vendredi 9 octobre 2020

Escapade à Paris, 5

 Le jeudi, le Musée Marmottan-Monet m'attendait pour une exposition reprogrammée à la rentrée, "Cézanne et les maîtres. Rêve d'Italie". Le peintre n'a jamais voyagé en Italie et pourtant, il connaît son art grâce au Louvre et aux livres. Le but de cette mise en scène est de mettre en parallèle un tableau d'un maître italien (dont Tintoret, Bassano) et une œuvre de Cézanne. On retrouve la célèbre Montagne Sainte-Victoire, Pastorale et des natures mortes diverses. D'autres artistes italiens tels que Boccioni, Carra, Morandi, complètent l'exposition pour montrer l'influence de Cézanne sur les jeunes générations d'artistes italiens qui ont abandonné les sujets religieux et mythologiques au profit des paysages, des natures mortes, des personnages profanes. J'ai remarqué une magnifique et saisissante "Vanité" de Cézanne que je ne connaissais pas. Après Cézanne, j'ai repris mon parcours artistique avec William Turner au Musée Jacquemart-André. Ce beau et charmant musée présente le peintre anglais du 26 mai au 11 janvier 2021. J'ai tout de suite constaté beaucoup plus de visiteurs attirés par la réputation bien établie de son génie coloriste avec l'exploitation des effets de lumière et de transparence. Les toiles sur Venise ont bien capté mon attention mais ses aquarelles m'ont semblé un peu fades. Je préfère de loin les tableaux peints à l'huile. En fait, le musée expose une soixantaine d'aquarelles et une dizaine de tableaux. Cet hôtel particulier du XIXe transformé en musée au début du XXe possède une belle collection de peintures italiennes : Carpaccio, Bellini, Mantegna, Uccelo et même un Botticelli. J'avais vu en novembre dernier la collection Alana dont je garde un merveilleux souvenir. J'ai ensuite passé mon après-midi dans un lieu magnifique : le Musée Rodin. Le ciel gris s'est mis au bleu dès que je suis arrivée dans la rue de Varenne. J'aurais pu croiser le Premier Ministre qui habite juste à côté... Les principales sculptures monumentales se situent dans le parc d'une superficie de 3 hectares. J'étais encore seule dans cet espace pour déambuler afin d'admirer le "Penseur", "Les Bourgeois de Calais", "La Porte de l'Enfer"... A l'intérieur du musée, on suit la créativité de Rodin sur le plan chronologique : ses années de formation, sa vie en Belgique, les plâtres de ses commandes et au premier étage, la collection de peintures et des œuvres antiques, des sculptures de Camille Claudel et les siennes. Le sculpteur avait loué cet hôtel particulier et occupait quatre pièces du rez-de-chaussée. Ce lieu possède une âme, l'âme de Rodin, certainement... J'ai terminé ma journée avec un concert de musique au Théâtre des Champs-Elysées pour écouter Philippe Jaroussky, Emoke Barath, Lucile Richardot et Emiliano Gonzalez Toro. Ils interprétaient des extraits d'opéra de Vivaldi. Un moment magique, un moment de rêve avec la musique enchantée du "Rouquin de Venise". Nous étions un bon millier de spectateurs séparés par des fauteuils vides. Le chef d'orchestre, Julien Chauvin, et sa formation, le Concert de la Loge, nous a remercié d'être tout simplement là pour soutenir la musique classique et l'art lyrique... J'avais l'impression de revenir à la vie d'avant la crise quand on pouvait assister à des concerts sans masque. Le porter pendant deux heures n'était pas un pensum : je me croyais à Venise avec Vivaldi !