lundi 11 janvier 2021

"Les Fantômes du vieux pays"

 Nathan Hill, écrivain américain, né en 1975, a écrit un premier roman, "Les Fantômes du vieux pays" en 2017, publié chez Gallimard dans la collection "Du Monde entier". Ces 670 pages marqueront la littérature américaine du XXIe siècle. Dès que je l'ai ouvert, je ne l'ai plus lâché. Le personnage central se nomme Samuel Anderson, jeune écrivain et professeur d'anglais à l'Université de Chicago. Il passe à côté d'un fait divers : le gouverneur Packer, candidat à la présidentielle, a été agressé en public. Son assaillante, Faye Andresen-Anderson, est surnommée par les médias la Calamaty Packer. En fait, ce professeur était trop occupé à jouer en ligne dans le "Monde d'Elfscape". L'emprise des jeux vidéo est vraiment un des meilleurs thèmes du livre tellement cette vie virtuelle envahit l'imaginaire du personnage central. La vie virtuelle semble prendre le dessus. Faye n'est autre que sa mère qui a abandonné Samuel à l'âge de onze ans. L'éditeur de Samuel le menace de le poursuivre en justice s'il ne termine pas le roman qu'il a promis. En désespoir de cause, Samuel saisit l'incident de sa mère qu'il a enfin reconnue pour raconter la vie mystérieuse de cette femme rebelle. Nathan Hill s'empare ainsi d'un personnage féminin qui traverse l'Histoire américaine de 1968 à 2004. Faye a rencontré le père de Samuel quand elle était très jeune. Elle a connu la période hippie, les mouvements radicaux de l'époque quand elle suivait ses études à Chicago. L'écrivain impose un rythme de lecture haletant entre ces années 60 et les années 2000 avec une temporalité très dynamique. Ainsi, Samuel se retrouve accusé de harcèlement par une étudiante à qui il reprochait un plagiat dans un devoir. Il accepte aussi de rencontrer un joueur pour évoquer ses mésaventures familiales et professionnelles qui va l'aider à comprendre les origines du chaos familial. Il se souvient encore de la phrase que sa mère lui a susurrée en le quittant, vingt cinq ans avant : "Les choses que tu aimes le plus sont celles qui un jour te feront le plus de mal". Le jeune homme va finir par retrouver cette mère fugueuse et après toutes ces années perdues, comment vont-ils renouer un dialogue ? Ce roman magnifique brosse un portrait de l'Amérique d'aujourd'hui tout en puisant l'inspiration dans un passé turbulent et fondateur de la modernité. Samuel mène son enquête sur les raisons de son abandon, sur un grand-père mutique d'origine norvégienne, privé de sa mémoire. Qui était sa mère ? Que cache-t-elle comme secrets ? Va-t-elle lui dire la vérité ? Je ne donnerai aucune autre indication car  cette fresque américaine constitue de belles heures de lecture pour découvrir la complexité de ce pays, des personnages, de l'histoire sociale. Et en prime, un humour féroce, une lucidité revigorante, une puissance imaginative formidable. Un premier roman remarquable,... J'attends son second avec beaucoup de curiosité