vendredi 20 janvier 2012

"Persécution"

Voilà un très bon roman, écrit par l'écrivain italien Alessandro Piperno aux Editions Liana Levi. Le personnage central s'appelle Leo Pontecorvo, brillant professeur de médecine. Il a vraiment tout réussi dans sa vie : son mariage, ses deux fils, sa vie professionnelle, son confort de vie, ses relations sociales. Un homme parfait, intégré, intègre, et séduisant. Or, dans cette vie lisse, huilée, un incident se produit au sein de la famille. Au cours de vacances dans une station de ski, son fils de douze ans invite sa petite copine. Leo Pontecorvo se laisse charmer par cette petite Lolita qui joue un jeu un peu "pervers" avec le père de son copain. Elle dépose dans un meuble de sa chambre une première lettre de remerciements pour sa gentillesse. L'engrenage se met en place dans cette relation fantasmée par la petite Camilla. Elle continue ce manège épistolaire pour le séduire. Et Léo Pontecorvo tombe dans ce piège en lui donnant une réponse banale mais imprudente pour qu'elle cesse ce jeu d'adulte. La descente aux enfers démarre pour Léo quand la justice le convoque pour harcèlement sexuel et tentative de viol. Le roman bascule sur le thème de la "persécution" justifiant ainsi le titre. Il se coupe des siens, car sa famille et ses amis l'abandonnent. Il a honte des soupçons sur lui et il perd toute sa capacité de faire face à l'injustice. La chute sociale, la perte de sa dignité en prison et sa lâcheté finissent par en faire une victime pitoyable quand il se réfugie dans le sous-sol de sa maison. Le narrateur nous raconte avec une précision chirurgicale l'effondrement de sa personnalité. Cette chute relatée avec un talent littéraire digne de Marcel Proust se lit avec admiration pour ce portrait d'homme qui gâche sa vie par lâcheté et par paresse. Au lieu de se battre et de prouver son innocence, il lâche tout et se replie sur lui-même jusqu'à l'issue fatale. L'histoire se passe en 1986 et décrypte aussi la mentalité d'une classe sociale de la haute bourgoisie romaine. Ce roman avait été remarqué à la rentrée et avait obtenu le prix du meilleur livre étranger. C'est vrai que les anti-héros n'attirent pas la sympathie du lecteur(trice) mais cette histoire nous fait penser à une malheureuse affaire d'un homme politique français qui allait atteindre des sommets et qui a vu s'effondrer sa vie publique et sociale... Comme un personnage de roman d'aujourd'hui... La littérature se nourrit de la vie comme la vie se nourrit de la littérature...