jeudi 11 avril 2019

Escapade en Toscane, 4

Pour vraiment connaître les trésors de Florence, il faut séjourner au minimum quinze jours pour tout voir et s'installer au cœur de la cité. Il est aussi très important de se nourrir de lectures diverses pour exploiter les musées, les palais, les églises, les couvents, les rues et les places, les parcs et les jardins. Cette cité ne se livre pas facilement dans sa beauté intrinsèque. Autant Venise m'a séduite et fascinée  dès le premier regard, autant Florence ne possède pas cette magie. Peut-être que la présence en masse des touristes de tous les coins du monde m'étouffe et diminue l'attrait de la ville. J'ai traversé le Ponte Vecchio surpeuplé : aucune émotion esthétique… J'ai vu le pont de loin, même impression… Je fuis ces espaces saturés de commerces. J'ai aperçu une affiche sur une exposition dans le Palais Strozzi qui évoquait l'œuvre de Verrocchio (1435-1488). Ce peintre, sculpteur et orfèvre de la Renaissance reçut des commandes de Laurent de Médicis et son atelier était le plus important de Florence. Il a formé Le Pérugin et surtout Leonard de Vinci. Cette exposition montrait des chefs d'œuvre de son art remarquable. Ensuite, j'ai visité l'église Santa Maria Novella à la fin de la journée quand la ville respire un peu mieux avec le départ des cars de touristes. La façade gothico-Renaissance attire l'œil et dès que l'on pénètre à l'intérieur, un crucifix, peint par Giotto nous accueille. Et l'on admire les fresques de Masaccio, Lippi et Ghirlandaio. Dans le cloître magnifique, la Chapelle des Espagnols offre un panorama d'une Bible illustrée. La deuxième journée passée à Florence a commencé par le Palais incontournable des Medicis Riccardi, construit par Cosme l'ancien avec sa remarquable Chapelle des Mages, peinte par Gozzoli. Tout près de ce Palazzo, se trouve l'église San Lorenzo, une des plus belles de la ville et dans cet espace magique, j'ai vu une exposition sur les livres de la Bibliothèque Laurentienne, bâtie au XVe siècle. Michel Ange en dessina les plans et on peut la visiter sans problèmes car ce lieu pourtant exceptionnel à mes yeux n'intéresse pas grand monde… La bibliothèque renferme de nombreux trésors : une Bible du VIe, des manuscrits de Tacite, Virgile, Dante et Pétrarque. Pour une bibliothécaire comme moi (même à la retraite), mon cœur palpite de joie dès que je contemple avec respect ces lieux du savoir et du silence intérieur.  Les enluminures me plongent dans une rêverie où j'imagine ces moines copistes penchés éternellement sur leur pupitre en exécutant ces lettres si élégantes pour entamer les chapitres des manuscrits.  Quel moment rare et précieux comme les livres...