges Perec, roman posthume. Sylvie-Anne a montré un beau livre, "La Provence gourmande" de Jean Giono, où se mêlent de succulentes recettes à des textes de cet écrivain trop oublié de nos jours. Dany a évoqué un document d'Edward Abbey, "Le désert solitaire", texte semé d'images et de réflexions sur un parc américain et sur le tourisme envahisseur. Nicole a présenté "Rue des voleurs" de Mathias Enard, un roman passionnant sur le sujet de l'immigration, du terrorisme islamique, de la frontière fragile entre le vivre "normal" et le "hors-normal". Elle a évoqué un roman très drôle d'Alain Monnier, "Givrée" et une anthologie d'excellentes nouvelles, "Raconteur d'histoires" de Didier Daeninckx, parue en 2003. Marie-Christine a commencé  le roman de Claude Pujade-Renaud, "Dans l'ombre de la lumière" qui raconte la vie de la concubine de Saint-Augustin dans les années 354-430 au temps du christianisme naissant. Ce roman historique très documenté l'intéresse beaucoup et on connait le talent littéraire de cette écrivaine trop discrète qui mérite un large public. Janine nous a parlé d'un petit livre tonique et optimiste d'une psycho psychiatre, Anne Ancelin Schutzenberger, "Ici et maintenant, vivons pleinement". Régine a beaucoup aimé le roman de Marie N'Diaye, "Ladivine", récit très original d'une écriture flamboyante sur une malédiction concernant trois femmes, une grand-mère, sa fille et sa petite fille. Le roman semble complexe et difficile à relater, le mieux est de découvrir l'œuvre ambitieuse de Marie N'Diaye. Elle nous a conseillé aussi une anthologie très intéressante sur New York, ville passionnante, de Pauline Peretz, paru dans la collection Bouquins chez Laffont. Geneviève a terminé la première partie de l'atelier en évoquant un grand coup de cœur "émotion" avec un récit choc de Pierre Béguin, "Vous ne connaîtrez ni l'heure, ni le jour" aux éditions Philippe Rey. Cette histoire douloureuse se déroule en Suisse et évoque la relation d'un fils avec ses parents très âgés qui ont décidé de se suicider pour éviter le naufrage de la maladie. Le sujet central du livre ne concerne pas entièrement le thème de la fin de vie choisie, mais aussi l'incommunicabilité entre les parents et leur fils. Voilà pour les coups de cœur et demain, je consacrerai mon billet sur les livres tirés au sort.

lundi 13 janvier 2014

Mes dix romans étrangers

Je lis plus souvent des romans étrangers que des romans français depuis de nombreuses années. Je sais qu'en 2014, des écrivains, femmes et hommes, vont m'attirer surtout, ceux et celles issus de notre Europe, ce continent littéraire éclectique entre le Sud espagnol, italien et portugais, le Nord anglophone, scandinave, flamand, l'Est allemand et slave, et la France, au centre de cette Europe culturelle, avec un fonds commun de valeurs démocratiques, d'un passé historique nous liant les uns aux autres, parfois dans des guerres fratricides, et maintenant dans un vécu politique définitivement pacifique. Je ne parlerai pas de romans dits "étrangers" quand je lis des Européens tellement ils nous sont proches et familiers après des décennies d'unité. J'ai aussi remarqué que la littérature américaine prend une très grande place dans ma sélection mais le continent américain n'est-il pas une mosaïque d'identités européennes au-delà des mers ? Je vais donc établir ma liste des 10 meilleurs romans étrangers de 2013 :
1. "Esprit d'hiver" de Laura Kasischke, un huis clos étouffant, effrayant, entre une mère et sa fille adoptive, un roman dur comme un diamant et fascinant pour le sujet,
2. "Les complémentaires" de J-C. Grondhal, écrivain danois, un roman ultramoderne sur les relations familiales,
3. "Nager nues" de Carla Guelfenbein, écrivaine chilienne, abordant l'Histoire de son pays dans sa noirceur la plus totale, la période Pinochet, avec des personnages victimes de la dictature,
4. "Mudwoman" de Joyce Carol Oates, son dernier roman toujours plus fort, plus dense et plus fou, un portrait d'une femme puissante à la recherche de ses origines douteuses,
5. "Le gardien invisible" de Dolorès Redondo, un thriller espagnol aux accents basques, original et déroutant,
6 . "Le vieux roi en son exil" d'Arno Geiger, un écrivain autrichien, le portrait d'un père malade de sa mémoire défaillante, récit émouvant, sans pathos et lucide,
7. "Canada" de Richard Ford, une histoire incroyable de parents braqueurs de banque et la conséquence de leur folie sur la vie de leurs enfants,
8. "Les poissons ne ferment pas les yeux" d'Erri De Lucca, la musique nostalgique de l'enfance à Naples,
9. "Chronique d'hiver" de Paul Auster, un roman autobiographique très touchant, un de ses meilleurs livres sur le temps qui passe et sur la maturité, sur l'âge et ses vicissitudes,
10. "En mer" de Toine Heijmans, un roman hallucinatoire, l'histoire d'un père à la dérive dans son voilier et à la recherche de sa petite fille tombée dans la mer.
Voilà ma sélection pour 2013... Bonnes lectures après tous ces conseils.

