mardi 28 juin 2016

"Le plus et le moins"

Erri De Luca, napolitain de naissance, nous offre souvent des romans subtils, profonds d'une écriture simple et imagée. Dès que j'ai ouvert la première page, je me sentais en "terrain connu" car je retrouvais avec plaisir cet homme qui partage sans fioritures les souvenirs émouvants de son enfance, de sa famille et de sa vie d'adulte. Comme j'ai découvert sa région récemment, je goûtais sa prose comme je dévorais les babas au rhum de Naples... Les trente sept textes autobiographiques de ce recueil deviennent des repères qui éclairent ses romans précédents : sa passion pour la montagne, son besoin de fraternité et des luttes sociales, la lecture de la Bible, les souvenirs familiaux, la présence de la mer à Ischia, la pêche, la nature. Il chuchote à l'oreille de ses lecteurs(trices) des confidences en toute amitié et dans une confiance bienveillante.  Il évoque souvent à fleur de peau son amour de l'écriture et des livres en utilisant des formules puissantes comme celle-ci :  "J'avais appris avec certitude, ce jour-là, que l'écriture était un champ ouvert, une issue. Elle pouvait me faire courir là où il n'y avait pas un mètre pour les pieds, elle me propulsait au large, alors que j'étais aplati sur une feuille. C'est ainsi que je me suis mis à écrire, à partir de ce jour-là, pour forcer les verrouillages qui m'entouraient. Ils cédaient, me laissaient aller tant que durait l'écriture."  Au fil des récits, sa passion de l'écriture et de la lecture me ravit et conforte cette obsession que je partage avec lui. Pour tous ceux qui aiment l'Italie et sa littérature, Erri De Luca nous charme littéralement. Il n'oublie pas son héritage maternel en lui rendant un bel hommage en l'imaginant "relisant les grands romans de Proust, Dostoïevski, Tolstoï, le jour et même la nuit quand le sommeil cessait." Un recueil indispensable pour les amoureux d'Erri De Luca.