lundi 12 mars 2018

Pause promenade au lac

Une fois par semaine, je me retrouve devant le lac du Bourget, mon lieu préféré de balade... La semaine dernière, j'ai affronté un froid polaire pour vérifier sur place le paysage des Mottets pris par les glaces. Ce spectacle hivernal me réjouit toujours : ce n'est pas la peine de partir en Islande car j'ai ma glaciation à domicile. Le silence régnait sur le site et je me suis retrouvée pratiquement seule à arpenter la plage des Dames et celle des Mottets au bout du lac. Un étendard de glace était figé entre deux tiges métalliques et les piquets en bois, délimitant les roselières, portaient des couronnes de glace. Je ne me lasse jamais de cette petite promenade modeste, aux yeux des vrais randonneurs, escaladeurs émérites des montagnes savoyardes. Je préfère la douceur des espaces plats ou peu pentus pour l'harmonie de mes pas et pour l'apaisement de la marche. Mon corps apprécie cette lenteur voulue car j'ai passé l'âge des records d'endurance. Le lac en hiver me convient à merveille. J'aime l'air frais et vivifiant et j'apprécie la faible fréquentation des promeneurs (ou piqueniqueurs) qui le préférent en été dans un brouhaha permanent. Ces moments rares de promenade solitaire ressemblent à des rendez-vous amicaux avec une nature discrète, secrète, mélancolique. Cet après-midi, la glace avait disparu et un air de printemps circulait entre les roseaux. Mais, le ciel se chargeait de nuages au fil des minutes avec des éclaircies fugaces. La surface du lac se couvrait d'une palette de couleurs d'un vert printanier. Les roseaux sous le soleil se balançaient et formaient un champ de blé d'un jaune incandescent. Je retrouve souvent "mon aigrette" blanche, cachée dans un étang. J'ai questionné deux photographes amateurs qui passent leur journée à épier des oiseaux rares. Aujourd'hui, une sarcelle d'hiver se débattait dans l'espace dédié aux cistudes (tortues) car le grillage l'empêchait de s'envoler. Un grèbe castagneux s'amusait à plonger sans cesse pour gober des petits poissons. Je complète ainsi ma toute petite culture ornithologique grâce à la gentillesse de ces retraités passionnés de nature... Je n'oublie pas aussi mes rencontres avec une bande de cygnes qui se suivaient à la queue leu-leu, les mouettes rieuses, les poules d'eau toutes noires et les canards omniprésents. Toute une faune sauvage et libre dans un espace protégé. Ma promenade s'est terminée sous une petite pluie et la Dent du Chat disparaissait sous la brume, un panorama sublime à dix minutes de chez moi...