jeudi 9 janvier 2014

Mes dix romans français

En ce début d'année, j'ai envie d'établir un palmarès de mes livres préférés. Evidemment, je n'ai lu qu'une centaine de romans et d'essais, score bien moyen quand on pense à toutes les nouveautés de l'année, des milliers de titres que le temps, hélas,  ne me permet pas de découvrir dans leur exhaustivité... De ce petit lot d'ouvrages, je propose mes 10 romans français préférés, lus en 2013 par ordre de préférence :
1. "Profanes" de Jeanne Benameur pour le sujet, le style, l'immense empathie pour ses personnages si humains dans leur faiblesse et leur force de vivre,
2. "L'invention de nos vies" de Karine Tuil pour son étude sur le mensonge et la trahison, un œil incisif sur la société française d'aujourd'hui,
3. "Ecoute la pluie" de Michèle Lesbre pour sa musique subtile, sa sensibilité et son style, un envoûtement,
4. "Roma, roman" de Philippe de la Genardière pour la ville, le cinéma et l'atmosphère magique de l'Italie,
5. "Indigo" de Catherine Cusset, pour l'Inde, les amours contrariées et l'ironie des voyages organisés,
6. "Une part du ciel" de Claudie Gallay pour la Savoie, les personnages solitaires et les relations familiales difficiles,
7. "Je ne retrouve rien" d'Arnaud Cathrine pour l'ambiance "héritage", retour aux origines et perte de repères,
8. "Sauver Mozart" de Raphaël Jérusalmy pour le sujet sensible de la Shoah, un premier roman très réussi,
9. "Programme sensible" d'Anne-Marie Garat pour son style toujours tonique et sa vision de la société française,
10. "Rideau" de Ludovic Zekian, un premier roman sur l'histoire de la Maison de la Presse de La Tour du Pin en Isère, un hommage émouvant d'un fils à une mère-courage.
Je continuerai ce bilan de mes lectures, lundi avec la liste des 10 romans étrangers.

