mardi 7 juillet 2015

"Histoire de ma vie"

J'avais découvert Aharon Appelfeld avec son roman, "Et la fureur ne s’est pas encore tue"  et j'ai tout de suite ressenti le sentiment d'avoir découvert un écrivain essentiel. Toute son œuvre est éditée chez L'Olivier qui offre aux lecteurs, depuis de nombreuses années, une production marquante dans le panorama éditorial français. J'ai choisi à la médiathèque de Chambéry son autobiographie majeure, 'Histoire d'une vie". Il me semble opportun pour comprendre un nouvel écrivain, de démarrer par un témoignage sur sa vie. Le lecteur(trice) a besoin de clefs pour entrer dans la maison des mots d''Aharon Appelfeld. Il est né en 1932 dans un village appelé Czernowitz en Bucovine (Roumanie). Il dresse le portrait de ses parents, des Juifs assimilés, de ses grands-parents, d'origine paysanne. Les souvenirs de son enfance illuminent les premières pages avant de sombrer dans le chaos de la fuite, une fuite salutaire face à la barbarie nazie. Son père veut sauver sa famille dès 1938 en s'installant en Amérique mais ses tentatives échouent. Aharon Appelfeld écrit à ce moment-là : "Bien des phrases incompréhensibles bruissaient dans la maison. Nous vivions dans une brûlante énigme." Sa famille est donc obligée de vivre dans le ghetto où leur existence devient vite cauchemardesque. Puis, le jeune garçon s'enfuit dans les bois et perd la trace des ses parents. Il se réfugie en Israël où il construit son identité d'écrivain. La problématique linguistique entre le yiddish et l'hébreu peut sembler un peu absconse pour des lecteurs non avertis mais ces passages sont très intéressants pour comprendre l'œuvre de cet écrivain.  Pour conclure, il faut écouter ce message : « Plus de cinquante ans ont passé depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le cœur a beaucoup oublié, principalement des lieux, des dates, des noms de gens, et pourtant je ressens ces jours-là dans tout mon corps. Chaque fois qu'il pleut, qu'il fait froid ou que souffle un vent violent, je suis de nouveau dans le ghetto, dans le camp, ou dans les forêts qui m'ont abrité longtemps. La mémoire, s'avère-t-il, a des racines profondément ancrées dans le corps. Il suffit parfois de l'odeur de la paille pourrie ou du cri d'un oiseau pour me transporter loin et à l'intérieur. » Dans un article sur Wikipédia, j'apprends que les écrivains préférés d' Aharon Appelfeld se nomment Tchekhov, Kafka et Proust... Des influences que l'on devine en lisant "Histoire de ma vie"...