mercredi 21 octobre 2015

Escapade à Bilbao, 2

Biarritz n'est qu'à 150 kilomètres de Bilbao et j'avais envie de passer une journée dans cette ville basque, côté espagnol. Le GPS m'a dirigée directement vers le musée Guggenheim, cette masse "titanesque" (les parois extérieures sont recouvertes d'écailles en titane...), un OVNI à l'allure de station spatiale. J'ai revu l'Araignée de Louise Bourgeois, monstre féminin, figée sur la berge du fleuve, à l'extérieur du bâtiment. Le chien assis et monumental, "Puppy", composé de millions de fleurs, supportait des échafaudages où les jardiniers arrosaient et soignaient ce jardin suspendu à la forme canine de Jeff Koons. En semaine, la fréquentation était raisonnable et j'ai arpenté pour la troisième fois les salles d'art contemporain. Un grand artiste, Jean-Michel Basquiat, d'origine haïtienne et portoricaine, fait l'objet d'une grande exposition et j'ai profité de cette manifestation pour découvrir surtout les œuvres de ce jeune homme au destin tragique, mort à 28 ans d'une overdose. Ces toiles nous montrent l'engagement radical du premier peintre noir de l'histoire de l'art moderne. A travers son art "graffitis" de la rue new-yorkaise et en utilisant des supports ordinaires (planches en bois, toiles grossières), il  dénonce le racisme, la société de consommation, la violence urbaine, la discrimination, la difficulté de vivre. J'ai surtout remarqué l'utilisation des lettres, des mots dans ses tableaux, en particulier, le verbe "lire", inscrit plusieurs fois comme un programme salutaire. Quand je suis ressortie, une animatrice m'a proposé de dessiner pour marquer la visite et moi qui ne dessine jamais, j'ai joué le jeu en exécutant des gribouillis enfantins qui m'ont rajeunie...  Après le "Guggenheim", j'ai découvert le Musée des Beaux-Arts, méconnu du public qui ne voit que l'autre, l'immense nef argenté. Ce musée plus traditionnel possède des collections très intéressantes. J'ai vu Cranach (Lucrèce), Zurbaran, Le Greco, Murillo, Sorolla, des peintres basques réputés et surtout, une très belle collection d'art moderne dont un Picasso, Braque, Juan Gris. Bacon, etc. Mais j'ai connu une belle émotion devant un tableau de Vieira da Silva, nommé les "Miroirs", que je n'avais jamais vu. J'ai retrouvé la magie des couleurs bleu, gris, blanc dans un labyrinthe de lignes horizontales et verticales symbolisant les miroirs et au fond de la toile, un rectangle blanc que j'ai interprété comme une issue "lumineuse"... La peinture lyrico-abstraite permet le rêve, l'idée et le projet. Je suis repartie en emportant avec moi, (dans mon esprit !), cette toile de ma peintre préférée depuis de nombreuses années. Bilbao est vraiment une ville d'art, mais, aussi une ville laborieuse, rieuse, dynamique et ouverte sur le monde... Et basque en plus, une très grande qualité à mes yeux !