lundi 10 février 2014

"Cinq méditations sur la mort, autrement dit sur la vie"

La notice biographique de François Cheng sur le site Internet de l'Académie française m'a permis de brosser le portrait de ce grand écrivain français d'origine chinoise. Ses  "Cinq méditations sur la mort" parus en 2013, suivent les "Cinq méditations sur la beauté".  Il est né en 1929, en Chine, issu d’une famille d'universitaires. Il rentre en France en 1948 et se consacre à l'étude de la langue et de la littérature françaises. Après une période difficile, il obtient, en 1960, un emploi stable au Centre de linguistique chinoise. Il traduit les grands poètes français en chinois et rédige sa thèse de doctorat. En 1969, il est professeur à Paris VII.  Naturalisé français en 1971, il poursuit sa carrière d'enseignant à l'Institut national des langues et civilisations orientales, ce qui ne l'empêche de composer des traductions du chinois en français et du français en chinois. Il se passionne pour l'art chinois, la calligraphie, la poésie, la littérature romanesque. Il obtient le prix André Malraux pour Shitao, la saveur du monde, le prix Roger Caillois pour ses essais et son recueil de poèmes Double chant et le prix Femina pour son roman Le Dit de Tianyi. Il a été élu à l'Académie française en 2002. Ces cinq méditations se lisent avec facilité car François Cheng veut rendre accessible sa philosophie, une philosophie teintée d'humanisme, de taoïsme et de christianisme. Son esprit de synthèse apporte une vision originale sur la pensée de la mort dans toute vie humaine. Il écrit ainsi : "Au cours de la vie, chacun de nous a été confronté de près ou de loin à la mort d'êtres chers ou à celle d'inconnus, et sur un autre plan, nous sommes "morts" plusieurs fois nous-mêmes. (...) C'est notre conscience de la mort qui nous fait voir la vie comme un bien absolu, et l'avènement de la vie comme une aventure unique." Son ouvrage est parsemé de phrases percutantes, lumineuses, rassurantes, compatissantes et composées sans le poids quelquefois étouffant de la pensée religieuse. Il cite aussi Rilke, Camus, Hugo, etc. Je terminerai l'éloge de ce livre en notant ce poème de François Cheng qui traduit le sens de ses méditations :
"Ne laisse en ce lieu, passant
Ni les trésors  de ton corps
Ni les dons de ton esprit
Mais quelques traces de pas

Afin qu'un jour le grand vent
A ton rythme s'initie
A ton silence, à ton cri,
Et fixe enfin ton chemin."