jeudi 8 octobre 2020

Escapade à Paris, 4

 Après la visite du Louvre, je me suis promenée dans le Quartier latin, un lieu mythique pour les amoureux de la littérature. Quand je vivais à Paris dans les années 80, les librairies donnaient le tempo, le rythme de la vie intellectuelle. J'ai retrouvé quelques traces du passé dans la librairie Compagnie, créée en 1986 à l'initiative des Editions de Minuit. Ce lieu d'excellence propose un assortiment d'ouvrages en privilégiant la littérature et les sciences humaines. Son site internet propose de très nombreuses bibliographies. Je me suis baladée dans les rayonnages en ne reconnaissant pas l'aménagement à ses origines. Plus loin, la librairie et maison d'édition, le Dilettante, a conservé son parfum d'antan en vendant aussi des livres d'occasion très littéraires. J'aime toujours fureter, humer, palper les livres qui, de plus en plus souvent, se sentent esseulés dans leur casier respectif. En me baladant dans ces rues de Paris, j'ai aussi vu une exposition sur les femmes écrivains dans la galerie Gallimard, "Ecrire libre, 1945-1980". On peut voir des photos, des manuscrits, des lettres, des contrats de Nathalie Sarraute, Simone de Beauvoir, Marguerite Yourcenar, Marguerite Duras, Annie Ernaux. Cette génération de femmes singulières et géniales ont dévoilé "un réel féminin, en toutes situations de l'expérience individuelle et collective". Elles sont peu nombreuses, nos grandes écrivaines françaises mais elles ont influencé des générations de femmes et d'hommes (j'espère). Des citations sont inscrites sur les murs blancs et j'ai retenu celle de Marguerite Duras : "Toutes les femmes de mes livres, quelque soit leur âge, découlent de Lol V. Stein. C'est à dire, d'un certain oubli d'elles-mêmes". J'ai aussi remarqué celle de Simone de Beauvoir : "Je voyais dans mes livres mon véritable accomplissement et ils me dispensaient de toute autre affirmation de moi". Après ce pélerinage littéraire, j'ai atteint le Jardin du Luxembourg en profitant d'une belle éclaircie. J'ai retrouvé un Paris éternel avec le grand bassin et ses petits voiliers, les statues, les arbres, les allées et les chaises vertes. Acquis par Marie de Médicis en 1612, elle voulait créer un lieu qui lui rappelait sa Toscane chérie. Le Sénat gère et entretient ce parc de 23 hectares, un des poumons verts de la capitale. Cette halte reposante et esthétique permet de se ressourcer pour repartir dans le flot ininterrompu des véhicules motorisés qui restent encore bien présents malgré la présence des vélos encore bien minoritaires. J'ai croisé beaucoup plus de scooters que de bicyclettes... La marche dans Paris demeure la meilleure façon de découvrir, de redécouvrir le cœur de Paris avec ses ponts, la Seine, ses monuments, ses institutions. Malgré l'ambiance bizarre qui règne dans les rues avec le port du masque, une euphorie intime se lovait dans mon esprit baignant dans un air culturel permanent !