mardi 7 janvier 2014

Atelier d'écriture

Ce mardi 7 janvier, Mylène nous a réunies pour deux exercices d'écriture afin de démarrer l'atelier avec une détermination et une motivation que l'on conservera certainement jusqu'en juin. Lors d'un précèdent atelier, Mylène nous avait lu des extraits de l'ouvrage "Le goût des mots" de Françoise Héritier. Elle a donc poursuivi son travail d'approche des consonnes après les voyelles. Les collègues en écriture ont tiré au sort quatre consonnes et nous devions les "évoquer", les résumer, leur donner une identité subjective. Les consonnes H, B, C et P ont été choisies et chacune d'entre nous a brodé un texte à partir de ce mini-alphabet. voilà ce que j'ai composé :
H, signe bien planté dans le sol herbeux d'un stade de rugby, souvenir d'enfance, ces deux barres verticales soutenues par une horizontale, espace des essais marqués et transformés, un exemple d'épreuves à tenter tout au long de la vie.
B, grosse consonne présentant ses deux ventres arrondis avec sa bonhommie, sa bonté, sa beauté, mais aussi dissimulant sa face cachée avec sa bêtise, sa balourdise, sa bassesse. Je préfère la première version...
C, consonne sûre d'elle, ouverte, naissante et prometteuse, c'est une évidence, le verbe être au présent, une réalité.
P, pour moi, la lettre la plus macho du groupe, patriarcale, patronale, pater noster, trop dominante et inégalitaire, triste réputation.
L'exercice suivant consistait à prendre un mot et à le définir, lui donner une image, un son particulier. En ces temps de tempête du côté de la Côte basque, j'ai choisi le mot océan.
océan , le o comme l'exclamation devant cette merveille naturelle et indomptable, s'ouvre sur le c comme une vague déferlante qui s'enroule en e et s'étale avec soulagement sur le sable en mourant de sa belle mort et la revoilà, la vague, elle rejaillit et recommence perpétuellement. L'océan, "la mer, l'éternité retrouvée"...
Le deuxième exercice utilisait une anthologie philosophique sur Sempé qu'il fallait interpréter en envoyant des lettres de vœux entre les personnages figurant sur les dessins, exercice ludique, souvent humoristique de la part des "écrivantes"... Un très bon démarrage en ce début d'année ! 

lundi 6 janvier 2014

"Le livre du roi"

Arnaldur Indridason, écrivain islandais, est surtout connu pour ses romans policiers dont je citerai deux titres "Hiver arctique" et "Hypothermie". Son dernier opus, "Le livre du roi", écrit en 2006 et traduit en français en 2013, appartient à une catégorie d'ouvrages réservés aux amoureux des manuscrits anciens et uniques au monde. Le héros principal, un jeune étudiant, part à Copenhague pour suivre des études. Il écrit dans son journal, forme du roman, ce projet : "J'ai toujours passionnément aimé lire et fureter, à telle enseigne que, pendant mon enfance, j'avais décidé de passer ma vie professionnelle à faire des recherches sur les anciens manuscrits islandais et les techniques de conservation". A Copenhague, il rencontre un étrange professeur et "sa conception du monde fut bouleversée". Ce spécialiste des Sagas islandaises, un patrimoine culturel inestimable, cache pourtant un lourd secret : il n'est plus en possession du "Livre du roi" dont les récits sont à l'origine des mythes fondateurs germaniques. Des nazis lui ont volé ce manuscrit dont il manque aussi un fascicule plus que précieux. Nos deux compères vont s'associer pour retrouver ce manuscrit et son fascicule. Leur recherche va s'avérer périlleuse et même dangereuse. Ils partent en Allemagne sur les traces perdues du manuscrit et le roman prend toute sa dimension de thriller dans l'univers des bouquinistes, des librairies anciennes, de fous de livres qui sacrifient leur vie pour sauver les plus beaux manuscrits du monde. Ce professeur, drôle, buveur et batailleur, ne dit pas toute la vérité à son jeune étudiant qui prend goût à l'aventure et au danger. On est loin de l'ambiance feutrée des bibliothèques, des bureaux à l'université et de la recherche en laboratoire. Ce livre ressemble à un conte d'amour pour les manuscrits les plus rares en Islande. Je ne dévoilerai pas l'issue de leur cavale livresque : vont-ils enfin mettre la main sur "le livre du roi" ? Pendant les vacances d'hiver, Arnaldur Indridason nous offre un roman historique aux allures policières et aventurières, et en plus, avec une touche hautement culturelle qui met à l'honneur le patrimoine des Sagas islandaises... A lire pour se divertir et se changer les idées !

vendredi 3 janvier 2014

"Mudwoman"

