jeudi 10 novembre 2016

Prix littéraires 2016

La saison des prix littéraires s'est terminée cette semaine. J'ai retenu pour ma part le Goncourt pour la jeune franco-marocaine, Leïla Slimani, journaliste-écrivain, pour son deuxième roman, "Chanson douce", édité chez Gallimard. Son premier titre, "Dans le jardin de l'ogre", avait été remarqué par la critique littéraire. Le sujet très dur de ce roman, une nounou meurtrière, pourrait rebuter un grand nombre de lecteurs mais, il se lit comme un thriller intense en dévoilant une certaine lutte de classes basée sur l'humiliation. Le prix Médicis a été attribué à Yvan Jablonka pour "Laëtitia ou la fin des hommes", édité au Seuil. Tiré d'un fait divers tragique, l'auteur relate la mort atroce de cette jeune adolescente massacrée par un marginal. La violence des hommes est au cœur du récit et l'auteur, sociologue de profession, mélange les frontières de la fiction et de la non fiction.  Dans un article du journal Le Monde, au titre explicite, "Les prix littéraires donnent voix aux sans-voix", les journalistes évoquent le coup de fouet (400 000 exemplaires pour le Goncourt) donné par les prix aux librairies et aux éditeurs. Ils remarquent le peu d'impact des prix sur la littérature contemporaine d'avant-garde à l'exception de quelques écrivains comme Pascal Quignard en 2004. Philippe Claudel, membre de l'Académie Goncourt, interrogé par le Monde, a déclaré : "La littérature n'est pas toujours là pour nous consoler, appliquer un baume ou nous faire voir le monde à travers une vitre opaque. Pour moi, la littérature est un art du dévoilement, y compris le plus amer et le plus difficile". La littérature se mêle du réel le plus cruel et un critique relève que le sujet l'emporte sur le style, une des grandes tendances du moment. Yvan Jablonka rejoint avec cette étude sur Laëtitia, les écrivains, imprégnés de sociologie comme Annie Ernaux et Pierre Michon. J'ajouterai le prix Renaudot pour Yasmina Reza avec "Babylone". J'ai regretté l'absence de Jean-Paul Dubois, Laurent Mauvignier, Luc Lang, Catherine Cusset. J'ai donc un an devant moi pour découvrir ces titres primés en attendant la nouvelle marée annuelle de la rentrée prochaine... Et surtout, de nombreux très bons romans attendent leurs lecteurs en toute discrétion, sans couronne de fleurs et sans réception mondaine...