mardi 5 février 2013

"La Déesse des petites victoires"

Ce roman de Yannick Grannec fait partie de la catégorie "Premiers romans" et pour un premier essai dans la littérature, je pense que cette écrivaine (Yannick, prénom ambigu), a beaucoup, beaucoup de talent et de "culot"... Vous vous rendez compte : elle nous parle de... mathématiques ! Il fallait oser aborder, dans le filon romanesque, un sujet aussi aride, aussi austère que les maths ! Elle a réussi son pari en nous offrant une "saga" couvrant le XXème siècle en exploitant la vie de Kurt Gödel, un savant quelque peu perturbé par son propre génie. Anna Roth est une jeune documentaliste qui travaille à l'Université de Princeton en 1980. Son directeur lui confie une mission délicate : essayer de convaincre la veuve de Kurt Gödel de léguer les archives de son mari à l'Université. Notre documentaliste un peu déprimée par une vie amoureuse proche du néant, rencontre Adèle, la femme du  mathématicien. Adèle va raconter son histoire avec Kurt, leur rencontre à Vienne dans les années 30. Elle est danseuse de cabaret et lui, un étudiant sérieux et très ennuyeux. La famille de Kurt désapprouve leur liaison insolite. Mais, ils s'aiment malgré leurs différences. Ils seront obligés de fuir le nazisme et vivront aux Etats-Unis. Le lecteur(trice) assiste alors à des joutes sur les mathématiques que l'on est libre aussi de lire ou de ne pas lire sans que le fil du roman ne se perde. Ce premier roman possède des qualités rares pour cette catégorie : un style alerte, une histoire originale, un sujet intrépide, de l'humour, et surtout deux femmes complices dont l'une, la doyenne, raconte une vie de sacrifice pour un homme génial mais insupportable... Les archives seront-elles sauvées par Anna ? Si vous lisez ce très bon premier roman, vous le saurez...