Le dernier roman de Joyce Carol Oates a été choisi dans la liste des 20 meilleurs livres de l'année dans la revue Lire. Avant de pénétrer dans ces 562 pages, je préfère prévenir les lecteurs(trices) : la lecture de ce livre peut déclencher un rejet total ou un engouement fatal... Ce texte fulgurant et hallucinatoire ressemble aux romans précédents de cette écrivaine américaine qui nous a habitués à une profusion de mots, de personnages, d'événements et de comportements à la limite de la folie. J'ai retrouvé dans "Mudwoman" cette "hystérisation" du personnage principal, Meredith Ruth Neukirchen, alias M. R., une femme prestigieuse sur le plan intellectuel, présidente d'université, titulaire d'un doctorat de philo, chercheuse et surtout, vouant sa vie à son immense responsabilité professionnelle. Les premières pages du roman évoquent l'abandon d'une petite fille dans une mare de boue. La mère semble folle et cette enfant, âgée de 3 ans, est sauvée par hasard par un jeune marginal. On devine que Meredith, cette femme accomplie et indépendante, a été placée dans une famille d'accueil et qu'elle sera adoptée par un couple de quakers, dont la mère est bibliothécaire et le père, fonctionnaire municipal. Cette adoption a fait d'elle cette femme universitaire brillante. Mais, au fil des pages, Meredith se retrouve face à ce passé glauque et tragique à l'occasion d'un déplacement professionnel. La carrière toute tracée de la Présidente va se dérègler et virer au cauchemar. Revenir sur les traces de son abandon provoque un dysfonctionnement dans son comportement, ses relations sociales, sa vie privée. Meredith n'est plus cette petite fille de la fange, mais elle lutte contre ce souvenir traumatisant et ténébreux d'une enfance torturée par une mère démente. Joyce Carol Oates possède un talent génial pour pénétrer dans le mental et le physique de cette femme perdue, malheureuse et qui perd peu à peu ses repères et ses valeurs. La description de cette descente aux enfers provoque une tension dans l'écriture et un rythme époustouflant dans la lecture, parfois éprouvante. On ne peut qu'admirer cette prouesse littéraire que constitue le portrait magistral d'une femme aux origines sociales plus que difficiles. Joyce Carol Oates nous décrit aussi le milieu universitaire avec une acuité et un sens critique teinté d'humour et d'ironie. "Mudwoman", un des meilleurs Oates, à lire sans faiblir, malgré le nombre de pages... 

jeudi 2 janvier 2014

Mes meilleurs voeux pour 2014

J'adresse un message d'amitié et tous mes meilleurs vœux pour tous ceux et celles qui consultent ce blog, consacré aux livres, à la littérature, au cinéma, à l'écriture et aux voyages. Ce blog, que j'ai commencé en 2010, se poursuit régulièrement selon le fil des mes lectures, de mes loisirs culturels et de mes commentaires sur le monde des bibliothèques, des librairies, sur la place du livre dans notre environnement proche ou lointain. En ce deuxième jour de l'année, je me donne un objectif similaire aux années précédentes : écrire au minimum trois billets par semaine, soit douze textes courts par mois pour évoquer mes lectures, mes séances au cinéma, l'atelier de lecture et l'atelier d'écriture sans oublier mes billets d'humeur sur l'esprit du temps. Dans les jours qui viennent, je vais établir un bilan sur les meilleurs livres que j'ai aimés en 2013 : 10 romans français et 10 romans étrangers, mes essais de l'année, les 10 films que je n'oublierai pas, les 10 séries qu'il ne faut pas rater. En ce début d'année, je souhaite à tous les lecteurs et lectrices, une année fertile en découvertes littéraires, une année où ne paraîtront que des romans passionnants, des policiers palpitants, des essais lumineux, des livres d'art magnifiques, pour vous accompagner, vous apporter ce délicieux vertige intellectuel qui vous fait tant de bien dans ce monde parfois compliqué à comprendre et à accepter. Les livres ne nous abandonnent jamais, ce sont des amis fidèles et généreux dans notre quotidien parfois morose ou perturbé par des problèmes de santé, de moral et de contrariétés diverses... Les rencontres autour des livres dans l'atelier de lecture et autour des textes dans l'atelier d'écriture nourrissent notre imaginaire, et rendent vivant ce rapport privilégié que nous réservons à la lecture. Pour 2014, vive encore (et pour très longtemps) la lecture et souhaitons que nos rencontres dans ce blog et dans la maison de quartier où se tiennent les ateliers, soient toujours aussi agréables à partager...