mercredi 12 septembre 2012

"L'appel des 451"

Dans le journal "Le Monde", daté du jeudi 6 septembre, j'ai lu avec beaucoup d'attention un article intitulé : "Le livre face au piège de la marchandisation" écrit par Giorgio Agamben, philosophe, Michel Butel, écrivain et Maurice Nadeau, éditeur. Les trois compères, amoureux du livre, dénoncent la main mise technocratique de cet outil en papier qui a fait ses preuves depuis des centaines d'années. Ils déplorent l'esprit du temps : sacrifier l'intelligence au nom de la rentabilité gestionnaire, mettre en danger les lieux du livre, librairies et bibliothèques, mépris de la culture... Tous à nos écrans pour lire, étudier, s'informer, jouer, s'étourdir... Les professionnels du secteur sont dans la précarité des contrats à durée déterminée et sont bousculés et remplacés par les machines. Le livre doit rester cet "objet social, politique et poétique". Je comprends ce message d'autant plus que je ne cesse de vitupérer contre le "tout informatique" depuis quelques années. J'ai moi-même quitté mon travail de bibliothécaire avec soulagement car tout devenait "dématérialisé" dans nos pratiques, les relations humaines comprises entre collègues. Je me souviens d'avoir entendu la phrase : "Envoie un mél pour m'expliquer ton problème"... La documentation numérique passionne les nouveaux professionnels désincarnés des bibliothèques : ce sont eux-mêmes des "fantômes pixelisés" que l'on ne voit jamais en contact avec le public en chair et en os ! Je rejoins donc ce collectif "les 451.noblogs.org" et me reconnaîs dans cette démarche salutaire et courageuse, évidemment une démarche vaine et ridicule à la Don Quichotte. Mais cela procure un appel d'air qui débouchera peut-être sur une protection humainement attendrissante de cet objet, le livre, irremplaçable pour tous les militants de la lecture et de l'écriture.